• nature-morte.jpg

    Dans le petit village de Three Pines, à une heure de route de Montréal, juste avant Thanksgiving, Jane Neal, institutrice à la retraite est retrouvée morte. Elle a été tuée par une flèche (on chasse à l'arc au Québec). S'agit-il d'un accident de chasse ou d'un meurtre ? L'inspecteur-chef Armand Gamache, dépêché de Montréal, s'installe à l'auberge du village avec son équipe.

     

    J'ai beaucoup aimé ce roman. L'intérêt s'installe doucement et il faut un peu de temps pour que cela démarre mais une fois que j'ai été prise j'ai eu du mal à le lâcher avant la fin. Pour moi l'intérêt principal réside dans l'analyse psychologique des personnages que j'ai trouvés très justes. Les protagonistes sont amenés à se poser des questions sur ce qui les fait agir et réagir, on suit leurs pensées et on pourrait très bien se mettre à leur place. J'ai particulièrement apprécié Clara Morrow, meilleure amie en deuil de la victime et Yvette Nichol, jeune stagiaire sous les ordres de Gamache, imbue d'elle-même et tellement anxieuse de donner une image positive qu'elle en accumule bêtise sur bêtise.

     

    L'enquête policière aussi est bien menée avec un suspense maintenu jusqu'à la fin et une chute qui ne me déçoit pas. Enfin il y a le cadre sympathique de ce village bobo de la couronne périurbaine de Montréal, essentiellement peuplé par des "Anglos". Nature morte est le premier d'une série policière qui en compte déjà trois. Aucun doute que je m'intéresserai de nouveau aux enquêtes d'Armand Gamache.

     

    1 commentaire
  • colombo

     Les Kandiah et les Vallipuram sont deux familles aisées du Sri-Lanka et dont une partie des membres ont migré aux Etats-Unis où ils sont médecins ou professeurs d'université. Colombo-Chicago nous raconte, sur trois générations, les histoires d'amour et de mariage de certains des membres de ces deux familles. Il est question de la volonté de conserver ses traditions et de la difficulté de les faire vivre dans un pays où elles ne sont pas adaptées au mode de vie. Ainsi du mariage arrangé qui nous est présenté comme menant le plus souvent les conjoints à la frustration, quand ce n'est pas à des sentiments négatifs plus violents, dès lors que la famille élargie n'est plus là pour faire tampon entre les époux.

     

    Voilà quelque chose qui pourrait être intéressant mais qui manque son but à mon sens car les personnages sont traités trop rapidement et on saute ensuite à un suivant, sans avoir vraiment eu le temps de faire connaissance. L'arbre généalogique placé en début du roman est bien utile pour retrouver qui est qui. Ca n'est pas ennuyeux à lire mais ça ne me laissera pas un souvenir impérissable. C'est d'autant plus dommage que, à en croire les remerciements en fin d'ouvrage, l'auteure a passé pas mal de temps sur ce projet.

     

    1 commentaire
  • silences

    Sera est Parsie, elle est veuve et elle appartient à la bourgeoisie de Bombay. Depuis plus de vingt ans Sera emploie à son service Bhima. Bhima habite dans un bidonville et elle élève sa petite-fille, Maya, depuis la mort des parents de celle-ci. Sera est une bonne patronne. Elle fait des cadeaux à Bhima et Maya, une barre de chocolat, un sari, paie les soins si elles sont malades et, maintenant que Maya a grandit, finance ses études à l'université. Ces études sont la fierté et le rêve de Bhima. Elle imagine que Maya échappera ainsi au sort qui est le sien mais tout est bouleversé quand Maya se retrouve enceinte. En cherchant le responsable, Bhima va constater une fois de plus à quel point le sort des pauvres et illettrés est précaire.

     

    Les événements qu'elles vivent amènent les deux femmes à se souvenir de leur passé et des souffrances qu'elles ont traversées. Sera non plus n'a pas été épargnée avec une belle-mère tyrannique et un mari violent. Après vingt ans de fréquentation quotidienne, qu'est-ce qui les  uni ? Que pèse leur relation face à la classe, la caste, à la famille ?

     

    Voilà un roman que j'ai lu facilement et que j'ai plutôt apprécié. Je trouve intéressant le personnage de Bhima, une femme forte malgré l'adversité. Cependant il m'a semblé que l'auteure avait tiré un peu trop sur la corde pathétique, même si l'histoire se termine sur une note positive avec l'idée que tant qu'il y a de la vie, il y a de l'espoir.

