• mysterium

    Londres, 1304. Une bande de malandrins échappée de la prison de Newgate a investi le quartier de Cripplegate, tué et violé puis s'est réfugiée dans l'église de St Botulph. Sir Hugh Corbett, garde du sceau privé du roi Edouard 1°, donne l'assaut. En marge de cette véritable guerre urbaine, une série de meurtres frappe la capitale. Les victimes sont marquées d'un M gravé au couteau sur le front. Cette signature est celle du Mysterium, un tueur à gages pourtant disparu 20 ans plus tôt dans la même église de St Botulph.

     

    Encore une fois Corbett, héros taciturne, se retrouve confronté aux manifestations du mal. Autour de lui on trépasse de malemort et il semble que le roi lui-même ait quelque chose à cacher. C'est une société extrêmement violente que décrit Paul Doherty : le risque de se faire rançonner -et assassiner- en pleine rue, les petits délinquants attachés au pilori et battus en public, pour les criminels la peine de mort et l'exposition du cadavre. La peau de l'auteur du vol des joyaux de la couronne en 1303 est même clouée sur une porte de l'abbaye de Westminster. La violence c'est aussi la misère la plus crasse qui côtoie richesse et confort. J'apprécie aussi les relations entre Corbett et son homme, l'ambitieux clerc de la Cire verte, Ranulf-atte-Newgate.

     

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  • ayatollahsDans l'Iran et l'Afghanistan d'aujourd'hui

     

    Entre 2004 et 2007 Nicholas Jubber a séjourné à Téhéran et voyagé en Iran, en Afghanistan, en Ouzbékistan et au Tadjikistan. Dans ces pays il est parti à la recherche de l'héritage de la culture perse préislamique. Ce qui lui sert de fil conducteur dans son périple c'est le Shahnameh, le Livre des rois, épopée en vers rédigée au 11° siècle par Ferdowsi. Nicholas Jubber constate que 9 siècles après sa rédaction cette poésie est encore vivante et populaire. Il rencontre ainsi un boucher qui en récite de longs passages à sa clientèle admirative. Pour nombre de persanophones le Shahnameh est aussi une résistance contre la culture arabe perçue comme extérieure et envahissante.

     

    L'intérêt de ce récit pour moi c'est de montrer la fracture qui existe en Iran entre les autorités islamistes et une bonne partie de la population. Sina, le fils de la famille chez laquelle réside l'auteur, connait tous les secrets de la drague à l'iranienne. Il a toujours sur lui des petits papiers sur lesquels est inscrit son numéro de portable et qu'il glisse aux jeunes filles qui lui plaisent. De voiture à voiture à la faveur d'un embouteillage, entre deux pages d'un livre échangé à la bibliothèque. Ensuite il n'est plus qu'à attendre l'appel. Par ce biais s'organisent aussi des fêtes privées où l'on danse et boit.

     

    Nicholas Jubber écrit dans un style très accessible et plein d'humour et en même temps son ouvrage est très bien documenté. Pour circuler en Afghanistan et en Asie centrale, dans des régions interdites aux occidentaux, il se laisse pousser la barbe et se fait passer pour un muet afin de cacher son accent.

    Un livre sympathique et agréable à lire.

     

     

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  • les depossedes

     

    "Créé en 1940, le ghetto de la ville de Lodz, le plus grand de Pologne, survécut jusqu'en 1944, alors que les nazis avaient prévu d'en exterminer la population en moins d'un an. Ce sursis est dû à la personnalité d'un seul homme, Mordechai Chaim Rumkowski, président du Conseil juif. Convaincu que si les juifs se rendaient indispensables à l'effort de guerre allemand, ils seraient épargnés, Rumkowski transforma le ghetto en une cité ouvrière hyperproductive. Pris au piège de sa logique, il sacrifia les inadaptés et les indésirables : malades, vieillards et enfants. Il se mua ainsi, consciemment ou non, en un très efficace rouage de la machine d'extermination nazie". (4° de couverture).

     

    Steve Sem-Sandberg raconte dans ce roman les conditions de vie des habitants du ghetto. Pour cela il suit plusieurs personnages qui permettent d'évoquer différents aspects de l'histoire. Ceux qui m'ont le plus marquée sont Vera Schulz et Adam Rzepin. La première est une jeune femme déportée de Prague vers le ghetto de Lodz avec toute sa famille. Leur sort est celui de nombreux Juifs originaires de l'ouest, Allemagne et Tchécoslovaquie. A la recherche d'un travail Vera croise la route des archivistes clandestins qui rédigent la Chronique du ghetto pour la postérité. Vera participe alors à ce travail résistant. La Chronique du ghetto est l'une des sources de Steve Sem-Sandberg et il en inclut des extraits dans son récit.

     

    Adam Rzepin est un jeune garçon qui travaille à droite et à gauche. Il bénéficie un temps de la protection de son oncle Lajb, indicateur au service des nazis. Au moment de la liquidation du ghetto il se cache pour survivre dans les maisons abandonnées. Je me suis attachée à ces personnages et avec eux j'ai voulu croire qu'une autre issue que celle qui était inévitable était possible.

     

    Rumkowski lui même n'est présenté que de l'extérieur. Il est montré à travers le regard de ceux qui le croisent et de ses proches comme sa femme et son fils adoptif. Petit à petit il apparait qu'il n'est qu'une marionnette entre les mains des nazis et il est de plus en plus isolé dans le ghetto. Il est supplanté par des gens qui profitent sans scrupules du système qu'il a mis en place : toute une pègre se développe sur la misère des habitants. De la nourriture, des médicaments sont détournés et revendus au marché noir, des maisons closes s'organisent.

     

    Cette intéressante lecture complète ma découverte de l'histoire de la Pologne pendant la seconde guerre mondiale. A l'été 2011 j'ai voyagé dans ce pays sur les traces de la shoah. Voici quelques images de mon passage à Lodz. 

     

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    De la gare de Radegast partaient toutes les denrées fabriquées dans le ghetto. C'est de là aussi que sont partis les habitants vers les camps d'extermination.

     

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    Le mémorial de la gare de Radegast rappelle les destinations des déportés.

     

    DSCN5111.JPGLes personnes décédées dans le ghetto étaient enterrées dans une partie du cimetière juif : le champ du ghetto. Le ghetto de Lodz est le seul dont les habitants ont eu droit à des tombes individuelles.

     

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    Plaque commémorative dans le cimetière.

     

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