• sang

    En 1273, Anna Lascaris, jeune veuve originaire de Nicée, médecin, arrive à Constantinople. Son frère jumeau, Justinien, qui y vivait, a été accusé de meurtre et condamné à l'exil dans un monastère du Sinaï. Anna ne peut croire à la culpabilité de Justinien et veut prouver son innocence. Pour mener l'enquête en toute discrétion, elle s'installe à Constantinople sous l'identité d'Anastasius Zaridès, médecin eunuque, ce qui lui permet de côtoyer et de soigner aussi bien des femmes que des hommes.

     

    Avec ce gros roman (près de 1000 pages) c'est une fresque qui s'étale sur 10 ans (1273-1282) qu'Anne Perry nous présente. Au 13° siècle l'empire byzantin entame son déclin après le sac de Constantinople par les croisés en 1204. La ville a alors été pillée de toutes ses richesses et des reliques qui y attiraient les pèlerins. Elle a perdu une source de revenus importante.

     

    En 1273, quand l'histoire commence, le prince de Sicile, Charles d'Anjou, envisage de mener une nouvelle croisade. Il s'agit de délivrer Jérusalem des musulmans et au passage de prendre une nouvelle fois Constantinople pour rentrer dans ses frais. Car la croisade apparait ici comme étant aussi une opération commerciale. Son organisation coute cher. Il faut disposer d'une flotte importante. Seuls les chantiers navals de Venise peuvent construire suffisamment de navires. Les Vénitiens interviennent donc en faveur de la croisade.

     

    A Constantinople l'empereur Michel Paléologue est conscient du danger qui le menace. Pour le contrer il envisage de s'allier avec Rome en mettant fin au schisme religieux. Si les orthodoxes devenaient catholiques ils seraient alors protégés par le pape. Mais il existe aussi un parti qui ne veut pas de cette union. Pour eux les Latins sont des barbares avec leur foi simpliste. Les factions s'opposent donc, complotent, cherchent des alliances pour convaincre le peuple et l'empereur.

     

    Rome est aussi le lieu d'intenses luttes de pouvoir. Tout dépend qui est le pape (en 1276, quatre se succèdent sur le trône de Saint Pierre). Les Italiens sont pour la réunification des deux Eglises mais les Français sont du côté de Charles d'Anjou et Martin IV excommunie l'empereur Michel Paléologue en 1281. Il semble alors que le prince de Sicile ait la voie libre.

     

    C'est sur ce fond historique fourni que l'auteur place les personnages de son roman. Ils sont nombreux mais comme l'histoire s'étale sur la durée on a le temps de faire leur connaissance. L'aspect psychologique est fouillé. Comme toujours chez Anne Perry on se pose beaucoup de questions sur la morale. Il y a aussi une charmante histoire d'amour. J'ai trouvé le résultat passionnant et j'ai dévoré ce livre qui m'a donné envie d'en apprendre plus sur cette période.

     

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  • une-bonne-epouse-indienne-de-anne-cherian-livre-878247154 M

     

    Neel Sarath pensait avoir mis suffisamment de distance entre lui et sa famille indienne en étudiant et en s'installant définitivement à San Francisco comme médecin anesthésiste. Il croyait pouvoir échapper aux sollicitations de ses parents qui souhaitent avant tout le voir marié avec une compatriote de la bonne caste. Ce qu'il veut, lui, c'est s'intégrer dans son nouveau pays, intégration qui, pense-t-il, passe par une relation avec une femme blanche. C'est sa secrétaire, Caroline, qui joue ce rôle. Cependant, à l'occasion d'un voyage dans son pays d'origine, il est piégé et ne peut refuser d'épouser Leila sous peine de ternir l'honneur familial.

