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    Par un petit matin de décembre, William Monk et son adjoint Orme découvrent au bord de la Tamise, dans le quartier mal famé de Limehouse, le corps d'une femme atrocement mutilé : elle a été éventrée. L'enquête permet de déterminer qu'il s'agissait de Zelia Gadney, une femme entretenue par le dr Joel Lambourn, lequel s'est suicidé deux mois plus tôt. Y aurait-il un lien entre ces deux morts violentes ?

     

    A la recherche de la vérité, Monk va découvrir le grave problème que pose le commerce de l'opium en cette deuxième moitié du 19° siècle. A cette époque c'est le seul analgésique connu, qui entre dans la composition de nombreux médicaments en vente libre dans les épiceries de quartier. Tout le monde l'utilise : "Pour les maux de tête, maux d'estomac, insomnies, le bébé qui braille, qui fait ses dents, et les vieux pour les rhumatismes." Le problème c'est que ces poudres que l'on dissout dans un liquide sont dosées de façon irrégulière, coupées d'autres produits non mentionnés et que cela occasionne parfois des accidents. Plus grave, certains viennent de découvrir que l'opium directement injecté dans les veines provoquait une rapide dépendance. Un terrible trafic de drogue est en train de s'installer, profitant du vide juridique.

     

    Dans cette enquête, en plus de William et Hester Monk, je retrouve avec grand plaisir l'avocat Oliver Rathbone dans le rôle du défenseur de la veuve injustement accusée. J'ai dévoré cet ouvrage en moins d'une semaine.

     

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  • Petros Markaris, Le Che s'est suicidé, PointsTrois personnalités se suicident successivement de manière publique : un homme d'affaires, un député et un journaliste télé. Le commissaire Kostas Charitos ne croit pas à une coïncidence. En congé maladie après une blessure reçue dans l'exercice de ses fonctions il reprend officieusement du service pour percer le mystère de ces morts spectaculaires.

     

    L'affaire se déroule à la veille des jeux olympiques. Athènes est en ébullition. A la fois parce que c'est la canicule et parce que l'on se demande si les installations seront prêtes à temps. En attendant, les nombreux chantiers dans la capitale rendent la circulation particulièrement pénible surtout pour qui, comme le commissaire Charitos, n'a pas la climatisation dans sa voiture. Le commissaire est un personnage sympathique qui se querelle régulièrement avec son épouse Adriani d'autant plus que celle-ci, fine cuisinière, prétend, sous prétexte de sa convalescence, le priver des légumes farcis dont il est friand. L'enquête est donc bien venue pour échapper à l'emprise d'Adriani.

     

    Le journal Le Monde a publié en août 2012 une série sur la crise en Europe vue par les auteurs de romans policiers. L'article sur le Grec Petros Markaris (15 août 2012) a plus particulièrement attiré mon attention. Il était particulièrement sévère sur la façon dont son pays est géré. Dans ce roman il nous présente la fraude fiscale comme un sport national : "Tout Grec se respectant qui ne soit pas intimement convaincu que le Trésor public le plume comme une volaille et n'éprouve pas le besoin de lui rendre la monnaie de sa pièce est soit un fou furieux soit un Bulgare."

    Il est aussi question de subventions européennes détournées et d'un groupuscule nationaliste xénophobe.

     

    Une façon agréable de découvrir de l'intérieur un pays dans lequel un séjour touristique ne permet que de voir la surface.

     

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    Frank Money est rentré traumatisé de la guerre de Corée. Depuis il est hanté par les morts. Il ne souhaite pas retourner à Lotus, la bourgade où il a grandi et qu'il a fuie en s'engageant dans l'armée pour échapper à l'ennui. Mais il apprend que sa soeur est très gravement malade.

     

    Autour du personnage central de Frank, Home est un roman à plusieurs voix. Celle de Frank et celles de ses proches, chacun racontant sa version des événements et sa vérité. En plus du traumatisme de la guerre, Frank doit affronter les souvenirs d'une enfance difficile, autant du fait des relations familiales que de la société raciste et violente dans laquelle elle s'est déroulée. Car comme dans tous les romans de Toni Morrison, il est question du sort des Noirs aux Etats-Unis. Dans les années 1950 la ségrégation est encore officielle et le temps des lynchages n'est pas très éloigné.

