• Jón Kalman Stefánsson, Ton absence n'est que ténèbres, GrassetDans l'église d'un petit village des fjords de l'ouest un homme, le narrateur, découvre qu'il a perdu la mémoire. Il ne sait pas qui il est ni ce qu'il fait là. Il rencontre des habitants du coin qui le reconnaissent. Il semble qu'il ait été l'amant de Sóley, une femme au sourire lumineux. Il les laisse raconter leur histoire et celles de leurs proches dans l'espoir que cela l'aidera à retrouver qui il est. Sous la houlette d'un personnage mystérieux -le Diable ?- lui-même se met à écrire les histoires d'autres personnes dont notamment des membres d'une famille sur six générations, installés dans la région depuis 120 ans. Celle que je préfère est celle de Guðríður qui vécut à la fin du 19° siècle. Cette pauvre paysanne qui n'a pas été à l'école est assoiffée de savoir. Elle s'instruit en lisant des revues de vulgarisation scientifique et par l'observation. Elle devra faire un choix douloureux.

     

     

    Le sujet du roman c'est le sens de la vie, l'amour et la mort de ceux qu'on aime. La vie passe vite, on peut mourir d'un instant à l'autre et bientôt personne ne se souviendra de nous. Il faut donc profiter de l'instant. L'amitié, l'amour donnent un sens à la vie. Parfois on est amené à faire des choix difficiles où aucune solution n'est la bonne. Ne pas choisir cependant serait rester immobile. Et la vie c'est le mouvement.

     

     

    La narration saute d'une génération à l'autre sans ordre chronologique, entremêle passé et présent, épisodes d'apparence fantastique ou réaliste. Si j'ajoute à cela les prénoms islandais auxquels je ne suis pas habituée -d'autant plus qu'il y a de nombreux personnages- je suis parfois un peu perdue. J'avance dans ma lecture cependant en ne m'arrêtant pas à cela et en me laissant porter par l'écriture, que je trouve très belle avec des accents poétiques, et le sens de la formule. J'apprécie aussi beaucoup les descriptions de la nature islandaise.

     

     

     

    Avec 596 pages je participe au défi Pavé de l'été de Brize.

     

    Jón Kalman Stefánsson, Ton absence n'est que ténèbres, Grasset

     

     

     


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  • Véronique de Haas, La Muse rouge, Fayard Paris, 1920. M. Li, un diplomate chinois venu en France pour y obtenir un soutien à la BIC (Banque Industrielle de Chine) est massacré au couteau dans une maison close. L'inspecteur Victor Dessange et son adjoint Maximilien Dubosc sont chargés de l'enquête. Ils font vite le lien avec le meurtre d'une prostituée quelques jours plus tôt et deux autres assassinats en province. Les voici lancés dans une affaire aux ramifications complexes dont certaines pourraient intéresser la sûreté de l'Etat.

     

     

    J'ai constaté que bien souvent, dans les policiers historiques, le volet historique l'emporte sur le volet policier. Ici il m'a semblé que l'enquête tenait bien la route. Le contexte historique, quant à lui, permet d'aborder de nombreux sujets. Il est questions des conséquences de la première guerre mondiale: invalides et mutilés, brutalisation de la société. A la Muse rouge, chorale de chants révolutionnaires, on croise un groupe d'anarchistes qui sont en lien avec des Africains luttant contre la colonisation. Ils aident aussi des camarades étrangers fuyant des régimes qui les persécutent. De l'autre côté de l'échiquier politique les Camelots du roi, milice armée de l'Action française, sont prêts à casser du Rouge et à déstabiliser la 3° République pour hâter le retour de la monarchie. Sur ce fond politique Véronique de Haas fait découvrir de nombreux aspects du Paris de l'époque, notamment populaire.

     

     

    J'ai particulièrement apprécié le personnage de Pierrot, gamin des rues de 12 ans, orphelin de guerre, pris en charge par certains membres de la Muse rouge qui font son éducation politique. Il y a chez ces anarchistes une solidarité et une volonté de s'instruire qui aident à supporter la dureté de la vie. Dans ce bon roman l'autrice a pris le temps d'installer ses personnages et de leur donner une épaisseur ce qui me laisse imaginer qu'elle envisage de donner une suite à cette enquête. Le cas échéant je la lirais avec plaisir.

     

    L'avis d'Henri.