     

    Pour la mère de Leila qui tente de caser son aînée depuis des années la demande de la famille de Neel est un soulagement. Sa fille est certes belle et intelligente mais elle a 30 ans et pas de dot. Qu'elle épouse un médecin résidant aux Etats-Unis était donc inespéré. Leila quant à elle est heureuse d'avoir été choisie par un homme qui, jusqu'à présent, refusait toutes les propositions. Elle déchante dès son arrivée aux Etats-Unis quand il apparait que Neel n'a pas l'intention de la traiter en épouse. Mais ce que Neel doit encore découvrir c'est que Laila n'est pas une simple potiche et qu'elle a aussi son mot à dire.

     

    On a compris dès le début que tout se terminerait au mieux donc pas de surprise à cette lecture. J'apprécie particulièrement les scènes qui se déroulent en Inde et dont les descriptions réveillent en moi des souvenirs d'odeurs, de saveurs, d'ambiances. Tout ce qui se passe aux Etats-Unis est moins exotique et aurait pu être raccourci un peu à mon avis.

     

    Le propos d'Anne Cherian est de défendre le mariage arrangé ou du moins de nous le présenter comme une option acceptable. Je retrouve l'argument déjà rencontré dans des Bollywood : en Occident vous considérez le mariage d'amour comme supérieur et pourtant un très grand nombre se termine par un divorce. L'auteur est en même temps dans une position un peu difficile car elle sait ce qu'on peut lui opposer et tente d'évacuer ces critiques d'une façon qui ne doit même pas la convaincre elle-même. La jeune mariée harcelée par sa belle-mère ? Celle-ci a le bon goût de mourir rapidement et ensuite c'est le bonheur. La femme trompée ? Elle conquiert son mari. La femme battue ? Elle puise sa consolation dans l'idée qu'elle fait son devoir.

     

    En ce qui me concerne je suis convaincue que les mariages arrangés vont de pair avec le statut inférieur des femmes qui ont plus à gagner qu'à perdre à leur émancipation. Maintenant, si je mets de côté ma sensibilité féministe, je reconnais que ce roman facile à lire était bienvenu à un moment où j'avais besoin de quelque chose de léger. J'ai parlé plus haut de Bollywood, c'est exactement cela, ça pourrait faire un scénario de film indien. Ne manquent plus que les chants et les danses.

     

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  • voltaire

     Paris, hiver 1897. Meurtres en série quai Voltaire. Les victimes sont des amateurs de vieux livres et de confitures. Quel rapport entre les deux ? Il y en a un, que vont découvrir nos amis Victor Legris et Joseph Pignot en menant l'enquête.

     

    Cette nouvelle aventure des deux libraires associés se déroule dans le milieu des bouquinistes parisiens, milieu que connaissent bien les deux soeurs qui se cachent derrière le pseudonyme de Claude Izner- elles sont ou ont été bouquinistes.

     

    Je regrette que les héros soient délaissés au profit d'une longue galerie de personnages parmi lesquels j'ai parfois un peu de mal à me retrouver. Les auteurs touchent à beaucoup de choses sans vraiment approfondir. Ainsi de l'affaire Dreyfus qui sert d'arrière-fond bien lointain à cette histoire. Le résultat est léger et plaisant à lire et ne laissera pas un souvenir impérissable.

     

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  • Julius Margolin, Voyage au pays des Ze-Ka, Le bruit du tempsJulius Margolin était un Juif d'origine polonaise. Sioniste, il a émigré en Palestine en 1936. En septembre 1939 il est de passage à Lodz quand l'Allemagne nazie envahit la Pologne. Il se réfugie dans la partie est du pays, bientôt occupée à son tour par les troupes soviétiques. Il cherche à rejoindre la Palestine par tous les moyens mais n'y parvient pas. Refusant d'accepter le passeport soviétique il est arrêté, condamné à cinq ans de détention et déporté au goulag.

