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Ludmila Oulitskaïa, Ce n'était que la peste, Folio
Rudolf Ivanovitch Mayer, chercheur en biologie, s'est accidentellement inoculé la peste dans le cadre de son travail. Quand les autorités soviétiques le découvrent, le NKVD -la police politique- est chargé d'identifier et d'isoler les cas contact pour empêcher la contagion. Les personnes qui ont côtoyé Mayer sont emmenées et mises en quarantaine sans qu'on leur explique ce qui se passe. Nous sommes en 1939 et les arrestations arbitraires de la Grande Terreur (1936-1938) sont dans toutes les têtes. Finalement, quel soulagement de découvrir que Ce n'était que la peste.
L'idée de départ -la peste préférable au totalitarisme- m'avait amusée et, en effet, Ludmila Oulitskaïa traite la question avec une ironie plaisante. Les attaques contre la terreur stalinienne sont caustiques. Ce qui est moins réussi c'est la forme. Le texte est en fait un scénario écrit en 1988 et ressorti d'un tiroir et publié en 2020 à la faveur de l'épidémie de covid. Le récit se présente sous la forme de courtes scènes qui débutent pas une description du cadre suivie de dialogues. Cela fait peu achevé. Si j'ajoute que les personnages sont nombreux et que l'on saute d'une scène à l'autre sans liaison, je m'y perds parfois un peu.
"- Vous êtes capable de comprendre une idée biologique. Sur la transmission héréditaire des qualités sous l'influence de l'éducation... je veux dire d'une éducation appropriée.
- Aaah..., répond Rudolf d'une voix traînante. Vous savez, je suis microbiologiste, j'ai bien peur que l'objet de mes études ne soit soumis à d'autres lois.
- Comment ça, d'autres lois ? Comment ça, d'autres lois ? dit le jeune homme en s'échauffant. Nous sommes tous soumis à la même loi, la loi marxiste-léniniste ! (...)
- Ca, c'est incontestable, cela ne fait pas le moindre doute ! acquiesce Rudolf avec sérieux. Seulement mes microbes, eux, ne sont pas au courant."
Tags : Roman, Communisme
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Commentaires
j'ai trop de sollicitations de livres avec des billets enthousiastes pour retenir ceux pour lesquels je sens des réticences.
Oui, en effet, on peut s'en dispenser.