• ayatollahsDans l'Iran et l'Afghanistan d'aujourd'hui

     

    Entre 2004 et 2007 Nicholas Jubber a séjourné à Téhéran et voyagé en Iran, en Afghanistan, en Ouzbékistan et au Tadjikistan. Dans ces pays il est parti à la recherche de l'héritage de la culture perse préislamique. Ce qui lui sert de fil conducteur dans son périple c'est le Shahnameh, le Livre des rois, épopée en vers rédigée au 11° siècle par Ferdowsi. Nicholas Jubber constate que 9 siècles après sa rédaction cette poésie est encore vivante et populaire. Il rencontre ainsi un boucher qui en récite de longs passages à sa clientèle admirative. Pour nombre de persanophones le Shahnameh est aussi une résistance contre la culture arabe perçue comme extérieure et envahissante.

     

    L'intérêt de ce récit pour moi c'est de montrer la fracture qui existe en Iran entre les autorités islamistes et une bonne partie de la population. Sina, le fils de la famille chez laquelle réside l'auteur, connait tous les secrets de la drague à l'iranienne. Il a toujours sur lui des petits papiers sur lesquels est inscrit son numéro de portable et qu'il glisse aux jeunes filles qui lui plaisent. De voiture à voiture à la faveur d'un embouteillage, entre deux pages d'un livre échangé à la bibliothèque. Ensuite il n'est plus qu'à attendre l'appel. Par ce biais s'organisent aussi des fêtes privées où l'on danse et boit.

     

    Nicholas Jubber écrit dans un style très accessible et plein d'humour et en même temps son ouvrage est très bien documenté. Pour circuler en Afghanistan et en Asie centrale, dans des régions interdites aux occidentaux, il se laisse pousser la barbe et se fait passer pour un muet afin de cacher son accent.

    Un livre sympathique et agréable à lire.

     

     

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  • les depossedes

     

    "Créé en 1940, le ghetto de la ville de Lodz, le plus grand de Pologne, survécut jusqu'en 1944, alors que les nazis avaient prévu d'en exterminer la population en moins d'un an. Ce sursis est dû à la personnalité d'un seul homme, Mordechai Chaim Rumkowski, président du Conseil juif. Convaincu que si les juifs se rendaient indispensables à l'effort de guerre allemand, ils seraient épargnés, Rumkowski transforma le ghetto en une cité ouvrière hyperproductive. Pris au piège de sa logique, il sacrifia les inadaptés et les indésirables : malades, vieillards et enfants. Il se mua ainsi, consciemment ou non, en un très efficace rouage de la machine d'extermination nazie". (4° de couverture).

     

    Steve Sem-Sandberg raconte dans ce roman les conditions de vie des habitants du ghetto. Pour cela il suit plusieurs personnages qui permettent d'évoquer différents aspects de l'histoire. Ceux qui m'ont le plus marquée sont Vera Schulz et Adam Rzepin. La première est une jeune femme déportée de Prague vers le ghetto de Lodz avec toute sa famille. Leur sort est celui de nombreux Juifs originaires de l'ouest, Allemagne et Tchécoslovaquie. A la recherche d'un travail Vera croise la route des archivistes clandestins qui rédigent la Chronique du ghetto pour la postérité. Vera participe alors à ce travail résistant. La Chronique du ghetto est l'une des sources de Steve Sem-Sandberg et il en inclut des extraits dans son récit.

     

    Adam Rzepin est un jeune garçon qui travaille à droite et à gauche. Il bénéficie un temps de la protection de son oncle Lajb, indicateur au service des nazis. Au moment de la liquidation du ghetto il se cache pour survivre dans les maisons abandonnées. Je me suis attachée à ces personnages et avec eux j'ai voulu croire qu'une autre issue que celle qui était inévitable était possible.

     

    Rumkowski lui même n'est présenté que de l'extérieur. Il est montré à travers le regard de ceux qui le croisent et de ses proches comme sa femme et son fils adoptif. Petit à petit il apparait qu'il n'est qu'une marionnette entre les mains des nazis et il est de plus en plus isolé dans le ghetto. Il est supplanté par des gens qui profitent sans scrupules du système qu'il a mis en place : toute une pègre se développe sur la misère des habitants. De la nourriture, des médicaments sont détournés et revendus au marché noir, des maisons closes s'organisent.

     

    Cette intéressante lecture complète ma découverte de l'histoire de la Pologne pendant la seconde guerre mondiale. A l'été 2011 j'ai voyagé dans ce pays sur les traces de la shoah. Voici quelques images de mon passage à Lodz. 