    "On photographia tous les prévenus et on pris nos empreintes. (...) Je ne sais plus à quelle occasion je pus voir ma photo. C'était une image terrible, et non seulement parce qu'elle était techniquement mauvaise : je ne m'étais pas reconnu. Six semaines de prison soviétique avaient détruit toute trace de vie intellectuelle : on y voyait la trogne renfermée, émaciée, poilue et criminelle d'un tueur professionnel avec des yeux écarquillés (on m'avait obligé à retirer mes lunettes) cernés de bleu et de grosses lèvres enflées. Un type comme ça méritait au moins cinq ans de travaux forcés."

     

    Le récit commence par un long développement sur la situation de la Pologne et de sa population (particulièrement des Juifs) pris entre le marteau et l'enclume à l'automne 1939. C'est une heureuse découverte pour moi qui me suis intéressée à ce sujet depuis quelque temps. Le gros de l'ouvrage est consacré aux conditions de détention de Margolin à travers trois camps différents. Sont évoqués le travail forcé à l'abattage des arbres, la sous-alimentation chronique particulièrement sévère en ces années de guerre où les détenus meurent littéralement de faim, les violences des gardes et encore plus entre prisonniers.

     

    Julius Margolin est un intellectuel bien peu préparé à ce qu'il découvre. C'est à la fois sa faiblesse et sa force. Faiblesse car il est une victime toute désignée pour les droit commun qui volent nourriture et biens, force car il s'attire la bienveillance des médecins du camp et à plusieurs reprises il est sauvé in extremis. En dénutrition il est admis à l'infirmerie où les places sont comptées. Son voisin de lit meurt aussi de faim mais c'est lui que l'équipe médicale décide de sauver car elle n'a pas assez pour deux. Vous avez une famille, lui non, lui dit le médecin. Mais je sens bien qu'il y a autre chose de non-dit derrière ce choix.

     

    En 1946 Julius Margolin rentre enfin chez lui avec l'envie de témoigner qui ne l'a pas quitté depuis son arrestation.

    "Pendant ces derniers mois, souvent, dans les rues de Pinsk, j'avais vu passer des camions pareils à celui-ci et je les croyais vides; ils cahotaient bruyamment sur le pavé et, dans un coin, sur le rebord, un homme armé était assis. Ceux-là aussi étaient pleins de gens couchés, recroquevillés afin qu'aucun des passants ne pût les apercevoir. En ce moment, des gens que j'avais connus passaient peut-être et on me dérobait à leur vue. Ce régime dissimulait ce qu'il faisait derrière les ridelles vertes du camion. Et moi, étendu, je fis le serment de rabattre un jour ces ridelles vertes afin que le monde entier vît ce qu'elles cachaient."

     

    Voyage au pays des Ze-Ka a été publié pour la première fois en France sous le titre La condition inhumaine. Tout est dit dans cet ouvrage de la réalité du goulag que les compagnons de route du PC ont voulu taire et que le grand public n'a découvert que beaucoup plus tard. Le reste de son existence Margolin a lutté pour les détenus du goulag et ce que lui disait son entourage c'est Tu mens ou Tu as raison mais il ne faut pas le dire. Je trouve que c'est une violence supplémentaire qui s'est ajoutée à la violence qu'ont été ses conditions de survie pendant cinq ans.

    "Ne te trompe pas, lecteur, et ne confonds pas les camps soviétiques avec ceux de Hitler. N'excuse pas les camps soviétique parce que Auschwitz, Majdanek et Tréblinka furent pires. Rappelle-toi que les usines de mort de Hitler n'existent plus; elles ont passé comme un cauchemar et, sur leur emplacement, s'élèvent des monuments au-dessus des tombes des victimes. Mais le 48° carré, Krouglitsa et Kotlas fonctionnent toujours, et des hommes y périssent aujourd'hui comme ils y périssaient il y a cinq et dix ans. Tends l'oreille et tu entendras comme moi, chaque matin à l'aube, venant de loin :

    - Debout !"

     

    Voyage au pays des Ze-Ka est donc un ouvrage très intéressant mais pas toujours facile à lire parce qu'il est très long (près de 800 pages). L'avis de Dominique.

