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Stefan Hertmans, Guerre et térébenthine, Gallimard
Avec cet ouvrage l'auteur rend un bien bel hommage à son grand-père qui fut le héros de son enfance. Urbain Martien (prononcer Martine, c'est la version flamande de Martin) a écrit au soir de sa vie ses mémoires et notamment son engagement comme soldat lors de la première guerre mondiale. Il les lègue à son petit-fils qui tarde longtemps à s'y plonger, convaincu qu'il y a là matière à un livre. L'approche du centenaire de 1914-1918 a poussé Stefan Hertmans à agir. De longs passages des carnets du grand-père sur la guerre (ou la totalité ?) forment le coeur de cet ouvrage, complétés par les souvenirs de l'auteur ou de proches.
Nous découvrons une enfance dans une famille pauvre de Gand. Le travail à 14 ans dans une fonderie, pénible et dangereux mais enfance plutôt heureuse néanmoins grâce à l'amour des parents pour leurs enfants et l'un pour l'autre. Le père, trop tôt disparu, est peintre d'églises, il restaure des fresques et Urbain qui l'admire souhaite aussi se mettre à la peinture.
Pour sortir de sa condition, cependant, il s'inscrit à une formation militaire ce qui lui vaut d'être sous-officier quand la guerre éclate. Son récit le montre en combattant courageux et soucieux de la vie de ses hommes. Mais les officiers, eux, sont wallons et francophones et n'ont, bien souvent, que mépris pour la piétaille flamande. Les combats sont d'une grande violence. La description des tranchées de Flandre me fait penser à ce que j'ai lu dans Le soleil de Breda. On est revenu trois siècles en arrière. C'est intéressant d'avoir cette vision extra-française du conflit. Je vois quand même que ces souvenirs sont retravaillés. Urbain écrit plus de 50 ans après les faits et les événements sont souvent présentés de façon très romanesque. Pour moi cela contribue aussi au charme de la lecture.
L'histoire d'Urbain Martien c'est aussi un terrible chagrin d'amour que nous découvrons petit à petit dans la troisième partie qui raconte sa vie après la guerre. La foi catholique, qui imprègne toute son existence, la peinture, vont lui permettre de survivre.
J'ai beaucoup apprécié cet ouvrage. Je l'ai débuté dans une période de forte charge de travail et j'ai eu un peu de mal à entrer dans le livre du fait d'une lecture trop hachée. Mais une fois que j'ai pu dégager du temps pour m'y consacrer, j'ai été convaincue. C'est bien écrit et émouvant.
Tags : Grande Guerre, Récit autobiographique
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Commentaires
J'ignorais cette version flamande de Martin (Martien)!
Je note en tout cas ce titre en vue du challenge sur la guerre de 1914-1918 de Blandine, merci pour ces deux informations.
(s) ta d loi du cine, "squatter" chez dasola
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Mardi 2 Avril à 07:33
Oh, oh, un challenge sur la guerre de 14-18 ? Dis m'en plus.
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Après Le coeur converti, je lirais bien cet autre roman.
J'ai repéré cet auteur suite à la lecture de commentaires sur Le coeur converti, que je pense lire plus tard. Guerre et térébenthine était le seul disponible à ma bibliothèque, pour le moment.