• chef

     Alors qu'il apprend qu'il est atteint d'une tumeur au cerveau, le narrateur, Kirpal Singh dit Kip, autrefois cuisinier dans l'armée indienne, reçoit une invitation de son ancien officier, le général Kumar.Celui-ci réside toujours au Cachemire où Kip exerçât et lui demande de venir préparer le repas de noces de sa fille.Depuis Delhi, le voyage en train vers Srinagar est l'occasion pour Kip de se souvenir de sa vie dans l'armée et comment il a appris la cuisine aux côtés du chef Kishen.

     

    Jaspreet Singh touche un peu à tout : à la cuisine indienne aux multiples épices et au conflit entre l'Inde et le Pakistan pour le Cachemire. Il est aussi question de la formation du jeune Kip auprès de son mentor Kishen. Je crois que ça fait un peu trop et je ne suis pas très convaincue par Chef. Je l'ai lu facilement mais je me suis un peu ennuyée. En ce qui concerne le Cachemire, j'avais beaucoup mieux apprécié Shalimar le clown de Salman Rushdie.

     

     

    Chief par Jaspreet Singh
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  • dernier-mogthol-10

     Les moghols sont la dynastie qui régna sur le nord de l'Inde à partir de 1526. Le dernier moghol, l'empereur Bahadur Shah Zafar II, après avoir perdu pratiquement tous ses pouvoirs, fut finalement destitué et emprisonné par les Britanniques suite à sa participation à la révolte des cipayes en 1857.  Le dernier moghol est le récit des événements de cette révolte qui concernent la ville de Delhi, où vivait Zafar. Pour ses recherches -qui ont duré quatre ans- William Dalrymple a travaillé à partir de documents encore inexploités, les mutiny papers, conservés aux archives nationales de l'Inde. Le résultat est passionnant.

     

    William Dalrymple rappelle d'abord le contexte de la présence britannique en Inde, colonisation privatisée sous l'égide de l'East India company. Au début du 19° siècle, les relations entre populations locales et employés de la compagnie changent. Alors qu'au siècle précédent de nombreux Britanniques adoptaient les moeurs indiennes et se mettaient en ménage avec des Indiennes (ce que Dalrymple raconte dans Le moghol blanc), au 19° siècle ces habitudes disparaissent, le colonisateur jette sur la culture indienne un regard de plus en plus méprisant et cherche à imposer sa religion.

     

    La révolte des cipayes éclate en 1857 dans le nord de l'Inde. C'est d'abord une révolte religieuse. Les cipayes sont les soldats indiens de l'East India company. On leur a fourni de nouvelles cartouches dans lesquelles ils doivent mordre. Or la rumeur circule qu'elles contiennent de la graisse de porc (animal impur pour les musulmans) et de vache (sacrée pour les hindous). A Meerut les cipayes se révoltent, des chrétiens sont massacrés.

     

    Le 11 mai 1857 des mutins investissent Delhi. Là aussi, les chrétiens sont massacrés. Il s'agit d'abord de Britanniques mais aussi d'Indiens convertis. Les Européens convertis à l'islam sont épargnés. Zafar est sommé de se mettre à la tête de la révolte. C'est un vieil homme de plus de 80 ans. Il désapprouve mais ne peut refuser. Il sert en quelque sorte de caution morale mais ne commande pas grand chose.

     

    Pendant quatre mois Delhi reste aux mains des révoltés. Elle attire de nouvelles troupes mutinées qui pillent les habitants. Ceux-ci écrivent à l'empereur pour se plaindre. Ce sont ces mutiny papers qui ont servi de source à William Dalrymple et qui montrent un fossé croissant entre les habitants de Delhi et les cipayes. En fait il y a trois camps : les cipayes et les Britanniques occupés à se battre et les habitants pris entre deux feux qui subissent au quotidien les conséquences de toutes ces violences.