     

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  • les-chaussures-italiennes.jpg

    Fredrik Welin, un ancien médecin vieillissant, vit seul sur une île héritée de ses grands-parents. Chaque jour il se baigne dans l'eau glacée de la Baltique, ce qui lui rappelle qu'il est encore en vie. Un matin il voit apparaître Harriet qu'il aima autrefois et qu'il abandonna du jour au lendemain sans explication. Elle est gravement malade, elle va mourir et elle lui demande de tenir la promesse qu'il lui avait faite de lui montrer un lac forestier. Elle a d'autres idées derrière la tête mais quand Fredrick le découvrira il ne pourra plus reculer.

     

    "Je serai bientôt morte. Toi, tu vivras un moment encore, puis tu mourras aussi. Alors la trace sera effacée pour de bon. De cette petite lumière qui aura clignoté, vite, entre deux grandes obscurités".

    "Avant de mourir, il faut que je sache pourquoi j'ai vécu. Il me reste encore un peu de temps, alors il faut que je l'utilise au mieux."

     

    La question est celle du sens de la vie, de ce que nous laissons derrière nous, mais traité d'une façon qui n'apporte rien de nouveau au sujet, il me semble. C'est gentillet et un peu décevant. Après Le cerveau de Kennedy je n'ai décidément pas de chance avec Henning Mankell.

     

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  • arton22243-51b69Jedwabne 1941, la mémoire d'un pogrom dans la Pologne d'aujourd'hui

     

    A Jedwabne, petite ville de l'est de la Pologne, le 10 juillet 1941, les habitants polonais ont rassemblé sur la place du marché leurs voisins juifs et les ont persécutés toute la journée. Le soir les survivants ont été enfermés dans une grange à laquelle le feu a été mis. Plusieurs centaines de personnes ont été assassinées ce jour-là. Dans les alentours des pogroms similaires ont eu lieu à la même époque. Les Allemands n'étaient pas présents sur place ou en nombre très limité.

     

    Après la guerre le pouvoir communiste a jugé quelques uns des meneurs. Ils ont été condamnés à de courtes peines ou acquittés. Petit à petit l'idée s'est imposée en Pologne que ce crime avait été organisé et encadré par les Allemands. A Jedwabne tout le monde connaissait la vérité mais la loi du silence régnait. Les assassins tenaient le haut du pavé, ceux qui avaient caché des Juifs rasaient les murs.

     

    En 2000 Jan Gross, écrivain américain d'origine polonaise, publie Les voisins. En s'appuyant sur le témoignage d'un des rares rescapés il assure que les coupables sont bien les habitants polonais de Jedwabne. En Pologne, l'ouvrage de Gross a un grand retentissement et déclenche la polémique. Anna Bikont, journaliste à Gazeta Wyborcza, part enquêter à Jedwabne et dans les environs où elle rencontre des acteurs du pogrom : rescapés, témoins, bourreaux. Elle s'interroge aussi sur la mémoire des événements : comment les habitants de Jedwabne vivent-ils aujourd'hui avec l'accusation qui frappe leur communauté ?

     

    Le résultat est un ouvrage passionnant qui alterne journal (il s'étale du 28 août 2000 au 30 juin 2003) où l'auteur relate ses rencontres à la recherche de la vérité et parties plus historiques. A Jedwabne le sentiment qui domine est un antisémitisme forcené qui me fait froid dans le dos et qui rend Anna Bikont physiquement malade. Elle-même est juive, information qui ne tarde pas à se répandre dans cette communauté obsédée par l'origine réelle ou supposée de ses interlocuteurs. Elle doit rendre visite en cachette à certains témoins pour qu'ils ne soient pas victimes de malveillances (coups de téléphone en pleine nuit). Heureusement elle rencontre aussi des personnes capables d'évoluer, ainsi le maire de la ville, finalement obligé de démissionner après avoir organisé une cérémonie commémorative du pogrom.