     

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    De la gare de Radegast partaient toutes les denrées fabriquées dans le ghetto. C'est de là aussi que sont partis les habitants vers les camps d'extermination.

     

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    Le mémorial de la gare de Radegast rappelle les destinations des déportés.

     

    DSCN5111.JPGLes personnes décédées dans le ghetto étaient enterrées dans une partie du cimetière juif : le champ du ghetto. Le ghetto de Lodz est le seul dont les habitants ont eu droit à des tombes individuelles.

     

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    Plaque commémorative dans le cimetière.

     

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  • Une-femme-fuyant-l-annonce 0

    L'histoire se passe en Israël de nos jours. Au moment où Ofer, le fils d'Ora, termine son service militaire de trois ans, il lui annonce qu'il s'est porté volontaire pour une mission dangereuse. Ora est convaincue qu'Ofer va se faire tuer. C'est pire que cela même, elle le sait. Elle décide alors de quitter sa maison où elle vit seule depuis que son mari Ilan l'a quittée peu de temps avant. Elle part en randonnée en Galilée avec l'idée que si on ne peut pas la trouver pour lui annoncer la mort d'Ofer, alors il ne mourra pas. Elle emmène avec elle Avram (au départ c'est un véritable enlèvement) ami et amour de jeunesse. Elle a beaucoup de choses à lui dire.

     

    Voilà un très bon roman, fort bien écrit et construit. Ora raconte à Avram sa famille, ses fils, Adam et Ofer, son mari, leurs relations depuis la naissance des garçons. Elle se rappelle des anecdotes à leur sujet. Les premiers pas, l'apprentissage de la parole, le plaisir qu'elle a à voir la complicité qui unit les deux frères, les bons moments passés en famille et, au travers de cela, tout ce qui apparait de la construction de leurs personnalités. Une des choses que je remarque dans ce roman c'est cette analyse très juste pour moi des satisfactions de la parentalité.

     

    Au fur et à mesure qu'Ora déroule son récit on découvre aussi le lien qui l'unit à Ilan et Avram depuis leur adolescence. Ces trois là ont vécu ensemble des choses très fortes, voire très dures, en rapport avec l'état de guerre permanent de leur pays. On comprend progressivement qu'Avram est gravement traumatisé par des événements violents de son passé et cette randonnée avec Ora se révèle être pour lui une thérapie. Cet aspect du roman où l'histoire des personnages est liée à l'histoire récente d'Israël amène à une réflexion sur l'influence de la situation sur la façon dont les Israëliens considèrent la vie et le reste du monde. Les jeunes font trois ans de service militaire ! Un service militaire pendant lequel ils risquent leur vie et sont amenés à se comporter brutalement avec les Arabes. Surement que ça doit marquer.

     

    Le personnage d'Ora, ses relations avec les hommes de sa vie, me plaisent beaucoup. C'est un livre très fort, que j'ai lu un peu lentement, à son rythme pas très rapide et que j'ai beaucoup apprécié.

     

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  • agafia

    Les articles de Vassili Peskov sur les Ermites dans la Taïga, Karp Lykov et sa fille Agafia ont attiré l'intérêt et la sympathie du public russe qui lui demande Des nouvelles d'Agafia laquelle vit seule désormais depuis la mort de son père en 1988. Vassili Peskov continue ses visites annuelles à l'ermitage et ce récit couvre la période 1992-2008.

     

    Quand je dis qu'Agafia vit seule ce n'est pas toujours vrai car sa popularité lui a attiré des émules qui pensent pouvoir régler leurs problèmes personnels par un séjour dans la taïga. Des "bancroches de l'esprit" comme les appelle Agafia et qui ne supportent pas longtemps les rudes conditions de vie et le caractère intransigeant de leur hôtesse. Quelques uns cependant s'acclimatent : Sergeï qui revient plusieurs années de suite passer des périodes à l'ermitage, Nadia qui vit cinq ans auprès d'Agafia et Erofeï l'ancien employé de la base géologique voisine devenu trappeur.

     

    Il arrive aussi à Agafia de sortir de chez elle, pour séjourner dans la famille de sa mère, découverte à l'occasion de la parution d'Ermites dans la taïga ou pour aller se soigner à des sources chaudes mais malgré les demandes, elle refuse de quitter l'endroit où elle a toujours vécu.

