• Pierrette Fleutiaux, Des phrases courtes, ma chérie, Actes Sud /Leméac

     

    Pierrette Fleutiaux, Des phrases courtes, ma chérie, Actes Sud /LeméacPierrette Fleutiaux est morte le 27 février 2019. Je n'avais jamais entendu parler d'elle et je découvre son existence en lisant la rubrique nécrologique du Monde, très élogieuse. Elle était née en 1941 à Guéret. A ma bibliothèque il n'y a qu'un ouvrage d'elle en rayon ce qui m'évite l'embarras du choix.

     

     

    Pierrette Fleutiaux, Des phrases courtes, ma chérie, Actes Sud /LeméacDes phrases courtes, ma chérie. Après la mort de leur père, Pierrette Fleutiaux et son frère ont convaincu leur mère de s'installer en "résidence de retraite". C'est dans une ville du centre de la France. Pierrette Fleutiaux habite à Paris et, pendant les années qui ont suivi, jusqu'à la mort de sa mère, elle est venue passer un week-end par mois avec elle. Elle raconte la relation fille-mère quand la mère est âgée et que la mort s'avance.

     

     

    Coïncidence, je lis à la suite deux ouvrages écrits après la mort de la mère et qui lui offrent un "cercueil de papier", comme le disait Delphine de Vigan. Mais alors, quelle différence ! D'abord ces deux mères ne sont pas les mêmes, ainsi que leurs relations à leur fille. Mais surtout le livre de Pierrette Fleutiaux n'est pas "plaisant" à lire. L'écriture est puissante, dérangeante, bouleversante, il y a une grande finesse d'observation et d'analyse.

     

     

    Pierrette Fleutiaux décrit les luttes pour le pouvoir qui se cachent derrière les relations humaines et deviennent aussi une lutte contre la mort en maison de retraite. Elle montre l'ambivalence de ses sentiments pour sa mère, l'agacement mais aussi la tendresse ou l'admiration toujours empreints d'amour, le lien indéfectible. Petit à petit, par le biais d'anecdotes classées en chapitres thématiques, elle dessine un beau portrait de cette femme, fille de paysans de la Creuse et qui s'est extraite de son milieu pour devenir institutrice. Il est question également du vieillissement et de l'approche de la mort, de la façon dont sa mère se confronte à cette perspective et comment l'autrice, qui n'est plus toute jeune, en est aussi impactée.

     

     

    La mort récente de mon père, le vieillissement de ma mère, moi non plus qui ne suis plus toute jeune, tout cela me touche au coeur et me met parfois la larme à l'oeil. Il me reste à dire que c'est très bien écrit avec souvent une pointe d'humour et d'auto-dérision. J'ai eu envie d'en lire des passages à haute voix pour profiter de la musique du texte. Une belle découverte, donc. Nul doute que je reviendrai vers Pierrette Fleutiaux.

     

     

    "Maintenant qu'elle n'est plus là, la vie certes nous est plus reposante, mais où est passée sa saveur ? Notre grande médiatrice s'est tue. Il nous faut laborieusement traduire le langage de la vie. Nous sommes des enfants appliqués, privés du souffle de l'inspiration. Parfois je sens un goût de larmes, une sorte de surlignage noir à tout ce qui s'inscrit en moi".


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  • Commentaires

    1
    keisha
    Mardi 30 Avril 2019 à 07:57
    keisha

    Le seul que j'aie lu de l'auteur, beaucoup aimé. Je le relirais bien...

      • Mardi 30 Avril 2019 à 18:48

        Excellent !

    2
    Samedi 11 Mai 2019 à 19:11

    Bonsoir, j'ai eu l'occasion de rencontrer Mme Fleutiaux lors d'un salon du livre de province. C'était une dame très sympathique. J'ai appris par hasard qu'elle était décédée. Je n'ai pas lu "Des phrases courtes, ma chérie" mais j'en ai lu un autre : Les amants imparfaits que j'ai eu du mal à terminer. J'ai été un peu rebutée par le style. Bonne soirée.

      • Dimanche 12 Mai 2019 à 18:28

        J'ai regretté de ne découvrir cette autrice qu'après sa mort.

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