     

    Le crime et le silence est paru en Pologne en 2004 et vient seulement d'être traduit en français. Que s'est-il passé à Jedwabne depuis que l'affaire a éclaté il y a dix ans ? Une postface nous en informe : rien n'a changé, l'antisémitisme domine encore. La Pologne pendant ce temps a évolué. J'ai participé à un voyage d'étude dans ce pays fin août. J'ai rencontré des Polonais, artistes, enseignants qui travaillent au quotidien pour faire vivre la mémoire de la vie juive et de la shoah dans leur pays.

     

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  • musique.jpg

    Vienne, 1903. Une chanteuse d'opéra à succès, Ida Rosenkrantz, est retrouvée morte dans sa chambre. Accident, suicide par excès de laudanum ? A l'autopsie la découverte d'une côte cassée laisse penser qu'elle aurait pu être assassinée. L'inspecteur Rheinhardt mène l'enquête dans les plus hautes sphères de la société viennoise que fréquentait Ida. Comme d'habitude Rheinhardt reçoit l'aide de son ami, le psychiatre Max Liebermann.

     

    En parallèle de cette enquête dans le présent Max Liebermann s'interroge aussi sur la mort prématurée, 40 ans plus tôt, du compositeur David Freimark. Là aussi l'accident apparent ne serait-il pas en fait un crime ? C'est la musique -plus ses talents professionnels- qui permettra au psychiatre de résoudre cette deuxième affaire que j'ai trouvée plus intéressante que la première.

    Enfin notre héros progresse dans sa relation avec miss Lydgate à partir du moment où celle-ci décide de prendre un peu les choses en main.

     

    J'ai retrouvé avec plaisir les personnages de cette série que j'apprécie et qui m'a procuré un bon moment de lecture. L'arrière-plan historique nous montre un empereur François-Joseph vieillissant, fragilisé par des scandales et par la montée de l'antisémite Lueger, bourgmestre de Vienne. Dans les confins de l'empire les minorités s'agitent et nos personnages s'en inquiètent tout en voulant croire que le pire ne viendra pas :

    "- Le bourgmestre, le palais et comme si ça ne suffisait pas, maintenant la Serbie !

    - La Serbie ?

    - Les assassinats ! Mon collègue Hohenwart pense qu'il va y avoir une guerre.

    - C'est  impossible. La Serbie n'est pas un pays assez important. Quelques escarmouches, peut-être..."

     

    La quatrième de couverture nous annonce que cet ouvrage est le dernier de la série. Pourtant à la lecture je ne trouve rien de définitif. Moi aussi je veux croire que cela ne sera pas.

     

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  • petits enfants

    Le livre de ma grand-mère où Fethiye Cetin racontait sa découverte de ses origines arméniennes et l'histoire de sa grand-mère a eu, nous dit-on, un fort retentissement en Turquie. Sa lecture a amené un certain nombre de Turcs à s'interroger sur leurs origines et, éventuellement, à découvrir l'existence d'ancêtres arméniens. Les petits-enfants est un recueil d'entretiens avec 24 Turcs ayant des origines arméniennes. Ils disent comment ils l'ont appris, ce que ça a changé pour eux, comment ils vivent leur situation dans la Turquie d'aujourd'hui qui nie toujours le génocide des Arméniens. En lisant ces témoignages j'ai eu le sentiment de comprendre un peu la mentalité turque.

     

    Je découvre que dans l'est du pays beaucoup de familles ont des origines arméniennes. D'abord il y avait des unions mixtes ensuite, pendant le génocide, des jeunes filles ont été prises comme épouses, des enfants, plus souvent des filles, ont été recueillis et adoptés. Ces convertis à l'islam ont parfois gardé des relations avec des membres de leur famille dans la diaspora arménienne.