     

    Toni Morrison fait partie des auteurs dont je suis sûre d'apprécier les livres. L'achat de son dernier roman allait donc de soi et je n'ai pas été déçue.

     

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     Kemal est amoureux de Füsun mais doit se fiancer avec Sibel. Kemal et Füsun vivent une courte liaison à laquelle Füsun met fin suite aux fiançailles de Kemal et Sibel. Kemal est très malheureux et trouve du réconfort au contact d'objets que Füsun a touchés. Après que Sibel ait rompu ses fiançailles avec Kemal ce dernier retrouve Füsun mais elle est mariée avec Feridun. Pendant huit ans Kemal va alors fréquenter très régulièrement le jeune couple qui vit chez les parents de Füsun. Pendant ces huit ans il emporte, très régulièrement aussi, à l'occasion de ses visites, des objets qui lui rappellent Füsun et qu'il entrepose dans l'appartement qui abrita leurs rendez-vous, au temps de leur liaison.

     

    Le musée de l'innocence est l'histoire d'une obsession amoureuse. Kemal, le narrateur, ne peut pas et ne veut pas oublier Füsun. Pendant huit ans il se satisfait de la rencontrer en présence d'autres personnes, amis ou parents et toute sa vie est orientée vers ces rencontres, à un point qu'il en néglige sa famille et son travail. Kemal n'a aucune occasion d'intimité avec Füsun et est donc amener à imaginer ce que peuvent signifier des paroles, des gestes, des regards qu'il interprète comme des encouragements à son amour.

     

    C'est un ouvrage très nostalgique ("C'était le moment le plus heureux de ma vie, je ne le savais pas." -première phrase du roman) et l'écriture d'Orhan Pamuk sert particulièrement bien cette nostalgie. J'aime particulièrement le chapitre "Parfois" qui liste les petits moments de bonheur passés par Kemal dans la famille de Füsun :

     

    "Parfois, nous restions assis sans rien faire. Parfois, tout comme nous, Tarιk Bey s'ennuyait devant la télévision et lisait son journal du coin de l'oeil. Parfois, une voiture descendait bruyamment la côte en klaxonnant; à ce moment-là, nous nous taisions et tendions l'oreille jusqu'à ce qu'elle soit passée. Parfois, il pleuvait et nous écoutions le bruit des gouttes sur les vitres. Parfois, "Comme il fait chaud !" disions-nous. Parfois, Tante Nesibe oubliait sa cigarette dans le cendrier et en allumait une autre dans la cuisine. Parfois, je parvenais à contempler la main de Füsun quinze ou vingt secondes d'affilée sans que personne ne s'en aperçoive, et je m'éprenais encore plus d'elle (...)"

     

    En même temps j'avoue que l'inertie du narrateur pendant ces huit ans m'a un peu pesée et que j'ai parfois trouvé le temps long.

     

    Il y a aussi une peinture de la vie de la bourgeoisie occidentalisée d'Istanbul au milieu des années 70 que je trouve très intéressante. A ce moment Füsun souhaite devenir actrice de cinéma et espère que Kemal pourra financer ses débuts. Nos héros étudient alors les rouages de la censure, fréquentent les cinémas populaires en plein air. L'arrière-plan politique est celui d'une époque troublée où les affrontements meurtriers entre l'extrême droite et l'extrême gauche ne cessent qu'à l'occasion d'un coup d'état.

     

    A la fin Kemal décide d'ouvrir un musée pour tous les objets qu'il a accumulés pendant des années. Il engage Orhan Pamuk (personnage de son propre roman !) pour qu'il rédige son histoire qui devra servir de catalogue à son musée. Le musée de l'innocence se veut donc le catalogue du musée de l'amour de Kemal pour Füsun. Dans la réalité Orhan Pamuk vient d'ouvrir à Istanbul, en avril 2012, ce musée qu'il avait en projet depuis la rédaction du roman en 2006. J'ai découvert tout ceci dans un article du Monde du 28 avril 2012 et c'est ce qui m'a donné envie de lire ce livre. Je n'avais encore jamais rien lu de Pamuk. Cette lecture me donne envie de continuer ma découverte de l'auteur et de retourner à Istanbul. Pour visiter le musée de l'innocence, il faudrait apporter le livre.

     

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