     


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  • Avraham B. Yehoshua, Le tunnel, Grasset L'écrivain israëlien Avraham B. Yehoshua est mort le 14 juin 2022. Il était né en 1936 et était issu d'une famille installée à Jérusalem au milieu du 19° siècle. Ses romans intègrent la situation politique dans son pays: guerre du Kippour, attentats, colonisation... Il était engagé dans le camp de la paix et qualifiait d'apartheid la situation des Palestiniens.

     

     

     

    Avraham B. Yehoshua, Le tunnel, Grasset Le tunnel. Zvi Louria, 73 ans, ancien ingénieur aux Voies d'Israël -l'Equipement- commence à avoir des problèmes de mémoire. Il oublie les prénoms des gens. Un neurologue détecte en effet un début d'atrophie dans le lobe frontal, signe de dégénérescence -de démence, dit Zvi. Le médecin recommande de reprendre une activité professionnelle afin de faire travailler le cerveau. Avec l'aide de sa femme Dina, pédiatre, Zvi est recruté comme assistant bénévole par Assaël Mimouni, jeune ingénieur, pour la construction d'une route secrète pour l'armée dans le désert du Néguev. La construction de la route doit entraîner la destruction d'une colline sur laquelle une famille palestinienne s'est réfugiée. Assaël souhaite éviter cela en perçant un tunnel sous la colline et il espère que le nom de Zvi Louria, autrefois spécialiste des tunnels, pourra l'aider à convaincre les autorités qu'il s'agit de la bonne solution.

     

     

     

    Le premier sujet du roman c'est la relation de Zvi et Dina Louria, un amour attentionné et tendre que j'ai trouvé charmant, et leur réaction de couple face à la maladie. Avraham B. Yehoshua dédie ce roman -qui est son dernier- à Ika -sa femme, morte deux ans avant la parution- "infiniment aimée".

    Le second sujet c'est la construction de cette route qui ne mène nulle part et qui n'est en fait qu'un prétexte pour évoquer la situation des Palestiniens. Il est question d'une femme malade du coeur et morte faute d'avoir pu bénéficier d'une greffe car elle était Palestinienne. Il est question d'une association israëlienne, "Sur la voie de la guérison", dont les bénévoles vont chercher aux postes de contrôle des enfants palestiniens malades afin de les faire soigner dans des hôpitaux israëliens.

    Il y a, à l'occasion, une pointe d'humour comme lorsque, après un accident de la circulation, Zvi informe un policier de sa démence. Son permis de conduire lui est alors confisqué jusqu'à ce que le neurologue de la police se prononce car, dit l'officier "nous devons examiner la tête de tout le monde, même du Premier ministre, mais qui nous autoriserait à le faire? Pour le moment nous nous contenterons de ceux qui, de leur plein gré, avouent leur démence".

    Malgré ces aspects positifs mon avis est mitigé car le rythme du récit est lent et j'ai donc trouvé parfois le temps un peu long. Je me demandais quand je verrai enfin le bout du tunnel.

     


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  • Fiona Schmidt, Lâchez-nous l'utérus, Marabout En finir avec la charge maternelle

    Fiona Schmidt est journaliste, militante féministe et créatrice du compte Instagram @bordeldemeres. Je l'ai rencontrée au Festival International de Journalisme à Couthures sur Garonne où elle était venue témoigner de son choix de ne pas avoir d'enfant. Lors d'une table ronde à laquelle elle a participé plusieurs jeunes femmes sont intervenues pour dire qu'elles non plus ne souhaitaient pas avoir d'enfant ce qui était mal accepté par leur entourage. On leur oppose qu'elles changeront d'avis ou qu'elles le regretteront. Entre 32 et 37 ans l'autrice elle-même a consulté sept gynécologues pour leur demander une stérilisation, tous ont refusé. J'ai été surprise de découvrir que la parole des femmes est encore aussi peu écoutée de nos jours.

     

     

    La charge maternelle c'est le fait que tout ce qui concerne la maternité et les enfants est souvent considéré comme concernant les femmes en priorité. La contraception repose sur les femmes. Quand un couple ne peut pas avoir d'enfant c'est d'abord la femme qui est supposée stérile et subit des examens invasifs alors qu'un spermogramme est facile et indolore. Dans un couple la charge des tâches ménagères revient majoritairement à la femme. Si la participation des hommes a augmenté ces dernières années, celle des femmes aussi ce qui fait que le différentiel reste le même: près du double de temps en moyenne pour les femmes. Et tout ça en s'occupant des enfants.