     

    Les témoignages sont suivis d'une analyse par Ayse Gül Altinay, sociologue, qui s'interroge sur le silence qui recouvre les survivants arméniens. Pourquoi leur existence a-t-elle été éludée, autant par les Turcs que par les Arméniens ? Des réponses très convaincantes sont proposées par des universitaires féministes. Les survivants sont majoritairement des femmes (et des enfants) définis par rapport aux hommes auxquels elles "appartiennent". Ces femmes ne sont pas considérées comme protagonistes de l'histoire mais confondues dans la masse des victimes du génocide et elles "disparaissent".

    Une autre explication c'est, du côté turc, le mythe de la pureté ethnique et du côté arménien, la difficulté à ne pas mettre tous les Turcs dans le même sac, responsables en bloc des massacres.

     

    C'est le genre de livre dont la lecture donne l'impression d'être plus intelligent. Je l'ai trouvé passionnant.

     

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  • hommeinterieur

    L'homme intérieur, deuxième aventure du Kriminal-Oberkommissar Hoffner, se déroule huit ans après Rosa et a bien été écrit après pourtant il est paru avant en France. Etrange, non ? Certes les deux histoires sont indépendantes cependant il est fait plusieurs fois allusion à cette première enquête qui a eu des conséquences traumatisantes pour le héros. Maintenant que les deux sont publiées, autant rétablir l'ordre.

     

    Berlin, 1927. Dans les studios cinématographiques de l'UFA un producteur est retrouvé mort dans sa baignoire. C'est manifestement un crime maquillé en suicide. A la poursuite de l'assassin l'inspecteur croisera Fritz Lang ainsi que l'inventeur d'un ingénieux système de sonorisation du cinéma -invention qu'Hollywood aimerait bien neutraliser. Il utilisera de nouveau les services d'Alby Pimm, parrain berlinois et reprendra contact avec son fils Alexander qui est maintenant membre du tout jeune parti nazi.

     

    Cette lecture est pour moi une déception car je n'ai pas tout saisi de l'intrigue que j'ai trouvée bien compliquée. Il y a des dialogues où au bout de trois répliques je ne sais plus qui parle et j'ai beau relire cela ne m'éclaire guère. C'est un peu agaçant. Finalement, qui a tué et pourquoi ? Je serais bien en peine de le dire. Je crois que si j'avais découvert Jonathan Rabb avec L'homme intérieur je n'aurais pas poursuivi ce qui aurait été dommage pour Rosa.

     

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  • la-riviere-noire.jpg

    Dans le centre ville de Reykjavik, un homme, Runolfur, est retrouvé égorgé à son domicile. Dans sa poche, des comprimés de Rohypnol, la drogue du viol. Sur place, des éléments qui laissent penser qu'une femme était présente dans l'appartement au moment des faits. Runolfur aurait-il été tué par une femme qu'il était en train de violer ?

     

    En l'absence du commissaire Erlendur, le héros habituel de cette série, c'est son adjointe Elinborg qui mène l'enquête. Je fais donc connaissance de façon plus approfondie avec ce personnage qui se passionne pour la cuisine indienne. On peut comprendre pourquoi quand elle évoque la cuisine islandaise de son enfance : "Le mercredi était le jour du poisson faisandé (...). Une bonne quantité de graisse de mouton ne suffisait pas à atténuer l'odeur de ce mets délicat que sa mère faisait bouillir jusqu'à embuer l'ensemble des vitres de la maison au point de boucher la vue."

     

    Elinborg est mère de trois enfants dont un ado boudeur qui lui adresse de moins en moins la parole et se confie sur internet ce dont elle soufre. J'aime ce contraste entre une vie somme toute tranquille avec ses soucis quotidiens et cette enquête qui amène notre héroïne à rencontrer des victimes de viol et qui fait remonter à la surface des agressions plus anciennes. Arnaldur Indridason montre bien tout le travail de fourmi et les tâtonnements qu'il y a derrière la découverte de la vérité mais si j'apprécie cette série c'est d'abord pour la présentation de l'Islande et de la vie quotidienne dans ce pays lointain.

     

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