• A Tallahassee, en Floride, au début des années 1960, Elwood Curtis, un adolescent noir sérieux et bon élève, s'apprête à entrer à l'université quand il est accusé d'un vol qu'il n'a pas commis et envoyé à la maison de correction Nickel academy. A Nickel les jeunes détenus blancs et noirs vivent séparément, les seconds étant victimes de graves sévices. Viols, coups de fouet, enfermement au cachot ou dans une "cage à sueur" sont monnaie courante. Un cimetière clandestin dissimule les conséquences des exactions les plus violentes. Pour tenir, Elwood s'appuie sur l'espoir de pouvoir reprendre ses études à la sortie, sur l'enseignement de Martin Luther King dont il est un admirateur et sur son amitié avec Turner, un autre détenu.

     

     

    J'ai trouvé particulièrement poignante et émouvante l'histoire de ces jeunesses gâchées et de ces vies brisées. On ne ressort pas indemne de Nickel et d'avoir été confronté aux conséquences d'un racisme totalement décomplexé. La fin inattendue nous dit aussi que ce roman est une très belle histoire d'amitié.
    Le texte est lu de façon vivante par Stéphane Boucher.


    Les avis de IngannmicKathel et Keisha.

     

     


    10 commentaires
  • Johannes Krause et Thomas Trappe, Le voyage de nos gènes, Odile JacobComment les migrations ont fait de nous ce que nous sommes

    Johannes Krause est archéogénéticien, expert du décryptage de l'ADN ancien. Il dirige le département d'archéogénétique de l'institut Max Planck d'anthropologie évolutionniste à Leipzig. J'ai déjà entendu parler de cet institut dans des documentaires historiques sur Arte. Thomas Trappe est un journaliste scientifique.

     

     

    L'avancée de la science permet aujourd'hui de décrypter rapidement et à peu de frais le génome de nos lointains ancêtres dont on a découvert des ossements à travers la planète. Ces données permettent de reconstituer les déplacements des êtres humains. Dans cet ouvrage les auteurs présentent ce qu'on sait des migrations qui ont peuplé l'Europe à la préhistoire. L'archéogénétique complète les découvertes archéologiques (artéfacts), confirme des intuitions mais aussi infirme des théories qui avaient cours. Bien sûr, pour pouvoir séquencer l'ADN, il faut des restes humains. J'apprends en effet avec surprise que l'on n'a aucun ADN exploitable pour la période allant de 3000 à 2800 av. JC. en Europe centrale et très peu d'artéfacts. La population de l'Europe semble avoir été décimée à cette époque, peut-être par une épidémie de peste. Le continent a ensuite été repeuplé par des migrants venus de l'est.

     

     

    Je suis assez émerveillée par les avancées de la technique présentées ici, leur vitesse exponentielle et les découvertes qu'elles permettent, comme de confirmer l'origine des langues européennes ou de dater l'invention du patriarcat. Ce qui m'a le plus intéressée ce sont les chapitres sur les grandes épidémies. Le séquençage des agents infectieux retrouvés dans les os ou les dents des personnes qui en sont mortes confirme, ou non, que telle épidémie était bien la peste ou montre que la lèpre est sans doute une maladie originaire d'Europe.

    Un ouvrage fort intéressant et plutôt abordable.

     

    L'avis de Sunalee.

     


    4 commentaires
  • Anne Rice, La momie, Pocket Quand j'ai trouvé ce roman dans une boîte à livres il m'a semblé me souvenir que Anne Rice était morte en 2022, c'était en fait le 11 décembre 2021. Cette romancière américaine aux plus de onze millions de livres vendus était née en 1941. Elle a écrit des romans historiques ou érotiques mais elle était surtout connue pour ses histoires de vampires. Son personnage de Lestat a ouvert la route à Twilight et à la bit-lit.

     

     

    Anne Rice, La momie, Pocket La momie. Egypte, 1914. Lawrence Stratford, riche homme d'affaires britannique féru d'égyptologie, met au jour un tombeau inviolé jusqu'à présent et qui serait celui de Ramsès le Grand -c'est ce qui est écrit sur la porte, en hiéroglyphes, assorti d'un avertissement à ne surtout pas ouvrir. Or la momie de Ramsès le Grand est déjà au musée du Caire. Or ce tombeau date de l'époque de Cléopâtre alors que Ramsès le Grand a régné mille ans avant elle. Stratford ouvre. Ramenée à Londres la momie de Ramsès revient à la vie et débute une relation passionnée avec Julie Stratford, la fille de Lawrence.