     

    En septembre 1857 des troupes britanniques renforcées prennent Delhi. L'heure de la vengeance a sonné pour des officiers fanatisés qui ont parfois perdu des proches au début de la révolte. A leur tour ils vont massacrer et sans discernement, anti et pro-anglais. La couleur de la peau est le seul critère. Leurs journaux et les courriers qu'ils adressent à leurs familles montrent leur absence de remords et le sentiment de supériorité raciale qui les habite. On massacre en bon chrétien, convaincu d'avoir Dieu de son côté. Finalement Delhi est en partie rasée, des trésors architecturaux disparaissent. Zafar jugé et chargé de toutes les responsabilités est exilé en Birmanie où il meurt en 1862.

     

    J'ai trouvé cet ouvrage très intéressant et facile à lire avec beaucoup de témoignages qui le rendent vivant. William Dalrymple montre bien les méfaits de la colonisation, la façon dont leur prétendue supériorité a conduit les Britanniques à se comporter en véritables sauvages et le gâchis qu'il en est découlé à tous points de vue.

     

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  • ERNAUX-Annie-les-annees-folio

    Ce livre m'a été offert à Noël par ma fille qui l'avait énormément apprécié. Je l'en remercie mais je dois dire que mon opinion est plus mitigée.

     

    Née en 1940, Annie Ernaux nous trace là un panoramique de la vie en France depuis l'après-guerre. Elle part de photos d'elle aux différents âges de sa vie pour rappeler ses souvenirs mais elle se place en observatrice extérieure, parlant d'elle à la troisième personne.

     

    Au début j'ai apprécié la peinture de la France des années 50, l'entrée progressive dans la société de consommation avec toutes ses merveilles. Beaucoup de descriptions me semblent très justes. Même si Annie Ernaux est plutôt de la génération de ma mère, j'ai aimé retrouver des souvenirs communs.

     

    Puis assez vite, j'ai trouvé ça ennuyeux et c'est du à ce style qui a un côté impersonnel. Il me donne l'impression que l'auteure ne ressent rien, qu'elle subit sa vie plus qu'elle ne la vit. Par contre il fait bien ressentir l'accélération du temps. A la fin elle explique son choix d'une "autobiographie impersonnelle", "pour, en retrouvant la mémoire de la mémoire collective dans une mémoire individuelle, rendre la dimension vécue de l'Histoire". C'est à ce moment là que, de nouveau, je trouve la lecture intéressante.

     

    Comme bilan je dirais que c'est un livre intelligent et travaillé. Elle dit, et je la crois, qu'il l'a hantée pendant des années. Elle fait une part large à l'évolution de la condition féminine. Ca aussi ça devrait me plaire. Et pourtant ça ne fonctionne pas vraiment.

     

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  • revelation.GIF

     Ce livre m'a été offert à Noël par mon fils qui sait mon goût pour Anne Perry. Je l'en remercie. Je dois reconnaître cependant que je n'ai pas trop apprécié cet ouvrage.

    Peu avant Noël, Emily Radley doit quitter sa famille pour s'en aller en Irlande chez une tante mourante. Dans un village du bord de mer, alors que la tempête menace, chacun semble craindre la répétition d'un drame survenu sept ans auparavant : un jeune marin, seul rescapé d'un naufrage, avait été assassiné. Par qui ? Emily décide de mener l'enquête.

     

    Depuis quelques années les éditions 10-18 nous sortent pour Noël ces courts récits qui mettent en scène des personnages secondaires des aventures de Charlotte et Thomas Pitt (Emily est la soeur de Charlotte). Le résultat est inégal. Pour moi cette année, c'est raté. Son enquête amène Emily à se poser des questions sur son mariage, ce n'est pas dans La révélation de Noël qu'on aura les réponses. Quant aux autres personnages du roman ils sont à peine esquissés et le résultat n'est guère crédible. Anne Perry qui avance à petits pas a besoin de plus de pages pour déployer son talent.

     

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  • mauriceBiographie du couple Thorez

     

    Les congés de fin d'année m'ont donné l'occasion de terminer enfin Maurice et Jeannette dont la lecture n'avançait guère. Je l'ai trouvé très intéressant mais j'avais besoin de pouvoir m'y plonger à tête reposée.

