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Par Anne-yes le 18 Août 2023 à 09:30
La puissance invaincue des femmes. Dans cet essai Mona Chollet explore « la postérité des chasses aux sorcières en Europe et aux Etats-Unis », c’est-à-dire qu’elle s’est intéressée aux catégories de femmes qui sont les plus victimes de misogynie et a étudié ce que le patriarcat leur reproche.
Dans une longue introduction que j’ai trouvée très intéressante, l’autrice résume d’abord l’histoire des chasses aux sorcières qui a permis, à la Renaissance, de rejeter le savoir des femmes et de les mettre sous contrôle par la terreur. Les victimes de ces chasses aux sorcières sont majoritairement des femmes, célibataires, veuves et/ou âgées. Aussi trois figures de femmes sont analysées dans les trois premiers chapitres :
- La femme célibataire, sans homme, mais aussi la femme mariée ou la mère de famille mais qui refuse de tout sacrifier à son mari ou à ses enfants : la femme autonome. Mona Chollet présente l’image souvent caricaturale de la femme célibataire dans la presse ou au cinéma : fille à chat sentant la croquette ou femme démoniaque prête à tout pour voler le mari des autres.
- La femme qui a choisi de ne pas avoir d’enfant ou qui, en ayant, n’hésite pas à affirmer qu’elle a fait une erreur. Mona Chollet rappelle que le fait d’avoir des enfants a une influence négative sur la carrière des femmes, positive sur celle des hommes.
- La femme âgée. Alors que les femmes sont incitées à lutter contre les rides et les cheveux blancs, ceux-ci passent pour séduisants chez les hommes, une preuve de maturité en tout cas et non pas de laisser-aller.
La quatrième chapitre enfin fait office de conclusion en invitant à contester l’ordre symbolique instauré à la Renaissance. Il y est question d’écoféminisme et de violences médicales.
Ayant déjà pas mal lu sur la cause des femmes je ne peux pas dire que cet essai m’ait apporté de grandes révélations. J’en ai trouvé la lecture intéressante cependant car c’est un sujet qui m’intéresse et que j’ai apprécié de voir ainsi mes connaissances réactivées. C’est le genre d’ouvrage qui me rappelle de façon bienvenue qu’il est important de ne pas se laisser influencer par les représentations du patriarcat. C'est enfin une lecture très accessible.
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Par Anne-yes le 15 Août 2023 à 15:57
Excommunié par le pape Innocent 3, le roi Jean sans Terre organise sa riposte : il prépare l’envoi d’une ambassade auprès de calife de Cordoue pour lui demander son alliance. Informés de cette forfaiture, les barons anglais en rébellion contre Jean décident de monter leur propre expédition pour contrecarrer celle du roi. Notre héros, Guilhem d’Ussel, et son ami Robert de Locksley, en font partie. A Cordoue ils comptent bien s’appuyer sur le soutien du cheikh Baghisain, ingénieur de machines de guerre, rencontré dans un précédent épisode. Mais un traître s’est joint à leur troupe.
Je l’ai trouvé bien long ce roman. Il m’a semblé que les péripéties, l’action et les combats qui m’avaient plu dans les tomes antérieurs étaient ici trop délayés. Je me suis demandée si c’était moi qui me lassait à la longue ou si c’était l’auteur. La préparation de la contre expédition, le départ d’Angleterre, l’arrivée en Espagne, se traînent et on ne découvre Cordoue que dans les 50 dernières pages, ce que j’ai regretté. Je pense que je ne relirai pas de sitôt cette série.
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Par Anne-yes le 8 Août 2023 à 15:03
Stéphane Milhas, le narrateur, est un homme de 52 ans qui traverse une mauvaise passe : il est au chômage après la faillite de sa petite entreprise et les relations avec sa femme sont tendues. Voilà que son oncle et sa tante, qui vident leur maison avant de partir en maison de retraite, lui confient Le tableau du peintre juif : un tableau offert par son auteur au grand-père qui l'avait caché pendant la guerre. Stéphane se met alors en tête de faire reconnaître ses grands-parents comme Justes parmi les nations. Mais les choses ne vont pas du tout se passer comme il l'imaginait...