     

     

    La charge maternelle ce sont aussi les injonctions contradictoires qui pèsent sur les femmes. Il faut faire ses enfants jeunes mais pas trop. Il faut accoucher en restant sexy. Il faut être active et s'occuper de ses enfants. Je comprends que l'usage de mettre en scène sa vie sur les réseaux sociaux où on peut voir des photos de mères épanouies et cool qui réussissent naturellement tout ce qu'elles entreprennent, qui répètent que la maternité "c'est que du bonheur", place la barre plus haut de nos jours qu'avant l'internet.

     

     

    L'autrice s'est appuyée sur des ouvrages féministes (beaucoup de citations de Sorcières de Mona Chollet que cela me convainc de lire), sur des études et statistiques et sur de nombreux témoignages recueillis via son compte Instagram. Le résultat est vivant et facile à lire car le ton est plein d'humour. En conclusion Fiona Schmidt appelle à une solidarité féminine, une sororité, et à une éducation moins genrée des filles et des garçons. J'ai trouvé que c'était une lecture amusante et qui m'a donné à réfléchir. Il m'a semblé que c'était un livre qu'on pourrait offrir à de futurs parents pour les inciter à inventer leur propre parentalité plutôt qu'à se conformer aux injonctions de la société.

     


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  • Sorj Chalandon, Enfant de salaud, Audiolib En 1987 Sorj Chalandon suit le procès de Klaus Barbie pour Libération où il est journaliste. En parallèle il enquête sur son père dont son grand-père lui a dit un jour qu'il l'avait vu habillé en Allemand pendant la guerre:"tu es un enfant de salaud". Ce salaud, Jean, est un menteur pathologique. Si l'expression "il ment comme il respire" a été créée pour quelqu'un, c'est pour lui. Pendant l'enfance de Sorj Chalandon il s'est raconté combattant à Zuydcoote puis résistant, participant à la prise de Berlin. La réalité, pourtant était suffisamment rocambolesque! Entre 18 et 22 ans Jean s'est engagé successivement dans l'armée française, dans la légion tricolore, dans l'armée allemande, dans les FTP et dans l'armée américaine. De partout il a déserté.

     

     

    Les mensonges permanents de Jean ont creusé un gouffre entre père et fils. Pour le narrateur le salaud ce n'est pas celui qui a porté l'uniforme allemand mais celui qui a toujours refusé la vérité à son fils et, ce faisant, a trahi sa confiance. Mais en 1987 Jean le mythomane vit dans le personnage qu'il s'est créé depuis plus de 40 ans et en est venu à croire lui-même à cette réalité alternative. Quand son fils lui oppose des dates, des faits, il nie, continue à inventer, hausse le ton, invective.

     

     

    Le récit alterne relation du procès de Lyon et enquête sur le père. J'ai trouvé cet excellent texte, très bien lu par Féodor Atkine, très émouvant. Emotion ressentie à l'audition des témoins au procès, à la façon dont les traite parfois Jacques Vergès, avocat de Barbie. J'ai pensé que Sorj Chalandon avait du écrire de bons articles sur ce procès. La relation entre le narrateur et son père est aussi touchante. A la fois il y a un rejet de ce père brutal qui l'a battu enfant et qui continue de le maltraiter en paroles mais en même temps il y a l'espoir d'accéder enfin à la vérité et la volonté de comprendre ce père toxique. La fin est poignante.

     

     

    Le récit est romancé. Dans la vraie vie Sorj Chalandon n'a eu connaissance qu'en 2020 du dossier judiciaire de son père, mort en 2014. Il n'a donc pas pu le confronter à ce qu'il avait appris de lui. Les péripéties de la vie de Jean sont véridiques cependant. L'auteur s'en explique dans un entretien, également très intéressant, qui suit la lecture du roman. Ce roman a été pour lui une façon de régler ses comptes avec son père. Cette audition est pour moi une découverte de Sorj Chalandon que je n'avais jamais lu. Je crois bien que j'y reviendrai.

     


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  • Sue Hubbell, Une année à la campagne, FolioSue Hubbell (1935-2018) a été, dans une première vie, bibliothécaire à l'université Brown à Rhode Island. En 1972 elle et son mari s'installent à la campagne dans les monts Ozarks, dans le sud du Missouri, pour y vivre de l'apiculture. Après que son mari l'a quittée Sue Hubbell continue de vivre dans cet endroit isolé à s'occuper de ses abeilles et à observer la nature. Dans cet ouvrage, divisé en parties correspondant aux quatre saisons, elle décrit ses activités sur la ferme et ses observations.

