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Lionel Duroy, Eugenia, Julliard
A la fin des années 1930 Eugenia Rădulescu, la narratrice, est une jeune étudiante roumaine de Jassy (Iaşy). Ses parents sont commerçants et la famille ressasse sans les questionner les thèmes antisémites de l'époque. Au moment où son frère Stefan se radicalise en adhérant à la Garde de fer -légion fasciste roumaine- Eugenia prend conscience, grâce à sa professeure de littérature, que les Juifs sont des êtres humains comme les autres. Elle prend alors ses distances avec sa famille et monte à Bucarest où elle devient journaliste pour une agence de presse. Elle fait la connaissance de l'écrivain juif Mihail Sebastian (1907-1945) dont elle tombe amoureuse.
Le roman présente à la fois l'histoire de la Roumanie avant et pendant la Seconde Guerre Mondiale et la façon dont Mihail Sebastian a vécu l'antisémitisme forcené qui gangrenait son pays à cette époque. Officiellement neutre, la Roumanie était en fait alliée avec l'Allemagne nazie. La Garde de fer et une partie de la population civile se sont livrées sur les Juifs à des violences inouïes. Une place importante est accordée au pogrome de Jassy que j'avais découvert en lisant Les Oxenberg et les Bernstein. J'ai été particulièrement intéressée par tous les aspects historiques. La Garde de fer est un coup au pouvoir, un coup pourchassée mais ses idées nauséabondes sont toujours populaires. Des intellectuels qui se prétendent les amis de Mihail Sebastian n'hésitent pas à tenir devant lui des propos antisémites délirants. Mircea Eliade et Emil Cioran en prennent pour leur grade. Il me semble que Lionel Duroy s'est bien documenté. A propos du pogrome de Jassy il écrit cependant que Ion Antonescu a laissé faire tandis que Cátálin Mihuleac dit qu'il en a donné l'ordre (Wikipédia aussi).
Comment réagir face au crime de génocide qui se déroule sous vos yeux ? Cette question agite Eugenia après sa rencontre avec l'écrivain italien Curzio Malaparte. Celui-ci pense qu'il faut donner la parole aux bourreaux pour comprendre ce qui les motive, les écouter et au besoin aller dans leur sens pour obtenir qu'ils se confient. Cette position me met d'abord mal à l'aise car il me semble qu'elle fait de l'auditeur un complice. Dans le Corriere della Serra Malaparte rapporte même les mensonges antisémites utilisés alors pour justifier les massacres de Jassy. Dès 1944 cependant il publie Kaputt dans lequel il rapporte ses rencontres avec quelques uns des grands criminels de l'époque et rétablit la vérité sur le pogrome de Jassy qu'il est un des premiers à faire connaître au monde. Disons qu'ici la fin a justifié les moyens.
Ce qui m'a le plus intéressée dans cette lecture ce sont donc les apports historiques. Mis à part le pogrome de Jassy je ne connaissais rien de l'histoire de la Roumanie pendant la Seconde Guerre Mondiale. J'ai trouvé cependant que le début du roman était un peu poussif. Il m'a fallu attendre la moitié de l'histoire pour être prise. La fin, de nouveau, se traine.
L'avis de Nicole.
Tags : Roman, Histoire, Femmes, Shoah
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Commentaires
2keishaMardi 16 Mars 2021 à 08:16Aie si ça traine. J'avais beaucoup aimé l'autre livre, roumain;
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Mardi 16 Mars 2021 à 08:49
Oui, moi aussi. Je l'ai préféré.
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Je suis toujours ravie de découvrir une nouvelle lectrice de ce roman que j'aime particulièrement.
Je découvre Lionel Duroy avec Eugénia.