     

    Le présent ouvrage est accompagné de plus de photographies que le précédent car Agafia accepte maintenant de poser devant l'objectif. Le premier livre sur cette vie hors du commun était le plus passionnant des deux.

     

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  • ermites

     

    En 1978, des géologues en mission dans la taïga, au sud de la Sibérie, à 200 km environ de la frontière mongole, repèrent depuis leur hélicoptère quelque chose qui ressemble fort à un potager à un endroit qui pourtant est officiellement vide d'hommes. Là ils font la découverte d'une famille de cinq personnes, le père et ses quatre enfants âgés de 56 à 33 ans et qui vivent coupés du monde depuis 40 ans. Les deux cadets n'ont jamais rencontré d'autres personnes que leurs parents et frère et soeur.

     

    Les Lykov sont des vieux croyants qui se sont éloignés du "siècle" pour pouvoir vivre leur religion à leur convenance. En 1653 le tsar Alexis et le patriarche Nikon réforment l'Eglise orthodoxe pour retourner vers les textes originels qui avaient parfois été mal traduits ou recopiés. Cette réforme provoque un schisme, le raskol. Ceux qui refusent de modifier leurs pratiques sont les vieux croyants. A la mort du tsar Alexis (1676), son successeur Pierre le Grand décide de les taxer doublement. Certains prennent alors la forêt pour échapper à cette imposition. Trois siècles plus tard les Lykov, qui vivaient déjà dans un endroit guère passant, s'éloignent encore plus de la civilisation au point de ne plus croiser de personne étrangère à leur famille pendant 40 ans.

     

    800px-Surikov_morozova.jpgUn tableau de Sourikov, La boyarde Morozova, personnalité du raskol qui part en exil. Elle montre à ses fidèles comment faire le signe de croix avec deux doigts au lieu de trois comme on voulait le leur imposer.

     

    Vassili Peskov est grand reporter à la Komsomolskaïa Pravda. En 1982 il apprend l'existence des Lykov et leur rend visite. A ce moment là la famille ne se compose plus que du père et de la fille cadette, Agafia. Les trois autres enfants sont morts l'hiver précédent. Vassili Peskov s'attache à ces deux personnages et revient régulièrement les voir, environ une fois par an. Ce sont ces rencontres sur dix ans -le récit s'arrête en 1991- que raconte Ermites dans la taïga. L'ouvrage est illustré de quelques photos des ermites et de leur cadre de vie.

     

    Vassili Peskov présente les conditions de vie en totale autarcie de ces fascinants Robinson. Du monde ils n'ont emmené avec eux que quelques outils de métal, en bien mauvais état 40 ans plus tard. Tout le reste est fabriqué par leurs soins : seaux en écorce de bouleau, vêtements de chanvre cultivé sur place. La nourriture est fournie par le potager (essentiellement des pommes de terre), ramassée dans la forêt, pêchée dans le torrent. Des fosses-pièges permettent à l'occasion d'attraper du gibier. L'alimentation est l'objet d'un travail et d'un soucis permanents, la situation toujours précaire. La mère est morte de faim en 1961. Pour la nourriture spirituelle, cinq heures de prière par jour.

     

    Leurs retrouvailles avec les hommes va modifier la vie des Lykov. Ils vont accepter d'utiliser certains biens produits à l'extérieur : tissu, ustensiles de cuisine. Ils vont cultiver de nouveaux légumes (carottes), élever des animaux. S'ils prennent plaisir à fréquenter à l'occasion (l'ermitage est inaccessible pendant plus de la moitié de l'année, à cause de la neige) des gens de l'extérieur, ils ne renoncent pas à leur vie isolée ni à leurs convictions religieuses.

     

    lykov.jpgL'ermitage des Lykov

     

    Je n'en dis pas plus pour vous laisser le plaisir de découvrir cette aventure fantastique qui m'a fascinée. Si le vieux est pas mal un tyran domestique, sa fille est plus attachante avec sa capacité à évoluer et je m'en vais la retrouver bien vite dans Des nouvelles d'Agafia.

     

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  • poisson.gif

    Muté de Cologne à Berlin suite à une bavure, le jeune commissaire Gereon Rath est versé à l'inspection E : les Moeurs. On est en 1929 et le préfet de police a interdit la manifestation du 1° mai. Elle a lieu cependant et tourne à l'émeute, la police poursuit les communistes à travers la capitale. Au milieu de tout cela on repêche un mystérieux cadavre dans le Landwehrkanal. Seul Gereon Rath sait -par hasard- de qui il s'agit. Au lieu de communiquer ses informations, il mène l'enquête de son côté, espérant pouvoir profiter de ses découvertes pour obtenir sa mutation à l'inspection A, la Criminelle. Sur sa route il va croiser des SA, le Stahlhelm -une association d'anciens combattants, la Forteresse rouge -une faction communiste qui veut renverser Staline, des flics ripoux, un parrain de la pègre et une charmante secrétaire.