     

    Lire l'histoire de Maurice Thorez et Jeannette Vermeersch c'est lire l'histoire du PCF des années 20 aux années 60 et, pour certains épisodes (le Front populaire, la IV° République), celle de la France. Maurice est le personnage principal. C'est un homme charismatique au contact facile et que beaucoup apprécient. Jeannette est plus en retrait. Je suis frappée de voir à quel point le parti communiste français, comme les autres partis, a laissé peu de place aux femmes en politique. L'un et l'autre sont des staliniens convaincus que rien ne fait dévier de leur attachement pour "l'homme que nous aimons le plus" alors même que l'URSS évolue après l'arrivée au pouvoir de Khrouchtchev.

     

    Annette Wieviorka s'est attachée à ses personnages qu'elle défend contre les accusations malveillantes qui ont été portées contre eux : Maurice, mauvais Français; Jeannette, manipulatrice. Mais en même temps elle n'hésite pas à montrer leurs contradictions qui sont aussi celles de leur parti : la vie bourgeoise qu'ils mènent (financée par le parti), le culte de la personnalité dont ils sont l'objet et qui les coupe peu à peu du peuple alors qu'ils se considèrent comme les représentants de la classe ouvrière.

     

    C'est un livre que j'ai apprécié et qui m'a appris des choses. Ca m'a donné envie de relire les mémoires de Paul Thorez (le fils) qui sont une des sources de Maurice et Jeannette.

     

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    DSCN3936.JPG

    En attendant le printemps, bonne année et bonnes lectures !

     

    Et voici mon best of pour 2010 :

    Carrère Emmanuel, L'adversaire

    Goudge Elisabeth, La colline aux gentianes

    Milton Giles, Le paradis perdu

    Reiss Tom, L'orientaliste

     

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  • Enfant44.jpg

     URSS, 1953. Léo est un officier zélé du MGB, ancêtre du KGB. Son travail consiste à arrêter les personnes coupables de menées antisoviétiques et cela en fait du monde. Quand ses supérieurs lui demandent de surveiller sa propre femme Raïssa, Léo commence à se poser des questions. C'est la mort de Staline qui les sauve. Léo et Raïssa seront seulement limogés et exilés dans un trou perdu de l'Oural.

     

    Dans son nouveau poste Léo se persuade qu'un tueur en série écume tout le sud du pays massacrant des enfants que l'on retrouve éventrés et la bouche pleine d'écorce. Dans l'URSS de l'époque, paradis du peuple, de telles choses ne sont pas concevables. Aussi c'est en secret que Léo et Raïssa vont mener l'enquête, mettant en péril leurs vies et la sécurité de ceux qui les entourent. Pour Léo cette affaire est aussi l'occasion de rebâtir sa vie, fondée sur les mensonges et le non-dit.

     

    En plus d'un thriller (j'en ai lu des plus palpitants, quand même), Enfant 44 est aussi une peinture de la terreur stalinienne. Tout ceci se lit plutôt facilement car il y a du suspense mais je ne l'ai pas trouvé très bien écrit. Il y a un méchant qui poursuit le héros de sa haine à travers toute l'URSS sans que j'aie très bien compris pourquoi et cela donne un côté caricatural à l'ensemble. Si cela ne m'a pas vraiment emballée ça m'a en tout cas donné envie de me replonger dans de meilleurs ouvrages traitant de la même époque. J'ai ça chez moi, je m'y mets dès que je reviens de Noël (à moins qu'on ne m'offre des livres trop alléchants d'ici là).

     

    L'avis de Zarline.

     

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  • prisonniers-du-paradis.jpg

     Un petit avion transportant les membres d'une mission de l'ONU, personnels de santé et forestiers, s'écrase au large de l'Indonésie sur une île apparemment déserte. Les premiers temps sont très difficiles pour la cinquantaine de rescapés, hommes et femmes, qui tentent de s'organiser pour survivre. La faim qui attise les mésententes les frappe durement. Mais une fois qu'ils ont maîtrisé leur environnement, qu'ils ont recréé une petite société, ils peuvent enfin apprécier la vie dans leur petit paradis. Ils travaillent à signaler leur présence au reste du monde et en même temps certains commencent à se demander si on ne pourrait pas avantageusement finir ses jours ici.

