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    Berlin, 1919. Alors que la révolution spartakiste prend fin dans le sang, le commissaire Nicolaï Hoffner est à la poursuite d'un psychopathe qui tue des femmes puis leur découpe des bandes de peau dans le dos. Et voilà qu'on découvre un cinquième cadavre qui n'est autre que celui de Rosa Luxemburg. Mais a-telle vraiment été victime du même assassin ? L'enquête de Hoffner l'amène à penser que derrière le tueur en série se cache un complot aux ramifications inquiétantes.

     

    J'ai beaucoup aimé ce livre qui me fut offert pour mon anniversaire, merci Henri. Je l'ai trouvé très intéressant d'un point de vue historique et avec une enquête policière bien ficelée. L'aspect historique c'est d'abord la présentation de la révolution spartakiste et du personnage de Rosa Luxemburg, très présente dans le roman même si elle est morte. Et puis surtout Jonathan Rabb excelle à brosser la situation de l'Allemagne de l'après première guerre mondiale : les jeunes hommes décimés, les difficultés du nouveau gouvernement qui se met en place, l'antisémitisme latent, les prémices du nazisme.

     

    A la maison notre héros avec ses sympathies socialistes s'oppose violemment à son fils adolescent fier d'être Allemand et qui reproche à son père d'être à moitié Russe. Ce héros pas très héroïque avec ses faiblesses, ses relations familiales compliquées, colle parfaitement à l'ambiance  du Berlin de l'époque. Mais c'est un homme qui réfléchit ce qui le rend sympathique et lui permet de résoudre cette affaire délicate. Pour pister le tueur en série il analyse sa façon d'agir et son mode de fonctionnement. Il y a du suspense et des rebondissements inattendus. Plusieurs fois je me suis fait surprendre parce que l'auteur ne nous mène pas toujours où on croit que l'on va aller.

    Je vois qu'une autre aventure de Nicolaï Hoffner est parue, je vais me la procurer dès que possible.

     

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    En 1817, à l'île de la Réunion, meurt la mère de l'esclave Furcy. Dans son maigre héritage, une liasse de papiers qui apprennent à Furcy que Madeleine avait en fait été affranchie il y a des années et qu'il doit être considéré comme libre. Furcy se rend au tribunal de Saint Denis pour réclamer son droit qui lui est refusé. Il passe un an en prison puis est éloigné à Maurice, livré à un maître impitoyable. Néanmoins il ne renonce pas à son combat, collecte des documents, écrit à des personnes qui peuvent le soutenir. Il lui faudra 27 ans en tout pour obtenir sa liberté pleine et entière.

     

    En 2005, Mohammed Aïssaoui prend connaissance de l'existence de cette affaire par une dépêche de l'Agence France-Presse. Il s'y intéresse et décide de mener l'enquête plus profondément. Il passe quatre ans à rechercher avec difficulté la moindre information sur Furcy. Il découvre que "l'histoire de l'esclavage est une histoire sans archives" (Hubert Gerbeau). Le résultat est ce livre d'histoire romancé où l'auteur, à partir de ses sources, imagine des situations, des dialogues, pour rendre plus vivants ses personnages. C'est très intéressant et ça donne un bon aperçu des horreurs de l'esclavage et en même temps tout en nuances.

     

    Ca me rappelle un article lu dans Le Monde du 13 novembre 2010 "Le cimetière, miroir de l'esclavage". A la Guadeloupe (donc pas exactement au même endroit que l'affaire Furcy) des archéologues étudient des sépultures d'esclaves du 18° et 19° siècles. "L'étude médicale des ossements dénote des conditions de vie abominables". Le paléopathologue Olivier Dutour "a étudié dans sa carrière des séries d'ossements très différentes, des cimetières du Moyen Age aux charniers des guerres napoléoniennes. Il a appris à y déceler les ravages des maladies et des labeurs exténuants. "Mais avec cette population nous sommes dans un registre atypique. Je suis impressionné par la souffrance endurée." Il a "diagnostiqué sur des sujets de 20 ans des arthroses vertébrales qui n'apparaissent normalement qu'à 50 ans", il pense que 100% de cette population était atteinte de la tuberculose osseuse.

     

    L'avis de Keisha.

