• L'occasion fait le larron : j'étais en vacances pour une semaine à Mende, Lozère et justement Jacques Higelin y passait en concert cette même semaine. Nous décidons d'y aller en famille. Le concert a lieu au théâtre municipal de Mende. Ouverture des portes à 20 heures. Il pleut. Une petite queue de spectateurs s'abrite en attendant de pouvoir entrer. Nos enfants font plutôt baisser la moyenne d'âge.  Par une fenêtre Jacques Higelin salue les gens mais là où nous sommes nous ne pouvons voir que sa main. cependant ça met déjà un peu de mouvement dans la file.

    La salle est petite et guère remplie à notre arrivée. Nous nous installons juste sous la scène. Entrée de l'artiste vers 21 heures 15 et c'est parti pour plus de 2 heures 30 de spectacle. Il tient la forme le Jacques ! C'est dynamique et sans temps mort du début à la fin. Et nous sommes particulièrement bien placés, ce qui nous permet d'en profiter en gros plan.

    Ambiance chaleureuse. La salle reprend en coeur les classiques, particulièrement "tombé du ciel". Jacques Higelin joue du piano et de la guitare, il chante et il raconte des histoires, il plaisante à propos des prochaines élections présidentielles. Il apparaît comme une personne sympathique, proche du public et de son équipe, musiciens et régisseurs. C'est véritablement un artiste qui mérite d'être vu. Le spectacle apporte un plus que les seuls disques ne peuvent pas rendre. (Peut être que c'est vrai pour tous les chanteurs ce que je dis ? En fait je n'ai pas été souvent à des concerts). Je suis rentrée chez moi un peu moulue mais bien contente de ma soirée.
     

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  • Née à Sarajevo, Zlata Filipovic a tenu son journal pendant la guerre qui a frappé son pays à partir de 1991. En 1993 ce journal est publié et Zlata connaît la célébrité. Avec sa famille elle quitte Sarajevo à ce moment-là. Depuis elle s'est engagée avec l'ONU pour la préservation de la paix.

    Avec Melanie Challenger elles présentent dans ce recueil des journaux d'enfants ou de jeunes gens pris dans différents conflits du 20° et du début du 21° siècle dans le monde. Cela va de Piete Kuhr, une petite Allemande témoin de la première guerre mondiale à Hoda Thamir Jehad jeune Irakienne au moment de l'intervention américaine contre Saddam Hussein. Il y a aussi des journaux de très jeunes combattants (20 ans) pendant la deuxième guerre mondiale, au Vietnam.

    Cela semble une évidence de dire que la guerre raccourcit les enfances et fait mûrir prématurément. C'est bien ce que montre chacun de ces journaux, parfois de façon poignante quand les petits rédacteurs n'ont pas survécu aux événements qu'ils relatent.

    A sa mère qui la réprimande parce qu'elle pleure à l'annonce de la mort d'un jeune soldat de leurs connaissances et qui lui demande de ne pas oublier qu'il est mort en héros, Piete Kuhr répond : "Je ne l'oublierai sûrement pas. En fait, si je pleure, ce n'est pas parce que nos soldats meurent en héros, mais simplement parce qu'ils meurent tout court. Plus de matin, plus de soir, ils sont morts. Quand le fils d'une mère meurt, elle sanglote à fendre l'âme, non parce qu'il est mort en héros, mais parce qu'il est parti, et qu'il est sous terre. Il ne s'assoira plus à table, elle ne lui coupera plus une tranche de pain, elle ne raccommodera plus ses chaussettes. Elle ne peut pas dire "merci" sous prétexte qu'il est mort en héros. (S'il te plaît, maman, ne te fâche pas contre moi)."

    L'auteur de ces lignes avait 12 ans. J'ai particulièrement apprécié les extraits de son journal. Elle montre une grande ouverture d'esprit et le courage de ses opinions. Le résumé de sa vie qui suit ces extraits nous apprend qu'elle n'a pas changé en devenant adulte.

    Autre guerre, autre témoin. Ed Blanco est un jeune Américain. En 1967, à l'âge de 19 ans, il s'est engagé pour un an au Vietnam. Il tue et il voit ses camarades mourir autour de lui. La note qui suit son journal nous apprend que "au moment même où il retrouvait le sol américain, en Californie, Ed Blanco se vit refuser un verre de bière dans un bar, au prétexte qu'il n'était pas majeur, bien qu'il soit en uniforme et vétéran du Vietnam." Assez âgé pour se battre mais trop jeune pour boire de l'alcool. Cette anecdote montre bien toute l'absurdité de la guerre et l'hypocrisie de systèmes qui prétendent protéger la jeunesse (bien sûr qu'au Vietnam on ne lui a pas demandé ses papiers pour lui servir à boire).