     

    1 commentaire
  • dublin

    Devenu adolescent, le narrateur de Sang impur a des envies d'émancipation. Quand il n'est pas à l'école il travaille pour un patron pécheur dans un petit port de Dublin. A la maison, les tensions sont parfois vives avec un père qui refuse que la culture anglaise entre sous son toit (un disque de John Lennon, par exemple) mais la mère est là pour les amener à régler leurs différends pacifiquement.

     

    J'ai retrouvé dans cet ouvrage ce qui avait fait mon plaisir dans Sang impur. Pas de péripéties remarquables mais seulement les sentiments de la vie quotidienne avec les attentes de l'adolescence, l'importance des amitiés de cette époque, une écriture poétique et une nostalgie douce.

     

    votre commentaire
  • cadran

     Minuit, impasse du Cadran, au pied de la butte Montmartre. Un homme est assassiné, égorgé au moyen d'une canne épée. Bientôt un deuxième meurtre similaire a lieu, puis un troisième... Autour des cadavres sont chaque fois disposés des objets évoquant la fuite du temps. Il faut dire qu'en ce mois d'octobre 1899 certains pensent que la fin du monde est proche. Les crimes ont-ils un lien avec les élucubrations du père Barnave, un ancien cocher, alcoolique, qui annonce la collision imminente de la terre avec une météorite ?

     

    Sollicités par leur habituel ennemi, le commissaire Augustin Valmy, Victor Legris et Joseph Pignot mènent l'enquête en tentant de se cacher de leurs compagnes respectives qui ne sont pas dupes. La lecture de ce nouvel épisode de leurs aventures m'a plu et m'a donné envie de flâner dans Paris. Ca tombe bien, je vais très bientôt aller y passer quelques jours.

     

    votre commentaire
  • soleil.JPG

    Par un petit matin de décembre, William Monk et son adjoint Orme découvrent au bord de la Tamise, dans le quartier mal famé de Limehouse, le corps d'une femme atrocement mutilé : elle a été éventrée. L'enquête permet de déterminer qu'il s'agissait de Zelia Gadney, une femme entretenue par le dr Joel Lambourn, lequel s'est suicidé deux mois plus tôt. Y aurait-il un lien entre ces deux morts violentes ?

     

    A la recherche de la vérité, Monk va découvrir le grave problème que pose le commerce de l'opium en cette deuxième moitié du 19° siècle. A cette époque c'est le seul analgésique connu, qui entre dans la composition de nombreux médicaments en vente libre dans les épiceries de quartier. Tout le monde l'utilise : "Pour les maux de tête, maux d'estomac, insomnies, le bébé qui braille, qui fait ses dents, et les vieux pour les rhumatismes." Le problème c'est que ces poudres que l'on dissout dans un liquide sont dosées de façon irrégulière, coupées d'autres produits non mentionnés et que cela occasionne parfois des accidents. Plus grave, certains viennent de découvrir que l'opium directement injecté dans les veines provoquait une rapide dépendance. Un terrible trafic de drogue est en train de s'installer, profitant du vide juridique.

     

    Dans cette enquête, en plus de William et Hester Monk, je retrouve avec grand plaisir l'avocat Oliver Rathbone dans le rôle du défenseur de la veuve injustement accusée. J'ai dévoré cet ouvrage en moins d'une semaine.

     

    1 commentaire
  • Petros Markaris, Le Che s'est suicidé, PointsTrois personnalités se suicident successivement de manière publique : un homme d'affaires, un député et un journaliste télé. Le commissaire Kostas Charitos ne croit pas à une coïncidence. En congé maladie après une blessure reçue dans l'exercice de ses fonctions il reprend officieusement du service pour percer le mystère de ces morts spectaculaires.

     

    L'affaire se déroule à la veille des jeux olympiques. Athènes est en ébullition. A la fois parce que c'est la canicule et parce que l'on se demande si les installations seront prêtes à temps. En attendant, les nombreux chantiers dans la capitale rendent la circulation particulièrement pénible surtout pour qui, comme le commissaire Charitos, n'a pas la climatisation dans sa voiture. Le commissaire est un personnage sympathique qui se querelle régulièrement avec son épouse Adriani d'autant plus que celle-ci, fine cuisinière, prétend, sous prétexte de sa convalescence, le priver des légumes farcis dont il est friand. L'enquête est donc bien venue pour échapper à l'emprise d'Adriani.