     

    Deux intérêts pour moi dans ce roman. D'abord le contexte historique de la montée du nazisme. Ce qui me frappe justement c'est que les nazis sont très discrets. Ce qui est perçu comme un vrai danger c'est plutôt le communisme avec le souvenir de la tentative de révolution de 1919.

     

    Ensuite j'ai apprécié l'enquête policière bien ficelée avec plusieurs rebondissements surprenants. Gereon Rath n'est pas un héros totalement sympathique, très ambivalent en tout cas. Il a bénéficié du soutien de papa pour se sortir d'une situation professionnelle difficile et aimerait bien faire ses preuves par lui même mais en même temps, si les relations paternelles pouvaient lui permettre d'atteindre son but plus rapidement, il ne serait pas contre à condition que ses collègues ne soient pas au courant.

     

    Au total c'est une lecture que j'ai trouvé plaisante néanmoins il n'est pas sur du tout que je lise la suite des aventures de Gereon Rath. L'avis de Papillon.

     

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    Ca alors, mais revoilà le boyard Artem ! Depuis le temps que je ne l'avais pas vu, je le croyais mort, ma parole ! Et oui car Le sang d'Aphrodite est le 8° épisode d'une série de la collection Grands détectives dont le tome 7 était paru en 2003. J'ai lu les précédentes aventures d'Artem quand elles sont parues, cela fait donc quelque temps et j'ai retrouvé ce héros avec plaisir.

     

    Nous sommes à Tchernigov en 1074, sur les terres du prince Vladimir. Successivement plusieurs jeunes femmes de bonne naissance sont assassinées et leur corps est mutilé de façon horrible. La seule trace de l'assassin : un parfum capiteux que l'on sent encore sur les victimes, le sang d'Aphrodite. Le boyard (noble) Artem, membre de la droujina (armée) et conseiller du prince, mène l'enquête. Pour cela il est aidé de Philippos, son fils adoptif, d'origine grecque et qui à 16 ans connaît ses premiers émois amoureux et des varlets (jeunes guerriers) Mitko et Vassili, ses collaborateurs.

     

    Comme souvent dans cette collection, ce que j'apprécie ce n'est pas tant l'enquête policière qui n'offre pas de surprise particulière mais plutôt les personnages sympathiques et la reconstitution de l'ambiance de l'époque qui passe par l'utilisation d'expression typiques ("N'ordonne pas de me châtier mais ordonne de me pardonner" quand on s'adresse à plus haut que soi). Ce qui m'intéresse dans cette série c'est de découvrir le mode de vie raffiné des nobles russes. La région de Kiev est en relations avec l'empire byzantin; marchands, produits, modes circulent entre Tsargorod (Byzance) et l'Ukraine. Une lecture plaisante donc.

     

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  • une-telle-monstruosite-journal-d-un-medecin-polonais-1939-1Journal d'un médecin polonais, 1939-1947

     

    En 1919 Zygmunt Klukowski s'installe à Szczebrzeszyn, petite ville de Pologne près de Zamosc dans l'est du pays. Agé alors de 34 ans il y prend la direction de l'hôpital. En 1939, quand débute la seconde guerre mondiale, Zygmunt Klukowski est toujours directeur de l'hôpital de Szczebrzeszyn. Il décide alors de tenir un journal des événements. Bibliophile passionné, propriétaire de nombreux ouvrages, il a, dès le départ, l'intention de réunir des matériaux pour pouvoir plus tard écrire l'histoire de la région pendant la guerre. Il fait donc oeuvre d'historien, recoupant et vérifiant ses informations. Le résultat est le récit poignant des souffrances des populations locales sous la botte nazie puis soviétique. Croyez-moi, à côté de ça, l'occupation de la France c'était de la plaisanterie.

     

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    La rue de Szczebrzeszyn où se trouve l'ancien hôpital du dr Klukowski porte aujourd'hui son nom.

     

    Les Juifs sont les premières victimes des nazis. Ils sont d'abord discriminés, harcelés, déportés puis exterminés. Zygmunt Klukowski note les exécutions sommaires dans la rue (il y avait une importante communauté juive à Szczebrzeszyn) et constate avec répugnance que certains Polonais participent de bon coeur aux persécutions.