    La postface nous rappelle qu'aujourd'hui plus de 250 000 enfants soldats combattent à travers le monde. Que depuis 2003 plus de 11.5 millions d'enfants ont été déplacés à l'intérieur de leur pays et 2 400 000 contraints à l'exil. Que les mines antipersonnel blessent ou tuent 8 à 10 000 enfants chaque année. C'est donc un sujet d'actualité. Et un livre intéressant car les auteurs ont choisi des journaux représentatifs des conflits abordés.
     

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  • Née le 25 décembre 1918 à Moscou, Nina Lougovskaïa a tenu un journal intime entre octobre 1932 et janvier 1937. Son père est un socialiste révolutionnaire inquiété par le régime de Staline. A partir de mars 1933 son passeport intérieur lui est retiré et il ne peut plus résider à Moscou ; en novembre 1935 il est arrêté ; le 4 janvier 1937 l'appartement familial est perquisitionné et le journal intime de Nina fait partie des objets confisqués à cette occasion. S'en suit l'arrestation de la mère et des trois filles et leur condamnation à cinq ans de goulag suivie de cinq ans d'assignation à résidence dans la Kolyma. Réhabilitée en 1963 pour "manque de preuves" Nina Lougovskaïa est devenue artiste peintre. Elle est morte en 1993. Son journal intime a été retrouvé après sa mort dans les archives du NKVD ouvertes au public après la chute de l'URSS. Il est un témoignage de la vie quotidienne d'une adolescente à Moscou, au milieu des années 30.

    Tout d'abord, les préoccupations de Nina sont celles, intemporelles, de nombre d'adolescentes. Elle se trouve laide, voire repoussante et envie ses soeurs aînées et ses camarades de classe. Elles, sont si mignonnes, et bien dans leur peau, et à l'aise avec les garçons. Car Nina est obnubilée par les garçons. Tour à tour elle tombe amoureuse de plusieurs garçons de sa classe, elle a le béguin pour des étudiants, camarades de ses soeurs. Elle les observe, détaillant leurs attraits physiques et leur caractère. En classe elle fait circuler des petits mots en direction de ses amies pour échanger leurs opinions sur tel ou tel.

    L'école est aussi un grand souci de Nina. Elle n'a pas de très bons résultats, est âgée de deux ans de plus que ses camarades et cherche un moyen d'en finir au plus vite avec sa scolarité secondaire. Elle alterne les périodes de découragement où elle cesse d'aller en cours et les périodes d'enthousiasme où elle décide de travailler d'arrache-pied (bien souvent, semble-t-il, cela ne dépasse pas ce stade de la décision).

    Cet aspect du journal est intéressant car il montre une permanence des sentiments de l'adolescence. De plus Nina écrit plutôt bien. Cependant, au bout d'un moment, j'ai commencé à trouver que cela devenait répétitif et lassant.

    L'aspect le plus intéressant du journal, c'est celui qui attiré l'oeil de la police politique : des passages entiers en ont été soulignés par un inspecteur du NKVD et ont servi de preuves confirmant les opinions contre-révolutionnaires de Nina. Quand elle écrit au sujet de Staline :
    "J'ai rêvé à la façon dont je le tuerais, ce dictateur. Les promesses qu'il fait à la Russie, ce salaud, cette ordure, alors qu'il la mutile, ce vil Géorgien ! " On comprend qu'un régime totalitaire ne puisse pas laisser passer de tels propos. Mais est aussi retenu contre elle le fait qu'elle dise que, bien qu'ayant pitié d'eux, elle ne se sent aucun point commun avec le peuple et les masses ouvrières. Où les nombreux moments où elle pense plus ou moins sérieusement au suicide.

    C'est au moment où le journal s'arrête, où sa vie va prendre un tour dramatique que j'aimerais le plus pouvoir suivre Nina dans sa déportation.
     

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  • Daya Pawar est un intouchable de la caste des Mahâr. Il est né vers 1935. Dans ce récit écrit en 1978, il se souvient de sa jeunesse jusque vers l'âge de 25 ans. Après avoir passé sa petite enfance à Bombay, il grandit ensuite à Dhâmangâv, le village de sa famille, dans le mahârvâdâ, le quartier réservé aux Mahâr.