     

    Le journal Le Monde a publié en août 2012 une série sur la crise en Europe vue par les auteurs de romans policiers. L'article sur le Grec Petros Markaris (15 août 2012) a plus particulièrement attiré mon attention. Il était particulièrement sévère sur la façon dont son pays est géré. Dans ce roman il nous présente la fraude fiscale comme un sport national : "Tout Grec se respectant qui ne soit pas intimement convaincu que le Trésor public le plume comme une volaille et n'éprouve pas le besoin de lui rendre la monnaie de sa pièce est soit un fou furieux soit un Bulgare."

    Il est aussi question de subventions européennes détournées et d'un groupuscule nationaliste xénophobe.

     

    Une façon agréable de découvrir de l'intérieur un pays dans lequel un séjour touristique ne permet que de voir la surface.

     

    1 commentaire
  • home_p.jpg

    Frank Money est rentré traumatisé de la guerre de Corée. Depuis il est hanté par les morts. Il ne souhaite pas retourner à Lotus, la bourgade où il a grandi et qu'il a fuie en s'engageant dans l'armée pour échapper à l'ennui. Mais il apprend que sa soeur est très gravement malade.

     

    Autour du personnage central de Frank, Home est un roman à plusieurs voix. Celle de Frank et celles de ses proches, chacun racontant sa version des événements et sa vérité. En plus du traumatisme de la guerre, Frank doit affronter les souvenirs d'une enfance difficile, autant du fait des relations familiales que de la société raciste et violente dans laquelle elle s'est déroulée. Car comme dans tous les romans de Toni Morrison, il est question du sort des Noirs aux Etats-Unis. Dans les années 1950 la ségrégation est encore officielle et le temps des lynchages n'est pas très éloigné.

     

    Toni Morrison fait partie des auteurs dont je suis sûre d'apprécier les livres. L'achat de son dernier roman allait donc de soi et je n'ai pas été déçue.

     

    3 commentaires
  • couv-musee-de-linnocence

     Kemal est amoureux de Füsun mais doit se fiancer avec Sibel. Kemal et Füsun vivent une courte liaison à laquelle Füsun met fin suite aux fiançailles de Kemal et Sibel. Kemal est très malheureux et trouve du réconfort au contact d'objets que Füsun a touchés. Après que Sibel ait rompu ses fiançailles avec Kemal ce dernier retrouve Füsun mais elle est mariée avec Feridun. Pendant huit ans Kemal va alors fréquenter très régulièrement le jeune couple qui vit chez les parents de Füsun. Pendant ces huit ans il emporte, très régulièrement aussi, à l'occasion de ses visites, des objets qui lui rappellent Füsun et qu'il entrepose dans l'appartement qui abrita leurs rendez-vous, au temps de leur liaison.

     

    Le musée de l'innocence est l'histoire d'une obsession amoureuse. Kemal, le narrateur, ne peut pas et ne veut pas oublier Füsun. Pendant huit ans il se satisfait de la rencontrer en présence d'autres personnes, amis ou parents et toute sa vie est orientée vers ces rencontres, à un point qu'il en néglige sa famille et son travail. Kemal n'a aucune occasion d'intimité avec Füsun et est donc amener à imaginer ce que peuvent signifier des paroles, des gestes, des regards qu'il interprète comme des encouragements à son amour.

     

    C'est un ouvrage très nostalgique ("C'était le moment le plus heureux de ma vie, je ne le savais pas." -première phrase du roman) et l'écriture d'Orhan Pamuk sert particulièrement bien cette nostalgie. J'aime particulièrement le chapitre "Parfois" qui liste les petits moments de bonheur passés par Kemal dans la famille de Füsun :

     

    "Parfois, nous restions assis sans rien faire. Parfois, tout comme nous, Tarιk Bey s'ennuyait devant la télévision et lisait son journal du coin de l'oeil. Parfois, une voiture descendait bruyamment la côte en klaxonnant; à ce moment-là, nous nous taisions et tendions l'oreille jusqu'à ce qu'elle soit passée. Parfois, il pleuvait et nous écoutions le bruit des gouttes sur les vitres. Parfois, "Comme il fait chaud !" disions-nous. Parfois, Tante Nesibe oubliait sa cigarette dans le cendrier et en allumait une autre dans la cuisine. Parfois, je parvenais à contempler la main de Füsun quinze ou vingt secondes d'affilée sans que personne ne s'en aperçoive, et je m'éprenais encore plus d'elle (...)"