     

    L'occupation allemande de la Pologne entraîne des déplacements de population à grande échelle, pas seulement des Juifs. La région de Zamosc était la région d'Himmler. Il avait le projet délirant d'évacuer les populations polonaises de l'ensemble du district de Zamosc (rebaptisée Himmlerstadt) afin d'y implanter 60 000 colons allemands. Fin 1942 commence la mise en oeuvre de ce plan. Des jeunes gens sont capturés et envoyés au travail forcé en Allemagne. Des jeunes enfants sont enlevés à leurs familles et placés dans des familles allemandes pour y être germanisés. En 1942-1943 les Allemands ont ainsi évacué complètement ou partiellement 300 villages et déplacé environ 100 000 personnes, beaucoup vers des camps de concentration dont un à Zamosc. Les personnes d'origine allemande (même lointaine), les Volksdeutsch, sont invités à s'inscrire sur la Volksliste et obtiennent des avantages. Les médecins de l'hôpital de Szczebrzeszyn subissent des pressions pour s'inscrire sur la Volksliste. La plupart refusent.

     

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    A Zamosc, sous le porche de la cathédrale, une plaque en mémoire des enfants polonais déportés.

     

    Les intellectuels sont emprisonnés ou exécutés. Zygmunt Klukowski se cache pour écrire et tremble pour ses livres. Face à toutes ces exactions le sentiment national polonais se renforce (en tout cas chez notre auteur) et la résistance se développe. Des collaborateurs sont exécutés. Il y a aussi du banditisme et on se fait dévaliser chez soi sans savoir si c'est par des brigands ou par des hommes de la forêt (les partisans), qui sont parfois les mêmes. Zygmunt Klukowski apporte son soutien à la résistance. Il reçoit ses officiers chez lui, son jeune fils sert de porteur de messages.

     

    A l'été 1944 les Allemands quittent la région devant l'avancée soviétique. C'est une autre occupation qui commence alors. Les résistants qui refusent d'intégrer l'armée Berling (unités soviétiques polonaises) sont pourchassés et enrôlés de force. Les officiers récalcitrants sont déportés ou exécutés. Un couvre-feu est ordonné, il faut déclarer les machines à écrire et l'hôpital est fouillé comme jamais il ne l'avait été par les nazis. Petit à petit la lassitude gagne les derniers combattants qui se tournent vers le banditisme.

     

    Le journal de Zygmunt Klukowski se termine fin 1945 au moment où le nouveau pouvoir se met en place. Il constate que la nouvelle administration de la région est en partie composée de quasi-illettrés. Il est très occupé par l'édition de ses témoignages sur la région pendant la guerre. Il faut pour cela contourner la censure. Son travail lui vaut, en 1947, d'être convié comme témoin au procès de Nüremberg. C'est le journal de cette expérience qui clos l'ouvrage. Zygmunt Klukowszki est mort à Szczebrzeszyn en 1959.

     

    Un ouvrage très intéressant et qui se lit assez facilement.

     

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  • seigneur

    A  faire lire à ceux qui envisageraient de faire du tourisme -de l'alpinisme à partir des camps de base de la Chine- au Tibet. Pendant les ascensions, la répression continue. Ce qui me choque plus que tout dans ce roman c'est la violence de cette répression qui frappe les Tibétains qui veulent préserver leur culture : la destruction des temples, la torture, l'internement dans les "fabriques à yétis" : les hôpitaux psychiatriques. Un article récent dans Courrier international du 23 au 29 février 2012 confirme que la répression continue au Tibet hors de la vue des journalistes tandis que les immolations par le feu se multiplient.

     

    Qu'est-ce que ça raconte ? La ministre du tourisme chinois est assassinée lors d'un déplacement au Tibet. Une alpiniste américaine aussi mais son corps a disparu. Shan, le héros qui mène l'enquête, est un Chinois passé du côté des Tibétains après avoir été lui-même longtemps interné au bagne local.. Il découvre que le crime plonge ses racines plus de 30 ans auparavant, à l'époque de la révolution culturelle. Les violences d'alors ont généré traumatismes et rancunes encore violents aujourd'hui.

     

    J'aime beaucoup les photos utilisées pour ces éditions récentes des romans de Pattison et particulièrement celle de la couverture du Seigneur de la mort.

     

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  • Quel est l'anagramme de "centrale nucléaire" ?

     

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    à Bayonne, le 11 mars 2012

     

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