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Robert Margerit, La Révolution, 3. Un vent d'acier, Libretto
Le tome 1
Le tome 2
"Ce mois de juin 93 était radieux. Fini, le printemps froid. Toutes les roses de Paris s'épanouissaient, tandis que, sur la place de la Révolution, tombaient à intervalles quelques têtes."
Les événements du tome 3 se déroulent sous la Terreur, entre juin 1793 et l'exécution de Robespierre, le 28 juillet 1794.
J'apprécie particulièrement la capacité de l'auteur à me faire découvrir tous les aspects de cette époque, de façon nuancée, en envoyant ses personnages, principaux ou secondaires, partout où il y a des choses à raconter.
Ainsi le héros, Claude, est membre du comité de salut public. Il faut d'abord lutter à la fois contre les réformes fédéralistes en province et contre les monarchies européennes qui attaquent la France. Puis trouver une voie entre les modérés qui se satisferaient d'une monarchie parlementaire et les enragés qui sont des communistes avant l'heure. Claude suit Robespierre qui lui semble le mieux à même d'éviter les écueils mais il n'apprécie pas sa rigidité et sa religiosité. Après l'exécution des Hébertistes, la Terreur tourne à la dictature.
On suit aussi Bernard aux armées (fin tacticien, il est rapidement monté en grade) ; Fernand à la marine ; l'ancien homme de loi Kerveseau, de retour à Paris après 18 mois d'absence et qui découvre la surveillance généralisée qui s'est mise en place ; et enfin, la malheureuse Léonarde, du tribunal révolutionnaire à la guillotine.
Je dois dire que j'ai trouvé ce tome particulièrement passionnant. Ce que je lis d'eux modifie les images que je me faisais des grands protagonistes de ces événements. Desmoulins apparaît comme un personnage brouillon et impulsif, qui fonce sans réfléchir. Danton, un corrompu. Saint Just, un second couteau, plus souvent en mission aux armées qu'à Paris et emporté avec Robespierre au moment où il voulait ralentir la Terreur. Robespierre, longtemps à la recherche d'un juste milieu, tentant de sauver Desmoulins et Danton de la guillotine.
Ce que je peux reprocher à l'auteur c'est la légèreté avec laquelle il traite certaines répressions en province et particulièrement le sort de la Vendée. Quand il est question de violences dans cette région, c'est uniquement de celles du clergé catholique.
Robert Margerit fait aussi bien peu de cas des actrices de la Révolution. La femme idéale pour lui c'est Lise, douce et qui fait de la politique par procuration, en discutant avec son mari de ses engagements. Quand même, dans ce tome, elle va agir en encadrant un atelier de confection d'uniformes militaires (!) pendant la levée en masse. Quant à celles qui veulent défendre leurs idées sans passer par l'intermédiaire d'un homme, ma foi on nous décrit des scènes de fessée déculottée en place publique (oui, j'apprends que l'on faisait ça, pour remettre ces dames à leur place) qui sont présentées comme pittoresques, encore plus quand cela se passe entre femmes.
Tags : Roman, Histoire
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Commentaires
Pour les limites que tu soulignes -et que je partage- du point de vue de Margerit, il faut tenir compte qu'il écrit son livre dans les années 1950 -le livre fruit de dix ans de travail est paru en 1963- ce qui confirme cette vérité dont tout historien devrait avoir l'humilité de tenir compte : l'Histoire est toujours une Histoire contemporaine. Quel que soit son objet, elle interroge toujours le passé avec les questions du présent.
Ceci dit j'ai beaucoup aimé ce roman : et je préfère le tome 4, que je te laisse le plaisir de découvrir et faire découvrir à tes lecteurs-trices.
Henri
Je me suis dit qu'il faudrait que je me trouve un ouvrage qui traiterait spécifiquement des femmes dans la Révolution.