L'intrigue est plutôt bien trouvée, avec des rebondissements mais c'est la réalisation qui pêche : l'écriture est maladroite, les dialogues sonnent faux et les relations entre les personnages (particulièrement le narrateur et sa femme) m'apparaissent souvent artificielles. L'auteur a à coeur d'informer son lecteur sur les lieux et situations que traverse son personnage. Stéphane est à Jérusalem ? Rapide topo sur Yad Vashem, la shoah par balles et la sociologie de la ville. Stéphane enquête à Madrid ? Point sur l'ambiance des soirées espagnoles... Je peux comprendre que cela plaise à certains mais clairement je n'étais pas le public cible pour cet ouvrage.
L'avis d'Ingannmic.
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Par Anne-yes le 31 Juillet 2023 à 11:27
La petite Millie/Camille a grandit depuis Dans la main du diable. Elle a 24 ans en 1933 quand elle vient s'installer à Paris. Pendant ce temps ses parents, Pierre et Gabrielle Galay, passent des vacances en Allemagne chez leurs amis Weisser dont le fils aîné est un nazi quand les cadets s'opposent au régime. 20 ans après les personnages principaux de ce roman sont les enfants du précédent. Le lecteur croise aussi Sassette/Elise, la fille de la cuisinière des Bertin-Galay, devenue libraire à Paris et agente de renseignements occasionnelle. La période est propice, en effet, à l'espionnage et aux coups fourrés; agitateurs politiques, aventuriers et agents doubles circulent entre l'Italie fasciste, l'Allemagne nazie, l'URSS de Staline et la Hongrie. J'ai apprécié la description bien documentée du cadre politique de l'année 1933.
L'écriture d'Anne-Marie Garat fait la part belle aux sentiments et aux sensations des personnages : les sons, les odeurs, les détails visuels, les contacts et ce qu'on ressent à les éprouver, sont décrits de façon vivante et imagée.Tout le roman est traversé par la nostalgie : nostalgie des amants au souvenir des débuts de leur amour, nostalgie des parents de jeunes adultes qui revoient le petit enfant charmant. Tout cela touche juste et je m'y suis souvent reconnue mais, à la longue, j'ai trouvé que cela faisait répétitif. Je me suis lassée aussi des longues ruminations intimes de certains personnages et des flash-back nombreux. J'ai eu l'impression que cela tournait en rond et que l'action n'avançait guère et j'ai lu le dernier quart des 925 pages en diagonale.
Le dénouement est celui d'un roman-feuilleton avec péripéties improbables et réapparition d'un méchant qu'on croyait disparu à tout jamais. Très clairement l'objet est ici d'alerter le lecteur sur le retour toujours possible du Mal. Cela sonne juste par les temps qui courent. Malheureusement, arrivée à ce point de ma lecture, je suis surtout agacée par les défauts que j'ai dis avant et l'avertissement se noie dans les détails annexes. Après le premier tome que j'avais beaucoup apprécié, cet Enfant des ténèbres est pour moi une déception.
Il me permet en tout cas de participer aux défis Pavés et Epais de l'été.
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Par Anne-yes le 24 Juillet 2023 à 10:00
Le romancier Milan Kundera est mort le 11 juillet 2023. Il était né en 1929 à Brno, alors en Tchécoslovaquie. Il quitte son pays pour la France en 1975 et prend la nationalité française quelques années plus tard. Par méfiance envers les journalistes, Milan Kundera refusait les interviews. Il estimait qu’une œuvre devait parler d’elle-même, que le roman n’était que roman et que c’était une erreur de l’analyser à l’aune de la biographie de son auteur.
La plaisanterie. Ecrit en 1965, ce roman est paru en Tchécoslovaquie en 1967 et en France en 1968. Milan Kundera a découvert plus tard que le traducteur n’avait pas traduit le livre mais l’avait réécrit dans un style « fleuri et baroque » qui n’était pas du tout le sien. Il a donc révisé entièrement la traduction.
