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Russell Shorto, Amsterdam, Vintage
A history of the world's most liberal city
Russell Shorto est un écrivain et journaliste américain qui a vécu cinq ans à Amsterdam. Quant à moi, en avril, j'ai eu la chance d'y passer quatre jours de vacances et, comme lui, j'ai été conquise à la fois par le charme de cette ville et par l'ambiance d'ouverture et de tolérance qu'on y ressent en s'y promenant et j'ai voulu en savoir plus sur son histoire. J'ai acheté ce livre dans une librairie locale. La lecture d'un ouvrage en anglais m'a demandé un peu de temps et de concentration mais l'auteur raconte l'histoire de "la ville la plus libérale du monde" à travers une galerie de portraits de personnages célèbres ou non ce qui le rend vivant et accessible avec un niveau moyen de langue.
Russell Shorto nous présente d'abord les deux sens qui se rattachent à la notion de libéralisme : libéralisme économique et libéralisme social c'est à dire tolérance des divers modes de vie.
Depuis le Moyen-âge, les Néerlandais se sont battus contre la mer pour gagner des terres. Cela a nécessité de savoir coopérer les uns avec les autres pour s'organiser, à la différence des autres régions d'Europe où les décisions descendaient de la noblesse vers les paysans. De plus, ces terres nouvellement conquises n'avaient donc pas de seigneur ainsi, vers 1500, dans la province de Hollande, seulement 5 % de la terre appartenait à des nobles contre 45 % à des paysans. Cette situation particulière aurait créé une société assez forte pour valoriser l'individu. Voilà pour le libéralisme social.
Après des guerres sanglantes contre l'Espagne (on fait la connaissance du terrible duc d'Albe. A Naarden en 1572, ses hommes ont "tranché la gorge des habitants et des soldats sans qu'un seul homme en réchappe puis ils ont mis le feu à la ville") à la fin du 16° et au début du 17° siècles, les Pays-Bas obtiennent leur indépendance.
C'est à la même époque que se développe la puissante VOC : la Compagnie des Indes Orientales. Dans son sillage est créée à Amsterdam la première bourse du monde et bientôt la ville devient "le Amazon.com du 17° siècle, l'endroit où tout est à la disposition de tout le monde". Et voilà pour le libéralisme économique. Les deux libéralismes sont liés, bien sûr, à la fois dans leurs causes et dans leur fonctionnement.
Portaits du 17° siècle : Rembrandt et Spinoza mais aussi Claes Pieterszoons, alias le dr Nicolaes Tulp, celui de la fameuse leçon d'anatomie par Rembrandt, qui a choisi de se faire nommer Tulipe (Tulp) au moment de la bulle spéculative sur cette fleur.
La leçon d'anatomie du docteur Tulp
Jan van der Heyden inventa la lance à incendie et perfectionna la pompe à incendie. Il est aussi l'inventeur du lampadaire. Ses modèles fabriqués à la chaîne se sont diffusés dans toute l'Europe jusqu'à ce qu'ils soient supplantés par des équipements électriques à la fin du 19° siècle.
A la différence de l'aristocratie du reste de l'Europe, cette bourgeoisie vit dans des maisons relativement modestes avec peu de domestiques et donne naissance au concept de foyer.
1672, "année désastreuse, met fin au miracle économique néerlandais du 17° siècle.
La maison de Rembrandt
Portraits des 19° et 20° siècles : Eduard Douwes Dekker (1829-1887), fonctionnaire colonial en Indonésie qui, sous le pseudonyme de Multatuli ("J'ai beaucoup souffert" en latin) écrivit le célèbre roman Max Havelaar dans lequel il dénonce la violence de l'exploitation des indigènes.
Aletta Jacobs (1854-1929) , première femme néerlandaise diplômée de l'université, première femme médecin et promotrice de la contraception qu'elle voyait comme un moyen de libérer les femmes.
Elle inspira le dr. Bernard Premsela (1889-1944) qui devint un des premiers sexologues du monde avant la seconde guerre mondiale et mourut à Auschwitz. L'occupation nazie et le sort des Juifs amstellodamois sont traités aussi à travers les personnes d'Anne Frank et de Frieda Menco, une survivante que l'auteur a rencontrée.
Le fils de Bernard, Benno Premsela (1920-1997) était un designer et un des premiers homosexuels à faire son coming out à la télévision en 1964. La première organisation de défense des droits des homosexuels a vu le jour à Amsterdam en 1946.
Roel van Duijn (né en 1943) devint en 1960 un des initiateurs du mouvement Provo, mouvement de contre-culture dont l'héritage le plus fameux est la place accordée aux bicyclettes à Amsterdam.
Des vélos partout mais aussi des petits jardins organisés sur les trottoirs.
J'ai découvert plein de choses en lisant ce fort instructif ouvrage et je me dis qu'il faudra retourner à Amsterdam.
Tags : Histoire, Voyage
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Commentaires
Il y a quelque temps que je ne suis pas passé sur ton blog, faute de temps.
Voici un oubli réparé, et je me suis réjoui à la lecture de cette chronique très intéressante sur Amsterdam et sur l'histoire des Pays Bas. Pour continuer, je te conseille aussi en français le petit ouvrage "Pays-Bas, les pieds sur terre" de Gérald de Hemptinne aux Editions Nevicata (collection L'âme des peuples) ; c'est une petite série passionnante sur l'identité des pays européens qui complète bien ton propos.
Et au passage, je vois que tu lis le livre de Sandra Kalniete. Je l'ai lu à sa sortie, et je voulais le relire pour faire une chronique sur le blog. J'ai hâte de lire ton avis, c'est un livre fort !
Merci pour ce conseil. Je le note. Je lirai aussi avec plaisir ton avis sur le livre de Kalniete.
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Chaque année, je me dis que je vais aller visiter ce pays... J'espère qu'il est traduit car ça m'intéresserait de le lire
Je connais très peu le reste du pays mais Amsterdam, ça vaut vraiment le coup.