     

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     La narratrice, Mia Petersen, poétesse de 55 ans, vient d'être plaquée par Boris, son mari. Plus exactement il lui a annoncé son besoin de faire une pause, c'est à dire de mener tranquillement sa liaison avec une collègue plus jeune. Profondément affectée, Mia quitte New-York et loue pour l'été une maison dans la petite ville de Bonden où sa mère est installée dans un foyer pour personnes âgées. A Bonden, en plus de sa mère et de ses amies hautes en couleur de la maison de retraite, Mia fréquente un groupe d'adolescentes auxquelles elle donne des cours de poésie et sa voisine, jeune femme au mari souvent absent.

     

    Auprès de toutes ces femmes d'âges divers Mia explore ce que c'est qu'être une femme, comment on ressent les choses et réagit. En même temps elle se remémore des épisodes de sa vie et de sa relation avec Boris. Je trouve tout cela très finement observé et analysé et je reconnais un peu de moi à plusieurs reprises. J'ai pris mon temps pour lire pour pouvoir tout bien apprécier.

     

    L'avis de Keisha.

     

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  • stalingrad

    Cette intéressante lecture m'a permis de mettre en place et de lier un certain nombre de connaissances que j'avais déjà. Antony Beevor ne se limite pas à la bataille de Stalingrad et débute en fait son récit dès l'invasion de l'URSS par l'armée allemande, le 22 juin 1941. Elle avance d'abord très rapidement. En face l'armée soviétique a été amputée d'une partie de son état-major par les purges de 1937 ce qui l'affaiblit, d'autant plus que les officiers restant n'osent pas contredire Staline. En même temps plus les Allemands avancent, plus ils s'éloignent de leur arrière qui pourrait les ravitailler. Ils font des prisonniers par dizaines de milliers mais il y a toujours des troupes devant eux. Donc dès le départ ceux qui sont sur place s'aperçoivent que l'immensité du pays est un vrai obstacle. De plus les Allemands ne sont pas équipés pour la mauvaise saison : boue en automne puis grands froids.

     

    Après un hiver très difficile, l'offensive allemande reprend au printemps 1942 en direction de Stalingrad, étape vers les champs de pétrole d'Asie et ville symbolique pour Hitler de par son nom. La bataille de Stalingrad proprement dite débute le 23 août 1942 par un bombardement intensif de la ville qui est en partie détruite. Les civils fuient mais près de 10 000 d'entre eux survivront dans les ruines pendant la totalité des combats. Dans les décombres les soldats s'enterrent comme des rats et se livrent des batailles acharnées pour un immeuble ou une usine. A l'automne les Soviétiques préparent une opération d'encerclement de la 6° armée allemande.

     

    L'opération Uranus commence le 19 novembre 1942. Il s'agit d'encercler les troupes allemandes basées dans la steppe à l'ouest de Stalingrad alors que le gros de leurs forces est regroupé sur la ville. Ce n'est que deux jours plus tard que les Allemands comprennent l'ampleur de l'offensive. C'est à cette époque que les officiers commencent à se rendre compte que Hitler a perdu le contact avec la réalité et que leurs demandes de renforts en hommes et en matériel ne sont pas entendues. L'hiver dans le Kessel, la zone encerclée par les Soviétiques, est encore plus difficile que le précédent. Les soldats souffrent -meurent- du froid et de la faim. La reddition finale a lieu le 2 février 1943. Cette bataille qui a fait des centaines de milliers de victimes a transformé le rapport de forces. C'est le début de la fin pour les nazis tandis que Staline sort renforcé de sa victoire.

     

    Pour cette étude de grande envergure Antony Beevor s'appuie notamment sur des lettres ou des journaux de soldats. Au moment de l'encerclement final pas mal de courrier destiné aux familles allemandes a été saisi par les Soviétiques et étudié par leurs services de renseignements pour se faire une idée du moral de l'ennemi. A un moment où ils sont convaincus qu'ils n'en ont plus pour longtemps les hommes s'autocensurent beaucoup moins. Dans le même objectif de renseignement des journaux intimes sont ramassés sur des cadavres. Tous ces documents rendent le récit vivant.

     

    Après cette lecture où je retrouve, comme dans La chute de Berlin, l'incapacité d'Hitler à accepter la défaite et donc à remettre en question sa stratégie, je me dis qu'il faudrait maintenant que je m'attaque à une biographie du personnage. J'ai vu en librairie qu'il en existait plusieurs. S'agit de savoir si certaines sont plus recommandables que d'autres.

     

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