• russe

    Des espions russes et américains à Paris ? L'action se situerait-elle pendant la guerre froide ? Non car nous sommes en 1782 quand les espions s'appelaient des mouches. Le tsarévitch Paul, héritier de la Grande Catherine, est en visite incognito à Paris. Incognito cela signifie qu'il est là sous l'identité de comte du Nord mais que pratiquement tout le monde sait qui il est.

     

    Nicolas le Floch, commissaire de police au Châtelet, est chargé de gagner sa confiance pour pouvoir l'approcher. Au même moment un autre Russe, le comte de Rovski, est assassiné d'une façon particulièrement violente. Y a-t-il un lien avec la visite du tsarévitch ?

    Quant aux Américains, il s'agit de l'ambassade de Benjamin Franklin, à la recherche de soutiens dans leur guerre d'indépendance contre l'Angleterre.

     

    Je retrouve toujours avec plaisir les aventures de Nicolas le Floch. En vieillissant notre héros devient un peu désabusé sur son époque. Il voit avec regret les faiblesses de la monarchie et la morgue des grands qui se croient supérieurs au peuple. L'envie le prend régulièrement de s'en retourner dans ses terres de Bretagne. Le lecteur, lui, voit se profiler la Révolution qui vient. L'époque est fort bien décrite et c'est si bien écrit.

     

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    Pour compléter mon plaisir, Nicolas le Floch revient aussi à la télévision sur France 2 avec Le sang des farines, vendredi 1° mars.

     

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  • limonov

     Conçu au début du siège de Stalingrad, Edouard Veniaminovitch Savenko est né le 2 février 1943, 20 jours avant que capitule la 6° armée du Reich. Très vite le jeune garçon décide que son sort ne sera pas ordinaire -à la différence de son père, officier du NKVD qui n'a pas su faire carrière- mais qu'il vivra une vie d'aventures qui impressionnera ses contemporains. "Il ne veut pas d'une vie honnête et un peu conne, mais d'une vie libre et dangereuse : une vie d'homme".

     

     

     

     

    Dès son adolescence il expérimente tout ce qui peut le faire sortir du rang. Il est d'abord un petit voyou puis se lance dans la poésie et commence à fréquenter l'underground de Kharkov puis de Moscou. C'est à cette époque qu'il prend le pseudonyme de Limonov, de limon, citron et limonka, grenade. Il quitte l'URSS en 1974 pour les Etats-Unis. A New-York il couche un temps dans la rue puis devient valet de chambre d'un milliardaire ; à Paris il fréquente Jean-Edern Hallier et la bande de l'Idiot international et arrive enfin à se faire publier. Au début des années 1990 il est engagé du côté des Serbes dans la guerre de Bosnie avant de revenir en Russie où il est aujourd'hui une des figures de la contestation contre Vladimir Poutine.

     

    Ce personnage a fasciné Emmanuel Carrère. Fasciné est bien le mot car il y a à la fois de l'admiration pour une vie aventureuse en face de laquelle Carrère se ressent comme un petit-bourgeois plan-plan et de la répulsion pour certains choix de Limonov : son admiration pour les assassins des Balkans, Arkan, Karadzic, Mladic ; le nom de parti national-bolchévique pour le parti politique russe dont il est l'un des fondateurs.

     

    Au tout début de son livre, Carrère présente Limonov ainsi : "Ce n'était pas un auteur de fiction, il ne savait raconter que sa vie, mais sa vie était passionnante et il la racontait bien". Et bien Carrère c'est un peu pareil. Quelque soit le personnage dont il traite, il s'agit bien souvent d'un prétexte pour parler de lui (Un roman russe, D'autres vies que la mienne). Et il raconte bien. Ca faisait quelque temps que je ne l'avais pas lu mais dès les premières pages j'ai retrouvé son style que j'aime, qui rend tout passionnant, avec de l'humour et de l'auto-dérision qui me le rend sympathique.

     

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  • thermae-romae-5.jpg

     Pour le tome 4, c'est par ici.

     

    A Itô, modeste station balnéaire japonaise, Lucius se demande comment faire comprendre à Satsuki qu'il n'est pas insensible à son charme. De son côté la jeune femme est complètement conquise par les qualités viriles du Romain.

     

    Mari Yamazaki renouvelle l'intrigue en faisant expérimenter à son personnage une nouvelle façon de voyager à travers le temps. Surtout notre héros semble destiné à s'installer dans la durée à Itô où il découvre qu'un patron de la pègre veut mettre la main sur les établissements de bains. Et ça, il n'en est pas question pour Lucius.

     

    J'ai passé un petit moment de lecture agréable et l'épisode se termine sur un suspense qui me donne envie de lire le tome 6 mais je crois qu'il me faudra attendre un peu plus longtemps cette fois.

     

    L'avis de Jérôme, beaucoup plus sévère que le mien. Je reconnais que je suis facilement bon public.

     

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  • retour

     Interné au goulag pendant cinq ans, Julius Margolin en est libéré en juin 1945. Après un an d'assignation à résidence à Slavgorod dans l'Altaï, il entreprend son retour vers la Palestine où l'attend sa famille. Ce voyage qui dure plusieurs mois l'amène à traverser toute l'Europe jusqu'à Paris puis Marseille, avant d'embarquer pour son pays.

     

    Ce Livre du retour est en fait une compilation de textes parus dans différentes revues. La première partie, Le chemin vers l'occident, regroupe des récits des étapes de son retour. Il prend conscience qu'un monde a disparu, celui des shtetl et de la vie juive d'Europe de l'est et il est convaincu que le sionisme est la seule solution pour les Juifs.

    Il profite de la vie. A Marseille, par exemple : "J'allais au cinéma pour voir Marlene Dietrich et Fernandel. En cet automne 1946, la France vivait dans la pénurie, mais je ne m'en apercevais pas : pour moi c'était l'abondance. A minuit, je mangeais des sandwiches dans la rue et faisais la queue pour acheter des marrons grillés."

    Sur le bateau qui le ramène vers la Palestine, il entreprend la rédaction de Voyage au pays des ze-ka. Il sait que son expérience en Sibérie l'a marqué à jamais : "Nous autres (...) qui avons laissé un bout de notre coeur dans les camps et les lieux de relégation, possédés que nous sommes à tout jamais par le fantôme du passé, un passé qui survit dans le présent."

     

    La deuxième partie, Huit chapitres sur l'enfance, est celle qui m'a le plus touchée. Il s'agit des premiers chapitres d'une autobiographie jamais terminée. Julius Margolin y présente une enfance aux confins de la Russie et de la Pologne, ballotée de poste en poste au gré des mutations d'un père caractériel. Ce sont surtout les sentiments qui sont racontés. La honte, petit, devant les colères de ce père, puis le mépris à l'adolescence, enfin la pitié. Il y a aussi de superbes descriptions du cadre de vie, c'est fort bien écrit et ça donne un sentiment de nostalgie.

     

    "Dans mon souvenir, cette vieille synagogue se dresse encore comme un chêne géant en pierre blanche. A l'automne, au pied de sa muraille, des marchandes emmitouflées sont assises dans la gadoue avec leurs paniers recouverts de serviettes. Dans les paniers, des épis de maïs chauds, tout dorés. Son odeur douce et humide, semblable à celle du chaudron dans lequel on fait bouillir le linge à gros bouillons, est entré dans mes narines dès mon enfance pour y rester toute ma vie : l'odeur de Pinsk qui rappelle les ruelles aveugles, les murs de guingois, les fenêtres à double vitrage où, l'hiver, on met du coton et de petits gobelets multicolores."

     

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