     

    Voilà un petit roman amusant. Ca me rappelle que quand j'étais enfant, j'aimais beaucoup les histoires de Robinsons. Les enfants de Deux ans de vacances de Jules Verne qui, si je me souviens bien, n'étaient pas du tout en vacances mais avaient recréé une sorte d'école. Les Robinsons suisses, très industrieux eux aussi. Ici les naufragés sont des Scandinaves. Ils distillent de l'alcool et construisent des saunas tandis que les sage-femmes organisent le planning familial.

     

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  • salaud.jpg

     En 1942 Clément Duprest, âgé d'une vingtaine d'années, intègre les Brigades spéciales, les Renseignements généraux de l'époque. Xénophobe et antisémite c'est avec conviction qu'il fait son travail de renseignement, de filatures et d'arrestations. Néanmoins il est convaincu qu'il ne fait pas de politique car il n'est encarté nulle part. A la Libération, grâce au soutien d'individus qui ont tous leurs bonnes raisons, Duprest échappe à l'épuration et reprend rapidement du service pour le nouveau gouvernement. On le suit tandis qu'il organise le noyautage d'organisations communistes, qu'il neutralise des partisans du FLN pendant la guerre d'Algérie, qu'il surveille les étudiants en mai 68, qu'il intervient pour que Coluche retire sa candidature aux présidentielles. Il est partout, cet homme. Il prend sa retraite en 1981.

     

    Voilà un roman qui ne donne pas une image très positive de notre république. L'épuration a consisté à faire sauter les fusibles trop visibles ou qui s'étaient par trop salis les mains. Les autres ont pu continuer à exercer leurs compétences, pratiquement dans les mêmes locaux. Quelque soit le gouvernement, il y a besoin de gens sans scrupules pour les basses besognes.

     

    En parallèle de la vie professionnelle de Duprest, Didier Daenninckx nous décrit aussi sa vie privée plutôt morne : un mariage décevant et un fils avec lequel il a bien peu en commun pendant longtemps. Quand père et fils se retrouvent enfin il y a là aussi un fond de bassesse qui ne pousse pas à l'euphorie. Bien que son héros soit peu reluisant j'apprécie que Daenninckx ne le caricature pas et le montre presque comme un homme ordinaire. Il y a matière à réflexion dans cette lecture ceci dit j'ai trouvé que l'écriture manquait un peu de relief.

     

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  • libellules

     C'est par hasard à ma bibliothèque que j'ai découvert cette dernière aventure d'Eraste Pétrovitch Fandorine qui n'est pas encore sortie en poche et dont j'ignorais l'existence. J'ai aussitôt mis la main dessus car j'adore cette série.

     

    L'histoire commence en 1905. La Russie est en guerre contre le Japon dont les espions sont à l'oeuvre sur le territoire russe pour des opérations de déstabilisation. Fin connaisseur du japon, Fandorine est envoyé à la poursuite d'un ninja prêt à tout et qui semble insaisissable.

     

    La guerre russo-japonaise n'est en fait qu'un prétexte pour nous ramener près de 30 ans en arrière, en 1878 quand, encore tout jeune homme, Fandorine débarquait à Yokohama pour y prendre le poste de vice-consul de Russie. Dès le premier jour il fait la connaissance de Massa qui devient son fidèle serviteur et il est entraîné dans des aventures mouvementées contre une bande de ninjas.

     

    Comme son héros Boris Akounine est un fin connaisseur du Japon. Toujours avec l'humour qui le caractérise, il nous montre les luttes d'influence des puissances occidentales autour de ce pays émergent, les luttes internes aussi pour s'autonomiser. Malgré leur sentiment de supériorité, pas sur que les Européens soient les plus habiles à ce jeu. On découvre aussi l'origine du pseudonyme d'Akounine. Tout cela est comme toujours très intelligemment fait. Si je m'amuse beaucoup en lisant Akounine, la fin est généralement plutôt triste pour le héros, heureux au jeu, malheureux en amour. Ici je dirais même qu'elle est tragique, à l'égal de celle d'Azazel qui inaugurait la série. Pauvre Eraste Pétrovitch !

     

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