    Dans la société villageoise traditionnelle, les Mahâr ont une obligation de service coutumier aux castes supérieures : "Porter les impôts au chef-lieu, courir devant le cheval des hauts-fonctionnaires en tournée au village puis soigner et nourrir leur monture, faire le garde-champêtre, s'il y avait un décès, aller l'annoncer dans les autres villages, débarrasser des bêtes mortes, couper du bois, jouer de la musique à la foire annuelle, accueillir le marié à l'entrée du village, etc.".
    Pour leur peine, ils reçoivent le balute, une part de la récolte de grain des cultivateurs du village, qu'ils doivent mendier et qui fait d'eux les obligés de ces hautes castes d'agriculteurs. Cependant, bien qu'ils soient méprisés par ceux qu'ils servent, ils leur sont nécessaires aussi car ils ont un rôle religieux (ils allument les feux de holi). Daya Pawar montre bien l'extrême complexité des relations entre castes et sous-castes.

    Ce qui frappe aussi, c'est la violence des relations dans cette société traditionnelle. Au village on vit sous l'oeil des autres, famille élargie et voisins. Pas de vie privée, très peu de possibilités de choix personnels. La plupart des hommes Mahâr sont rongés par l'alcoolisme.

    Dans cet extrême dénuement, le jeune Daya Pawar grandit avec le goût de l'étude. Il est poussé dans cette voie par sa mère, veuve de bonne heure, prête à se sacrifier pour ce fils adoré. C'est ainsi que nous le voyons s'éloigner du village pour poursuivre sa scolarité, souffrant du mépris de ses condisciples de meilleure origine.

    Si le contenu sociologique et historique est fort intéressant, ce récit souffre de son style chaotique. Daya Pawar saute du coq à l'âne par associations d'idées et j'ai eu parfois du mal à suivre le cours de sa pensée. Pourtant, dans la préface, l'éditeur nous informe qu'il a regroupé "des épisodes de la même période éparpillés au hasard".
    L'autre chose qui m'a déconcertée ce sont les comparaisons inhabituelles ("Il s'est abattu comme quelqu'un qu'on jette dans une cascade"). Je me suis demandée s'il s'agissait d'un défaut de traduction. Ou d'une tentative pour rendre la langue marathie ? Pas de réponse à cette question dans la préface.
    Malgré ce style pas toujours agréable l'ouvrage se lit facilement grâce à son contenu.
     

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  • Une histoire d'amour contrarié sur fond de révolte des cipayes.
    Winter de Ballesteros est née en Inde mais, orpheline de bonne heure, elle a ensuite été élevée en Grande-Bretagne, dans la famille de sa mère. Là, la seule affection qu'elle reçoit est celle de son arrière-grand-père. Le plus souvent elle est en butte à la jalousie et au mépris de sa tante et de sa cousine aussi elle se réfugie dans la nostalgie de son pays natal et elle rêve que quand elle sera enfin adulte elle pourra y retourner pour épouser Conway Barton, résident de Lunjore auquel elle est promise depuis l'âge de onze ans.

    Quand Winter atteint 17 ans, son fiancé envoie son assistant, le capitaine Alex Randall pour la ramener en Inde. Hélas, quand elle y arrive son beau rêve s'écroule : Conway ne s'intéresse qu'à sa fortune, la vie dissolue qu'il mène depuis vingt ans en a fait un alcoolique bouffi et elle est amoureuse d'Alex Randall ! Comble de malchance nous sommes en 1857 et la révolte des cipayes se profile à l'horizon.

    De cet épisode historique M. M. Kaye a choisi de nous montrer les aspects les plus tragiques. Elle met l'accent sur l'incapacité et l'aveuglement de nombre de dirigeants et officiers britanniques, surs de leur bon droit et de leur supériorité, persuadés que nul ne songerait à contester leur domination. Enfin elle nous fait trembler avec l'horreur des massacres de civils à l'arme blanche.

    Cela se lit facilement et c'est palpitant mais c'est avant tout une histoire romantique où l'Inde et la révolte des cipayes apportent la touche exotique et pathétique.
     

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  • La chambre des parfums, c'est la chambre du père de Tan, le narrateur. Une chambre dans laquelle chacun des cinq enfants de la famille s'est glissé clandestinement quand l'occasion s'en présentait pour y respirer des odeurs délicieuses. Eaux de toilette, lotion capillaire, after shaves mais aussi graisse de fusil et plumes de perdrix car le père de famille est un chasseur passionné.

    Le narrateur (il paraît que c'est largement autobiographique) se souvient donc de sa vie depuis son enfance jusqu'à la mort de ce père qui l'a tant marqué.
    J'ai particulièrement apprécié les trois premières parties qui évoquent l'enfance en Inde et les années d'étude aux Etats-Unis. Elles sont marquées par la nostalgie :

    "Même aujourd'hui, quand j'évoque ce temps-là, mon poul s'accélère, et la fadeur du quotidien se pare des merveilles du souvenir."