     

     

    Voici une histoire d'immortel, transformé un temps en momie mais qui ressuscite et devient sous nos yeux émerveillés un homme d'une très grande beauté, sorte de dieu vivant, qui suscite chez tous admiration et respect -sauf chez Henry Stratford, cousin de Julie et méchant de l'histoire. En ce qui me concerne c'est du talent d'Anne Rice que je suis admirative. Quelle imagination ! Elle a réussi à m'intéresser avec cette histoire aux multiples rebondissements, tous plus fantastiques les uns que les autres, ce qui n'était pas gagné d'avance. Non seulement je ne m'ennuie pas mais il y a aussi une critique du monde "contemporain" qui se croit moins barbare que les anciens Egyptiens. Ainsi quand Alex, le fiancé de Julie, parle à Ramsès de l'esclavage celui-ci lui oppose "vos taudis (...) pleins d'enfants qui meurent de faim" ou les ouvriers qui ont creusé le canal de Suez. J'apprécie qu'il y ait un peu de profondeur. Je n'en ferais sans doute pas mon quotidien mais pour un moment de détente, c'est parfait.

     


    2 commentaires
  • Marie-Eve Sténuit, Une femme à la mer !, Editions du trésor Aventures de femmes naufragées

    Les femmes et les enfants d'abord ! Cette phrase date de 1852 et pourtant, sur 18 naufrages célèbres survenus entre cette date et 2011, 15% des enfants ont survécu, 25% des femmes et 37% des hommes. Dans une ruée vers les canots de sauvetage les femmes sont moins armées physiquement que les hommes, enfin, avant le 20° siècle, elles sont vêtues de larges robes qui se gonflent facilement d'eau et dont elles répugnent à se défaire par pudeur. Dans cet ouvrage Marie-Eve Sténuit présente les cas de huit naufrages impliquant des femmes, de celui du São João Battista qui transportait Donha Leonor de Sá et son mari en 1552 aux mésaventures de Mrs Eliza Fraser devenue la souffre-douleur d'aborigènes en 1835 après un naufrage sur les côtes de l'Australie en passant par les naufragées de la Méduse en 1816.

     

     

    J'ai été particulièrement intéressée par l'histoire terrible et scandaleuse du naufrage de la Méduse et de ses survivants, tous ne s'étant pas entassés sur le fameux radeau. J'ai apprécié aussi la critique que fait l'autrice des réactions racistes des Européens face aux "sauvages" africains qui ont recueilli certaines naufragées. C'est le cas des disparues du Grosvenor en 1782. Pendant des années après le nahfrage des rumeurs circulent de femmes blanches qui se seraient intégrées dans des tribus hottentotes où elles auraient eu des enfants. Des expéditions sont alors montées pour délivrer ces malheureuses. L'une d'entre elles va croiser la route d'une femme blanche, recueillie enfant après un naufrage, devenue femme de chef, écoutée et estimée dans sa tribu d'adoption. Comme le dit l'autrice : "On est bien loin de "la plus vile et brutale prostitution" exercée par des "prédateurs sexuels" et du sort infamant imaginé par les journaux et la société soi-disant bien pensante de Londres". Un parallèle est fait entre le sort de la malheureuse Mrs Fraser, exhibée par des autochtones australiens et Saartjie Baartman, la "Vénus hottentote", montrée en spectacle en Europe à la même époque et dont le cas choque beaucoup moins les occidentaux.

     

     

    C'est un ouvrage intéressant et plaisant à lire car Marie-Eve Sténuit a un vrai talent de conteuse et raconte souvent avec une pointe d'humour.