     

     

    Sue Hubbell rend visite à ses ruches installées sur les terres de voisins, récolte le miel puis va le vendre à travers le pays. Elle entretient elle-même son camion et sa maison, retape le toit de la grange. Elle coupe du bois. Elle observe la flore et la faune, les serpents, les araignées, les oiseaux. Ses descriptions sont un mélange d'informations scientifiques et de remarques humoristiques qui prêtent aux animaux des réactions humaines. Elle mène une vie simple, au rythme des saisons. J'ai apprécié ce rythme tranquille. J'ai trouvé que c'était un ouvrage plaisant et reposant à lire.

     

     

    L'avis de Keisha.

     


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  • William S. Allen, Une petite ville nazie, 10-18 William Sheridan Allen (1932-2013) était un historien américain. Une petite ville nazie, paru en 1965, est son premier livre, dans lequel il étudie la façon dont les nazis ont, entre 1930 et 1935, conquis l'opinion de la petite ville de Northeim -appelée Thalburg dans le livre. Il s'est appuyé pour cela sur des archives et sur des entretiens avec des témoins de ces faits encore récents au moment de la parution.

     

     

    Thalburg est une petite ville d'environ 10000 habitants située au centre de l'Allemagne (Basse-Saxe). Dans la première partie qui va jusqu'à l'arrivée au pouvoir d'Hitler (30 janvier 1933) l'auteur analyse la façon dont une population qui votait nationaliste ou socialiste (SPD) est passée au nazisme. Je découvre que chaque parti à l'époque avait son association de jeunesse, son association d'anciens combattants, sa fanfare... Aux SA des nazis le SPD peut opposer le Reichsbanner. J'ai cherché des photos sur internet et il m'a semblé que cette organisation para militaire utilisait pour sa devise, ses symboles, les mêmes codes que les nazis. Ce sont peut-être plutôt les nazis qui ont copié sur les socialistes mais je trouve que la ressemblance est problématique: cela devait être confus pour un certain nombre de contemporains.

     

     

    Cette période est celle d'une grande effervescence politique qui va parfois jusqu'à la violence. Les meetings sont suivis de spectacles récréatifs donnés par la chorale du parti, la troupe théâtrale du parti ou l'équipe de gymnastique du parti, quel qu'il soit. On s'invective via la presse et on fait régulièrement le coup de poing avec l'adversaire.

    Les socialistes ne voient pas la réalité du danger nazi: ils pensent qu'Hitler tentera d'arriver au pouvoir par un coup d'Etat et se préparent donc à riposter à un coup d'Etat. Sa nomination comme chancelier les laisse démunis. Les nationalistes traditionnels soutiennent le nazisme par haine des socialistes. Ils en seront eux aussi victimes.

    Pour cette première partie William S. Allen a étudié l'évolution des résultats des élections à Thalburg qu'il détaille de façon minutieuse. C'est intéressant mais parfois un peu fastidieux à lire.

     

     

    La seconde partie débute avec l'arrivée au pouvoir d'Hitler.Je l'ai trouvée beaucoup plus accessible et souvent passionnante. L'auteur montre comment, très rapidement, en six mois, la dictature se met en place au niveau local. Les opposants perdent leur emploi, leurs maisons sont perquisitionnées régulièrement et eux-mêmes convoqués au poste tout autant. Les administrations locales et les associations passent sous le contrôle du parti nazi. Toutes ces mesures ont pour résultat de détruire les anciennes relations sociales. Les Thalbourgeois comprennent bien où est leur intérêt: le nombre de membres du groupe local nazi passe de moins de 100 en janvier 1933 à 1200 le premier mai.

    J'ai trouvé très éclairant de voir comment la politique nationale des nazis a été déclinée au niveau local. Au total c'est une lecture qui m'a bien intéressée.

     


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  • Ragnar Jónasson, La dame de Reykjavik, PointsHulda Hermansdóttir est inspectrice de police à Reykjavik. Elle est veuve et son travail est toute sa vie. A l'approche de ses 65 ans on lui a cependant signifié qu'il était temps de prendre sa retraite. Et voici que son chef la pousse dehors beaucoup plus tôt que prévu pour faire de la place à son successeur. Il lui laisse juste deux semaines pour résoudre une affaire classée, au choix, si elle y tient. Hulda s'intéresse alors à une demandeuse d'asile russe, Elena, retrouvée morte sur une plage un an auparavant. L'enquête avait conclu au suicide.

     

     

    Voici une lecture que j'ai trouvé très moyenne. Une policière qui trimballe ses propres traumatismes que nous découvrons petit à petit. C'est du lourd, un peu beaucoup pour une seule femme. Une enquête pas hyper originale et une construction de même qui fait des aller-retour entre passé et présent. Enfin une écriture plate dont je me demande si elle est d'origine ou si elle résulte de la double traduction puisque ce roman est "traduit de la version anglaise depuis l'islandais". Je dois dire que ce procédé me choque un peu. Ca se lit si on n'a rien d'autre sous la main mais je ne crois pas que j'irai plus loin dans les aventures de Hulda qui composent une trilogie.

     


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  • Je suis de retour depuis une semaine d'un superbe voyage en Islande. Quelques photos des merveilles que j'ai vues là-bas.

     

    En Islande

    Dans le quartier touristique de Reykjavik les vieilles maisons sont recouvertes de tôle ondulée peinte de couleurs vives.

     

    En Islande

    Excursion à Geldingadalur où le volcan est entré en éruption en 2021. C'est terminé aujourd'hui.

     

    En Islande

    A Thingvellir, faille formée par la jonction des plaques tectoniques européenne et nord-américaine.

     

    En Islande

    Le refuge de Landmannalaugar est le point de départ d'un fameux trek de quatre jours.

     

    En Islande

    On traverse d'abord une région encore beaucoup enneigée -et il a neigé tout l'après-midi du 26 juin.

     

    En Islande

    Puis un désert volcanique (le vert, c'est de la mousse).

     

    En Islande

    Gorges de la Markafljot.

     

    En Islande

    Vue depuis Thorsmörk.

     

    En Islande

    Le trek prend fin à Thorsmörk où on retrouve des arbres.


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  • Ruth Zylberman, 209 rue Saint-Maur, Paris 10°, PointsAutobiographie d'un immeuble

    "Regarde! De tous tes yeux regarde!" Georges Perec

    Le 209 rue Saint-Maur est un grand immeuble constitué de quatre bâtiments de six étages autour d'une cour. Environ 300 personnes y vivaient en 1936. Pendant la Seconde Guerre Mondiale, neuf enfants juifs qui vivaient là ont été déportés. L'écrivaine et documentariste Ruth Zylberman décide d'enquêter sur cet immeuble et ses habitants à travers les temps. Grâce aux archives l'autrice retrouve la trace de certains des premiers habitants de l'immeuble après sa construction au 19° siècle. C'est l'occasion de nous donner un aperçu du Paris populaire de l'époque. Ruth Zylberman croise des éléments de la vie quotidienne de ses personnages avec les événements historiques: les barricades de 1848, la Commune, la Première Guerre Mondiale.

     

     

    Mais le gros de l'ouvrage tourne autour de la déportation des enfants qui est le point de départ du projet. Ces neuf enfants, qui étaient leurs parents? Des membres de leur famille ont-ils survécu, quelqu'un se souvient-il encore d'eux? Il y avait au 209 dans les années 1940 d'autres habitants juifs, souvent originaires d'Europe de l'Est. Que sont-ils devenus? Un travail de fourmi et quelques heureux hasards permettent de retrouver des témoins, certains très âgés.

     

     

    J'ai trouvé cette enquête -qui s'est étalée sur cinq ans- passionnante et très intelligemment menée. En s'attachant aux petits détails du quotidien et à leurs traces encore présentes dans l'espace l'autrice tente de redonner vie et chair aux disparus. Son travail est aussi réparateur, il me semble, quand elle rencontre des personnes qui n'avaient jamais parlé de leur passé, des anciens enfants cachés qui ne savaient rien de leurs parents. Un des objectifs de l'autrice est aussi de faire le lien entre passé et présent. Pour cela elle rencontre des habitants actuels de l'immeuble. Depuis le début du 21° siècle le quartier est en voie de gentrification. Au 209 on trouve encore des locataires qui habitent de tous petits appartements, comme autrefois, à côté de nouveaux arrivants qui ont acheté plusieurs de ces appartements pour en faire de plus grands.

    C'est un ouvrage que j'ai trouvé excellent à tous points de vue: par son contenu, par son écriture, par la sensibilité dont fait preuve Ruth Zylberman, son attention à tous ses personnages.

     

     

    Avant d'écrire ce livre Ruth Zylberman a réalisé un documentaire Les enfants du 209 rue Saint-Maur. Il est disponible en replay sur Arte. Comme son nom l'indique il se concentre plus particulièrement sur les enfants juifs. Je l'ai trouvé bien fait. Il est émouvant et complète bien la lecture.

     

     

     

    L'avis de Keisha.

     


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