    Inderjit Badhwar fait bien ressentir la complicité et l'amitié qui peuvent se nouer entre les enfants d'une famille nombreuse qui ont grandi ensemble et partagé la même chambre. Etant moi-même issue d'une fratrie de cinq et ayant eu la même chambre que ma soeur cadette toute mon enfance j'ai retrouvé cette connivence qui m'a aidée à grandir.
    De long passages sont aussi consacrés aux parties de chasse en famille. Je dois dire que je me suis sentie moins concernée.

    Dans les parties quatre et cinq le narrateur se souvient des années vécues aux Etats-Unis, en couple avec Serita, Indienne expatriée comme lui. Cette partie du livre m'a beaucoup moins convaincue. Ne pouvant pas chasser, Tan s'est mis à la pêche et a entraîné Serita avec lui dans cette activité ce qui donne lieu à une véritable leçon de pêche. Vous pouvez emmener le manuel avec vous, tout y est : "lignes monofilament de 4 à 5 kilos" et "hameçons montés sur crin quatre à huit", conseils pour faire des noeuds solides et technique pour ferrer, jusqu'au dépeçage de l'anguille. J'avoue, j'ai sauté des lignes.
    Enfin, dans la dernière partie, Tan boucle la boucle en retournant en Inde.

    Le bilan est donc très mitigé. De bons passages, une écriture parfois touchante, le sens de la dérision mais aussi des lourdeurs.


     

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  • Londres, automne 1380. Trois cadavres sont découverts dans une maison abandonnée de la paroisse de Southwark. L'un d'entre eux est celui d'un messager royal et si son assassin n'est pas retrouvé la paroisse sera considérée comme complice et devra payer une forte amende. Frère Athelstan, curé de la paroisse et secrétaire du coroner de Londres, sir John Cranston, se lance dans l'enquête avec ce dernier. Nos deux héros doivent mener deux enquêtes de front car au même moment une riche veuve est accusée d'avoir commis deux assassinats. Elle se prétend innocente pourtant tout semble l'accuser.

    L'intérêt principal de ce roman, neuvième enquête du frère Athelstan et de sir John Cranston est de nous faire découvrir la vie quotidienne au Moyen-âge. Par contre j'ai trouvé l'enquête un peu poussive.
     

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  • En Italie, le général Bottando, chef du service de la protection du patrimoine historique soupçonne un habile et mystérieux personnage  qu'il a surnommé Giotto d'avoir réussi à voler de nombreux tableaux en toute impunité depuis trente ans. Ces soupçons sont ravivés par une lettre dont l'auteur s'accuse d'avoir eu connaissance d'un de ces vols. Bottando lance alors l'enquêtrice Flavia di Stefano sur les traces de Giotto. Il est d'autant plus important qu'elle réussisse que Bottando est menacé dans son propre service par les menées d'un arriviste qui vise sa place.
    Avec son fiancé Jonathan Argyll, marchand d'art, Flavia mène l'enquête jusqu'en Angleterre pour dénicher Giotto.

    Entre l'Italie et l'Angleterre Iain Pears (qui écrit en Anglais) a choisi l'Italie. La Grande-Bretagne nous est décrite comme un pays où des trains bondés et délabrés partent en retard (quand ils partent) dans l'indifférence générale et où il faut disposer d'un bon chauffage central pour supporter les rigueurs de l'été. L'autre cible des piques de Iain Pears c'est l'administration, systématiquement inefficace et paperassière. Les attaques sont faites avec humour et si on ne se formalise pas du parti-pris le tout est facile et agréable à lire. Il ne laissera pas de souvenir impérissable non plus.
     

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  • A la fin des années 1980 V. S. Naipaul entreprend un long voyage en Inde. Durant ce périple il rencontre des Indiens qu'il interroge sur leur conception de la vie, leur engagement politique ou religieux. Ce sont ces entretiens qu'il relate dans Un million de révoltes. Il s'agit donc de journalisme mais de journalisme approfondi car V. S. Naipaul a vraiment le talent d'écouter et de questionner pour faire ressortir chez ses interlocuteurs l'essentiel de leurs choix et de leurs motivations.