     

     

     

    Marie-Eve Sténuit, Une femme à la mer !, Editions du trésor

    Dans l'église de Capbreton, souvenir de mort.e.s en mer

     


    votre commentaire
  • Oscar de Muriel, Mort au couvent, Presses de la citéMexique, 1689. La jeune Alina Alcántara Linares a 16 ans, elle est donc en âge d'être mariée mais sa grand-mère, la comtesse de Gijón, qui assure sa tutelle les parents étant morts, décide plutôt de la faire entrer au couvent : cela coûtera moins cher. Alina part donc comme novice au couvent de San Jerónimo à Mexico. Elle est accompagnée de Malinalli, renommée Matea pour la circonstance -un prénom chrétien, au moins-, une esclave indienne de 15 ans qui va lui servir de servante. Au couvent les deux jeunes filles font la connaissance de soeur Juana, une poétesse. Ensemble elles vont mener l'enquête sur des meurtres sanglants qui frappent les occupantes des lieux : des religieuses ont été immolées à la manière précolombienne. Il y a urgence à trouver le ou la coupable avant l'arrivée de l'inquisition aux méthodes beaucoup plus violentes que celles de nos trois héroïnes.

     

     

    L'intérêt historique du roman réside dans le cadre de vie du couvent. Chacune des religieuses -blanches- y est entrée suivie de sa servante ou esclave, noire ou indienne. Si pour Alina la vie cloîtrée marque une dégradation de sa condition -elle couche sur un mauvais matelas, doit se vêtir de linge épais- Matea découvre au contraire le plaisir d'avoir une pièce et des vêtements à soi, de manger à sa faim. Soeur Juana est inspirée de soeur Juana Inés de la Cruz (1651-1695), grande lettrée mexicaine.

    Le rythme de l'enquête, par contre, est plutôt mollasson et malgré des morts horrifiques la lecture est tranquille. Ce policier pâtit sans doute d'avoir été lu après Les larmes du Reich, beaucoup plus incisif.

     

    C'est ma participation au mois de l'Amérique latine organisé par Ingannmic.

     

    Oscar de Muriel, Mort au couvent, Presses de la cité

     


    2 commentaires
  • François Médéline, Les larmes du Reich, 10-181951. Dans la Drôme, un couple de paysans a été assassiné, leur fille de onze ans, Juliette, a disparu. L'inspecteur Michel de la police criminelle de Lyon arrive à bicyclette pour mener l'enquête. Ce qui l'intéresse ce n'est pas le meurtre mais la disparition de la petite fille. Petit à petit on découvre qu'il est bien sombre et perturbé cet inspecteur Michel. Il a des choses à cacher aussi. D'ailleurs il n'est pas le seul personnage dans ce roman qui n'est pas tout à fait ce qu'il prétend être. Difficile d'en dire plus sans divulgâcher. Que vient faire le Reich dans cette affaire ? On est peu après la seconde guerre mondiale et il est question de conséquence des crimes nazis.

     

     

    Je trouve que la forme colle parfaitement au contenu. C'est écrit dans un style sec, les phrases sont courtes avec parfois des détails très précis dans les descriptions. Je ne suis pas sûre que l'intrigue soit vraiment crédible néanmoins j'ai été prise par ce roman que j'ai lu en deux jours. Un policier efficace.

     

     

    L'avis de Kathel.

     


    4 commentaires
  • Lucie Azéma, Les femmes aussi sont du voyage, Flammarion

     

    L'émancipation par le départ

    "Pendant que les hommes racontent des aventures qu'ils n'ont jamais eues, les femmes vivent les aventures qu'elles ne raconteront jamais".

     

    Voyageuse, journaliste, Lucie Azéma a vécu au Liban, en Inde et en Iran. On m'a offert ce livre pour Noël, à la recherche d'une lecture facile et distrayante je l'ai sorti de ma PAL car son titre et la photo de couverture m'avaient laissé penser que j'y lirai des récits de voyageuses. En fait cet excellent essai est bien plus que cela : c'est une analyse du voyage au prisme du genre. Lucie Azéma explore ce qui fait du voyage une "fabrique de la masculinité"; pourquoi la littérature a invisibilisé les voyageuses au profit des voyageurs; ce que le travestissement apporte aux voyageuses comme liberté; comment, enfin, le voyage peut être pour une femme un moyen de s'appartenir, d'accéder à sa "chambre à soi". L'autrice appelle aussi à décoloniser le voyage. En imposant leurs récits comme universels, les hommes blancs donnent à voir une image du monde qui n'est pas aussi objective qu'elle le prétend. Les écrivains voyageurs (Stendhal, Beaudelaire, Flaubert, Loti...) ont, par exemple, une vision fantasmagorique de la femme "exotique". C'est notamment le mythe du harem, lieu de tous les plaisirs. Les voyageuses de la même époque ont approché de beaucoup plus près la réalité. Décoloniser le voyage c'est aussi découvrir les récits des voyageurs non-Blancs.

     

     

    Qu'en est-il de la lecture facile et distrayante que je cherchais ? Cet ouvrage est, en effet, facile d'accès. Le propos est clair et bien étayé, rendu vivant par des exemples passionnants. . Enfin, plus que distrayante, j'ai trouvé cette lecture enthousiasmante par son positionnement féministe affirmé et j'ai dévoré le livre en deux jours. Cela m'a donné envie de voyager mais aussi d'autres lectures. Je relirai bien Alexandra David-Néel que j'avais lue à l'adolescence. J'ai aussi noté dans les sources toutes une série de titres alléchants dont plusieurs sont à ma bibliothèque.

     

     

    L'avis de Sunalee.


    10 commentaires
  • Ludmila Oulitskaïa, Ce n'était que la peste, Folio Rudolf Ivanovitch Mayer, chercheur en biologie, s'est accidentellement inoculé la peste dans le cadre de son travail. Quand les autorités soviétiques le découvrent, le NKVD -la police politique- est chargé d'identifier et d'isoler les cas contact pour empêcher la contagion. Les personnes qui ont côtoyé Mayer sont emmenées et mises en quarantaine sans qu'on leur explique ce qui se passe. Nous sommes en 1939 et les arrestations arbitraires de la Grande Terreur (1936-1938) sont dans toutes les têtes. Finalement, quel soulagement de découvrir que Ce n'était que la peste.

     

     

    L'idée de départ -la peste préférable au totalitarisme- m'avait amusée et, en effet, Ludmila Oulitskaïa traite la question avec une ironie plaisante. Les attaques contre la terreur stalinienne sont caustiques. Ce qui est moins réussi c'est la forme. Le texte est en fait un scénario écrit en 1988 et ressorti d'un tiroir et publié en 2020 à la faveur de l'épidémie de covid. Le récit se présente sous la forme de courtes scènes qui débutent pas une description du cadre suivie de dialogues. Cela fait peu achevé. Si j'ajoute que les personnages sont nombreux et que l'on saute d'une scène à l'autre sans liaison, je m'y perds parfois un peu.

     

    "- Vous êtes capable de comprendre une idée biologique. Sur la transmission héréditaire des qualités sous l'influence de l'éducation... je veux dire d'une éducation appropriée.

    - Aaah..., répond Rudolf d'une voix traînante. Vous savez, je suis microbiologiste, j'ai bien peur que l'objet de mes études ne soit soumis à d'autres lois.

    - Comment ça, d'autres lois ? Comment ça, d'autres lois ? dit le jeune homme en s'échauffant. Nous sommes tous soumis à la même loi, la loi marxiste-léniniste ! (...)

    - Ca, c'est incontestable, cela ne fait pas le moindre doute ! acquiesce Rudolf avec sérieux. Seulement mes microbes, eux, ne sont pas au courant."

     


    6 commentaires
  • Russell Banks, De beaux lendemains, BabelL'écrivain américain Russel Banks est mort le 7 janvier 2023, il était né en 1940. Le magazine America a publié en 2018 un long entretien avec Russell Banks dans lequel il dit : "j'écris sur la classe ouvrière, parce que j'en viens. J'écris sur les affres et les doutes de ceux que vous appelez les marginaux, parce que je crois pouvoir comprendre leurs affres et leurs doutes. J'écris sur les gens qui n'ont rien parce que ça me rend meilleur humainement."

     

     

    Russell Banks, De beaux lendemains, BabelDe beaux lendemains. Dans une petite ville du nord de l'Etat de New-York, un accident de bus scolaire cause la mort de 14 enfants. Le drame nous est raconté par les voix de quatre personnages :

    - Dolorès Driscoll était la conductrice du bus. C'est une femme solide, très attachée aux enfants qu'elle transportait et bouleversée par l'accident. Elle est bien intégrée dans sa communauté où on la considère plutôt comme une victime que comme responsable de ce qui s'est passé.

    - Veuf depuis quatre ans, petit entrepreneur local, Billy Ansel a perdu ses deux enfants dans l'accident. Il suivait le bus en voiture au moment où celui-ci a quitté la route et est donc le seul témoin de l'accident. Je note dans sa biographie un point commun avec celle de Russel Banks : son père a abandonné sa famille quand Billy avait 12 ans et il a du jouer le rôle de chef de famille pour ses frères et soeurs plus jeunes.