     

    En même temps j'avoue que l'inertie du narrateur pendant ces huit ans m'a un peu pesée et que j'ai parfois trouvé le temps long.

     

    Il y a aussi une peinture de la vie de la bourgeoisie occidentalisée d'Istanbul au milieu des années 70 que je trouve très intéressante. A ce moment Füsun souhaite devenir actrice de cinéma et espère que Kemal pourra financer ses débuts. Nos héros étudient alors les rouages de la censure, fréquentent les cinémas populaires en plein air. L'arrière-plan politique est celui d'une époque troublée où les affrontements meurtriers entre l'extrême droite et l'extrême gauche ne cessent qu'à l'occasion d'un coup d'état.

     

    A la fin Kemal décide d'ouvrir un musée pour tous les objets qu'il a accumulés pendant des années. Il engage Orhan Pamuk (personnage de son propre roman !) pour qu'il rédige son histoire qui devra servir de catalogue à son musée. Le musée de l'innocence se veut donc le catalogue du musée de l'amour de Kemal pour Füsun. Dans la réalité Orhan Pamuk vient d'ouvrir à Istanbul, en avril 2012, ce musée qu'il avait en projet depuis la rédaction du roman en 2006. J'ai découvert tout ceci dans un article du Monde du 28 avril 2012 et c'est ce qui m'a donné envie de lire ce livre. Je n'avais encore jamais rien lu de Pamuk. Cette lecture me donne envie de continuer ma découverte de l'auteur et de retourner à Istanbul. Pour visiter le musée de l'innocence, il faudrait apporter le livre.

     

    4 commentaires
  • tuszynska.jpg

    Agata Tuszynska est une écrivaine polonaise née en 1957. Sa vie a été bouleversée par la révélation d'un secret familial : quand elle a eu 19 ans, sa mère lui a annoncé qu'elle était juive, rescapée du ghetto de Varsovie. Agata Tuszynska dit qu'il lui a fallu dix ans avant d'intégrer cette information. Une histoire familiale de la peur est une biographie familiale grâce à laquelle l'auteure fait connaissance avec ses parents victimes de la shoah, dans laquelle elle présente ceux qui ont survécu, qu'elle a connus depuis qu'elle était enfant, sans savoir qu'ils étaient Juifs. Elle raconte aussi sa famille polonaise -du côté de son père. Enfin ce travail permet à Agata Tuszynska de s'affranchir de la peur d'être juive, dans un pays encore très marqué par l'antisémitisme et de répondre à la question de son identité mixte, à la fois juive et polonaise. C'est dire si cet ouvrage complet à de quoi m'intéresser. Et je l'ai trouvé en effet passionnant.

     

    J'ai apprécié comme elle retrouve toutes les petites choses en apparence insignifiantes qui font les moments heureux de l'enfance, le souvenir des proches dont on s'aperçoit parfois trop tard qu'ils ont compté pour nous : "J'ai grandi et j'ai pris mon essor. Je l'ai oubliée pendant des années, je ne lui ai même pas envoyé de cartes, pas un signe de vie, je n'ai pas téléphoné, je ne l'ai pas invitée. Comme si elle n'existait pas. Comme si elle ne m'avait pas sauvée d'un troupeau d'oies, ne m'avait pas montré le cheval dans la prairie, n'avait pas mis le vase de nuit près de mon lit et n'avait pas chauffé mon lait."

    Je trouve que l'écriture sert particulièrement bien ce côté nostalgique.

     

    J'ai apprécié la recherche d'informations sur la famille juive disparue. Dans le village de Leczyca dont une partie de cette famille était originaire Agata Tuszynska fait la connaissance de Miroslaw Pisarkiewicz, remarquable historien local qui l'aide efficacement dans sa recherche mais elle est aussi confrontée à "l'antisémitisme primitif polonais". Je retrouve ici des choses découvertes dans Le crime et le silence d'Anna Bikont. Une histoire familiale de la peur me permet aussi de retrouver plusieurs aspects de l'histoire des Juifs de Pologne depuis la seconde guerre mondiale.

     

     

    1 commentaire


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique