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Pablo Servigne et Raphaël Stevens, Comment tout peut s'effondrer, Seuil
Petit manuel de collapsologie à l'usage des générations présentes.
Selon Yves Cochet, un effondrement est "le processus à l'issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, habillement, énergie, etc.) ne sont plus fournis [à un coût raisonnable] à une majorité de la population par des services encadrés par la loi."
Dans cet essai, hélas très convaincant, Pablo Servigne et Raphaël Stevens montrent que la possibilité que notre civilisation industrielle basée sur les énergies fossiles s'effondre prochainement est importante. Ils pensent que cela peut arriver de notre vivant. En tout cas avant la fin du 21° siècle.
Changement climatique, fonte des glaciers et hausse du niveau des mers, acidification des océans, pénuries d'eau, expansion de ravageurs et de nuisibles et disparition d'espèces vivantes, propagation de maladies contagieuses... les signes ne manquent pas que la situation est inquiétante tandis que, depuis les années 1980, les inégalités sociales s'accroissent. La force des auteurs c'est de relier tout ça et de faire une étude systémique. Pour se maintenir notre civilisation a besoin de la croissance et cette croissance a épuisé les ressources de la planète. La fin de la croissance entraîne chômage, troubles sociaux et politiques. L'interconnection et la mondialisation des économies rendent le risque encore plus important. Je dois dire que cet aspect des choses est très inquiétant et même plus, angoissant. La thèse s'appuie sur de nombreuses sources. Il est question d'effondrement des banques, de ruine des entreprises. Dans ce contexte, qui serait encore en mesure d'entretenir le parc nucléaire français ?
Il est trop tard pour empêcher l'effondrement. C'est dans les années 1970 qu'il fallait agir pour freiner la machine mais le choix a été fait de continuer d'aller de l'avant et de plus en plus vite. En fait l'effondrement a peut-être déjà commencé sans que nous en rendions compte car, comme la grenouille plongée dans une casserole d'eau qui chauffe, l'être humain s'habitue à une dégradation progressive de ses conditions de vie. L'histoire montre que le processus d'effondrement peut être lent et qu'alors ce n'est qu'à postériori qu'on peut lui fixer une date de départ.
"Il est trop tard pour le développement durable, il faut se préparer aux chocs et construire dans l'urgence des petits systèmes résilients". Dennis Meadows.
La bonne nouvelle du livre c'est que la suite ne sera pas forcément le chacun pour soi sanglant qu'imaginent les survivalistes ou que nous montrent les films post-apocalyptiques. Les études et les faits montrent que les situations de catastrophes déclenchent souvent des réactions de solidarité entre personnes. Les auteurs préconisent de construire et d'entretenir des réseau de solidarité, de s'investir dans des initiatives alternatives, de s'habituer à la sobriété.
La rédaction claire et imagée, les nombreux exemples concrets, font de Comment tout peut s'effondrer une lecture facile. Ce n'est pas le cas du contenu. Cet ouvrage m'a profondément remuée. Certains passages ont généré des pointes de stress qui m'ont obligée à interrompre ma lecture un moment. A la rédaction de mon compte-rendu, je retrouve ce sentiment désagréable. C'est une lecture très déstabilisante qui force à regarder la réalité en face et à s'interroger sur ses choix de vie. Ca fait plusieurs années que j'y pense mais il va vraiment falloir que je me mette à cultiver sérieusement mon jardin.
L'avis d'Henri.
Tags : Essai, Ecologie
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Commentaires
J'avais découvert cette collection il y a deux ans à travers "L'âge des low-tech" de Philippe Bihouix. Le thème de la résilience des systèmes est en effet fondamental pour faire face à ces défis. Je suis un peu revenu de ce type de lecture assez anxiogène pour aller vers des livres proposant davantage des solutions, mais il n'en demeure pas moins clé d'être conscient des changements en cours. Mais bien peu de monde ne semble avoir envie de réagir, me semble-t-il. Merci en tous les cas pour cette chronique très intéressante !
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Vendredi 13 Juillet 2018 à 18:46
En effet, je pense aussi que la prise de conscience est nécessaire (et douloureuse) mais qu'ensuite il faut aller vers l'action sinon c'est la dépression assurée.
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Dans le même genre ça me fait penser à la BD Saison Brune de Philippe Squarzoni que j'avais lue il y a plusieurs années et recommencé l'autre jour chez vous (je l'ai embarquée du coup), pareil ça m'avait hautement angoissée, surtout cette pensée que c'est déjà trop tard.
Du coup je sais pas si je te la conseille (au cas où tu ne l'aurais pas lue).
Bises,
LL
Oui, je me souviens de ça. Non, je ne l'ai pas lue mais ça peut m'intéresser.