    - Mitchell Stephens est un avocat new-yorkais qui propose à quelques familles de victimes de poursuivre en justice les responsables de l'accident. Père d'une jeune femme droguée Mitchell Stephens est un homme mu par la colère.

    - Enfin Nicole Burnell, 14 ans, se retrouve paralysée suite à l'accident. Cette jeune fille auparavant populaire -capitaine des cheerleaders, reine du bal de la moisson- voit maintenant ses amis s'éloigner d'elle. Elle va cependant profiter de son handicap pour imposer sa volonté à un père abuseur.

     

     

    L'auteur montre bien comment le ressenti de chaque personnage par rapport à l'accident et ses conséquences est influencé par son passé et nous donne à voir ce qui se passe derrière les apparences.

    L'histoire se déroule dans les Etats-Unis profonds. A Sam Dent les gens sont endettés ou vivent modestement, parfois même dans une grande pauvreté. Il y a un quartier type quart-monde dont les habitants vivent dans des mobile home, on est loin du rêve américain. Russell Banks porte sur ses protagonistes un regard empathique et, malgré le sujet douloureux -la mort de 14 enfants- le roman évite le pathos.

     

     

    L'avis de Patrice, celui d'Ingannmic.

     


    4 commentaires
  • Edith Bruck, Le pain perdu, Editions du sous-solEdith Bruck est une écrivaine italienne d'origine hongroise. Née en 1931 elle grandit dans une famille juive pauvre d'un village de Hongrie. Dans ce récit autobiographique la petite enfance est racontée à la troisième personne. Elle a 13 ans quand la famille est emmenée dans un ghetto puis à Auschwitz. Pour Edith c'est la fin de l'enfance, la narration passe au "je". A Auschwitz Edith et sa soeur Judit sont séparées de leurs parents et de leurs frères David et Jonas. Elles restent ensemble lors de l'évacuation du camps et sont envoyées à Dachau, affectées au travail forcé dans divers kommandos. De la déportation elle raconte la faim, les kapos, les violences et le vol entre détenues mais aussi les petites éclaircies dans la noirceur -quand quelqu'un lui demande son prénom, lui restituant ainsi son humanité-, les coups de chance qui lui ont permis de survivre. Les parents et Jonas ont été assassinés à Auschwitz.

     

     

    La moitié de l'ouvrage est consacrée au difficile retour à une vie "normale". C'est ce que j'ai trouvé le plus intéressant. Après la guerre ceux qui reviennent des camps ont le sentiment que leurs proches qui n'ont pas été déportés ne peuvent pas les comprendre. C'est le cas des deux soeurs aînées d'Edith qui ne veulent pas entendre ce qu'elle a à raconter et se plaignent au contraire d'avoir beaucoup souffert. Edith, Judit et David partent pour Israël en ordre dispersé. Mais Edith ne se trouve pas bien dans ce nouveau pays : elle ne veut plus obéir à un ordre, elle ne veut plus dormir dans un dortoir, elle ne veut pas faire son service militaire, elle ressent le besoin d'écrire. A 17 ans elle se marie puis divorce rapidement. Elle fuit en s'engageant dans une troupe de cabaret qui part en tournée. C'est ainsi qu'elle se retrouve en Italie où elle tombe bien vite amoureuse du pays, de ses habitants, de sa langue, d'un homme.

     

     

    Edith Bruck a consacré une partie de son existence à témoigner. Si elle dit qu'elle ne peut pas pardonner, elle a refusé de se venger quand elle en a eu l'occasion et n'éprouve pas de haine : "C'est pour ça que je suis saine et sauve, orpheline, libre". Je trouve que c'est une femme qui fait montre d'une belle résilience.

     

    L'avis de Nathalie.

    C'est une lecture commune organisée avec Ingannmic et Keisha dans le cadre des Lectures communes autour de l'Holocauste de Et si on bouquinait un peu et Passage à l'Est.

     

    Edith Bruck, Le pain perdu, Editions du sous-sol

     


    6 commentaires


    Suivre le flux RSS des articles de cette rubrique
    Suivre le flux RSS des commentaires de cette rubrique