En 1948 Ludvik Jahn est un jeune étudiant d’une vingtaine d’années, membres du Parti Communiste, exerçant un poste important à l’Union des Etudiants. Pour choquer une camarade crédule, il lui adresse une carte postale sur laquelle il a inscrit un message pouvant passer pour trotskiste. Pour cette plaisanterie Ludvik est exclu du Parti, de l’université et envoyé faire son service militaire dans un bataillon disciplinaire. Cinq ans plus tard Ludvik reprend ses études et s’insère dans la société. Cette expérience a néanmoins changé sa façon de voir le monde et lui a donné l’envie de se venger des responsables de sa disgrâce. 15 ans après les faits, au milieu des années 1960, pendant que la Tchécoslovaquie traverse une période de libéralisation, Ludvik se retourne sur son passé alors qu’il entrevoit une occasion de se venger.
J’ai apprécié l’analyse psychologique et le regard lucide que ses déboires ont mené Ludvik à porter sur ses propres motivations et celles des autres (en tout cas celles des personnages masculins, j’y reviendrai). J’ai apprécié la belle écriture. Ludvik joue, dans sa jeunesse, de la clarinette dans un orchestre traditionnel morave et l’auteur (lui-même musicien) nous donne plusieurs développements sur ce folklore et sur la façon dont le régime communiste a tenté de le récupérer. Ce n’est pas inintéressant mais ces digressions m’ont longtemps fait me demander où Milan Kundera voulait en venir. En fait exactement à ce qui est écrit en quatrième de couverture de mon édition : à une conclusion pas vraiment optimiste.
« Il peut être déroutant de les [ses romans] relire aujourd’hui avec leurs personnages féminins souvent ridiculisés, sinon méprisés ». Libération.
C’est exactement ce que j’ai ressenti : j’ai été déroutée par la façon dont sont traités les personnages féminins. Ludvik est un misogyne qui plaque ses représentations sur les femmes qu’il fréquente et échoue à les connaître vraiment. A deux reprises il tente de violer une jeune fille dont il se dit épris et qui se refuse à lui malgré ses déclarations d’amour. Pour lui, après 25 ans, les femmes ne sont plus désirables : il est question d’une femme de 35 ans dont la beauté et les formes sont présentées comme flétries. Ludvik doit se faire violence pour coucher avec elle (lui-même a 37 ans). Plus problématique : le personnage n’est pas le seul à traiter les femmes avec violence, à la fin l’auteur ridiculise Helena en la plaçant dans une situation fort humiliante.
Je suis de plus en plus sensible à la misogynie ou au sexisme dans les romans que je lis et je dois dire que je les supporte de moins en moins. Pour moi ce sont des défauts capables d’occulter les qualités que peut avoir par ailleurs un ouvrage. Par différents aspects la lecture de ce roman m’a rappelé ce que j’avais ressenti en lisant Trésor d’amour. Kundera me paraît cependant bien moins imbu de lui-même que Sollers.
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Par Anne-yes le 17 Juillet 2023 à 14:24
Bournville (titre original du livre) est une petite ville proche de Birmingham, fondée au 19° siècle par la famille Cadbury (des quakers) pour y loger leurs ouvriers. C’est là qu’a grandit Mary Clarke, le personnage central du roman parmi de nombreux autres. Nous faisons sa connaissance en 1945 -elle a 9 ans- à l’occasion des fêtes de la victoire sur le nazisme. Nous la retrouvons en 1953 pour le couronnement de la reine Elisabeth. Mary est alors fiancée à Geoffrey Lamb, fils d’un collègue de son père chez Cadbury. Tout du long du roman l’histoire de la famille Lamb croise ainsi celle de la Grande-Bretagne -et celle du chocolat Cadbury- lors de quelques événements représentatifs choisis par l’auteur, jusqu’au confinement de 2020 quand Mary, vieille femme de 85 ans, se retrouve enfermée chez elle sans avoir le droit de rencontrer personne.
J’ai trouvé intéressant ce que j’ai appris sur l’histoire de la Grande-Bretagne et de la maison Cadbury. Jonathan Coe s’est documenté sur la façon dont les différents événements qu’il a choisis ont été retransmis à la radio ou à la télé et présente tout cela de façon vivante et amusante. Les histoires des nombreux personnages de la famille de Mary (parents, beaux-parents, mari, sœur, enfants, petits-enfants…) sont plaisantes. C’est sympathique mais pas très profond, idéal pour une série de trajets en voiture sur les routes des vacances, très bien lu par Rachel Arditi qui modifie sa voix pour incarner les divers personnages.