    A Madras, V. S. Naipaul part sur les traces de Periyar, fondateur d'un mouvement rationaliste et anti-brahmane en rencontrant Veeramani qui fut un de ses disciples. Ce mouvement est mené par des membres des castes moyennes qui critiquent la domination des brahmanes mais n'accordent aucun intérêt au sort des basses castes. Mon voisin me souffle que V. S. Naipaul étant lui-même brahmane il ne peut pas -malgré ses tentatives- être objectif sur ce sujet. Ce qui me frappe, moi, c'est la ressemblance de ces rationalistes qui ont érigé le refus de la religion en religion avec notre "Libre pensée". Sur la tombe de Periyar est gravée cette incantation : "Il n'y a pas de Dieu. Il n'y a pas de Dieu. Il n'y a pas du tout de Dieu. Celui qui a inventé Dieu est un sot. Celui qui propage Dieu est une canaille. Celui qui vénère Dieu est un barbare."
    A Madras, V. S. Naipaul fait également connaissance avec Kakusthan, un brahmane qui s'efforce de vivre pleinement selon le code brahmane.

    A Calcutta, ville qui tombe en ruines, V. S. Naipaul rencontre plusieurs anciens militants communistes, maoïstes, naxalites, actifs dans les années 60-70. Ici aussi on peut voir de nombreux parallèles avec l'engagement de jeunes occidentaux à la même époque. Des étudiants s'engagent auprès des paysans ou des ouvriers, une partie d'entre eux dérape vers la violence et les attentats.

    A Amritsar, autour du temple d'or, V. S. Naipaul s'intéresse aux dérives terroristes du mouvement sikh en rencontrant des personnes ayant approché Bhindranwale qui en fut le gourou. De 1982 à 1984 Bhindranwale occupa avec ses hommes le temple d'or à partir duquel ils organisaient attentats et assassinats, avant d'en être délogés par la force par l'armée. V. S. Naipaul s'interroge sur ce qui peut mener des croyants à cette violence.

    Enfin V. S. Naipaul termine son séjour par un retour au Cachemire où il résida quatre mois lors d'un précédent voyage en 1962. C'est l'occasion pour l'auteur de comparer l'évolution de l'Inde en 27 ans. La population s'est densifiée et la foule envahit les abords et la surface du lac de Srinagar.

    Un million de révoltes est un livre dense qui ne se lit pas si facilement. Mais si on s'y tient c'est l'occasion de rencontres passionnantes. De plus V. S. Naipaul écrit très bien et donne aussi des descriptions pittoresques :

    "La route, très encombrée, reflétait l'activité agricole, mais les camions, quoique décorés avec amour, étaient surchargés de façon typiquement indienne et conduits très vite et très près les uns des autres, comme si le métal était quelque chose d'incassable et faisait de l'homme un dieu, comme si on pouvait tout demander à un moteur, un volant et des freins. Entre Goa et Bangalore, ce jour-là, au cours de sept graves accidents de la circulation, dix ou douze camions avaient été réduits en bouillie et des gens avaient presque certainement trouvé la mort. Des camions avaient quitté la route et fini dans des étangs; d'autres s'étaient rentrés dedans. Les habitacles des camionneurs s'étaient pliés en accordéon, du verre avait volé en éclats. Des essieux s'étaient rompus, des roues s'étaient écartées du châssis selon des angles bizarres; parfois même, tels des animaux vulnérables, au ventre mou, des camions s'étaient retournés sous leur cruel chargement, montrant le délabrement et la rouille de leurs abdomens de métal et la surface lisse de leurs pneus rechapés."


     

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  • A l'occasion du couronnement du tsar Nicolas II, un machiavélique personnage, le docteur Lind, enlève le jeune prince Mikhaïl Guéorguiévitch, cousin de l'empereur. Pour le relâcher il réclame l'Orlov, diamant qui orne le sceptre impérial. C'est notre héros, Eraste Pétrovitch Fandorine -dont c'est ici la septième aventure- qui va mener l'enquête, tenter de récupérer l'enfant, sauver l'Orlov et arrêter le docteur Lind. Mais quel suspens quand la mort de Fandorine nous est annoncée dès la première page et que le roman est un flash-back, narration des faits qui nous ont mené là.

    Le narrateur est Afanassi Stépanovitch Zioukine, majordome de Guéorgui Alexandrovitch, le père du petit prince enlevé. Il évolue au milieu de toutes ces péripéties sans se départir jamais de son sens du protocole. Et la deuxième caractéristique du roman c'est l'humour provoqué notamment par le décalage permanent entre les frasques des membres de la famille impériale et le jugement que ce personnage compassé porte sur eux.

    Un méchant démoniaque, un récit plein d'humour, une fin tragique : on retrouve tous les éléments caractéristiques des aventures de Fandorine. Une fois de plus Boris Akounine réussit un roman qui se lit d'une traite.
     

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