Il me semble que le titre original collait plus justement à ce qui est raconté ici que sa « traduction » française.L'avis de Luocine.
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Par Anne-yes le 10 Juillet 2023 à 08:58
L’écrivain étatsunien Cormac McCarthy est mort le 13 juin 2023. Ce géant des lettres américaines était né en 1933. C’était un homme discret qui refusait de s’afficher dans les médias et déclina systématiquement les propositions de collaboration des universités. De ce fait il vécut longtemps dans la pauvreté. En plus d’une dizaine de romans il a écrit des scénarios de films et de séries.
La route est un roman culte traduit dans 48 langues et vendu à quatre millions d’exemplaires aux Etats-Unis.
« Il sortit dans la lumière grise et s’arrêta et il vit l’espace d’un bref instant l’absolue vérité du monde. Le froid tournoyant sans répit autour de la terre intestat. L’implacable obscurité. Les chiens aveugles du soleil dans leur course. L’accablant vide noir de l’univers. Et quelque part deux animaux traqués tremblant comme des renards dans leur refuge. Du temps en sursis et un monde en sursis et des yeux en sursis pour le pleurer. »
Après l’apocalypse. Tout a brûlé. La terre est recouverte de cendres qui flottent aussi dans l’atmosphère et voilent le soleil. Il fait très froid. Il neige. Ou il pleut. Poussant un caddie de supermarché chargé de leurs affaires et de conserves de nourriture, un père et son fils se dirigent vers les côtes du sud où ils espèrent trouver des températures plus clémentes. Il leur faut être sans cesse sur leurs gardes pour éviter les hordes de barbares qui se nourrissent de chair humaine.
Ce roman post-apocalyptiques est écrit dans un style terriblement efficace qui colle particulièrement au sujet : économie de moyens, dialogues secs, écriture en apparence plate, énumération de petits gestes qui font ressentir le côté répétitif de cette survie morne : « Il détacha la bâche et l’écarta et fouilla parmi les boîtes de conserve et trouva une boîte de salade de fruits et sortit l’ouvre-boîte de sa poche et ouvrit la boîte et plia le couvercle et s’approcha et s’accroupit et tendit la boîte au petit ».
Comme dans l’exemple ci-dessus les personnages ne sont jamais nommés, comme si la dépossession dont ils sont victimes s’étendait jusqu’à une part de leur identité. On ne saura pas non plus ce qui a mené l’humanité à sa fin. Quelques allusions sont faites à la période de l’effondrement, au début de laquelle il semble que le petit soit né. Cet enfant, dernière raison de vivre qui reste au père, est l’objet de tout son amour.
La narration est en focalisation externe mais centrée sur le père. L’analyse psychologique est menée de façon convaincante avec l’effacement des souvenirs d’avant ou au contraire leur retour en force lors des moments de découragement. Je me suis longtemps demandée comment cette quête désespérée allait se terminer et j’ai trouvé la fin plutôt réussie, en tout cas très émouvante, à l’image d’un roman qui ne m’a pas laissée insensible.
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Par Anne-yes le 3 Juillet 2023 à 17:39
Arlington Park est une banlieue résidentielle de Londres habitée par des classes moyennes supérieures. Les femmes qui vivent là sont mères au foyer ou travaillent à temps partiel pour pouvoir s’occuper de leurs enfants et de leur intérieur. Juliet, Amanda, Maisie, et Christine sont, à des degrés divers, insatisfaites de leur vie. Formatées depuis leur enfance, elles ont obéit aux injonctions de la société, fait des enfants, aménagé une belle cuisine, invité leurs voisins à dîner, pour s’apercevoir que tout cela ne suffisait pas à donner un sens à leur vie.
Voici un roman où il ne se passe quasiment rien -passez votre chemin si vous recherchez de l’action- mais néanmoins très bien mené par Rachel Cusk qui fait une critique féroce de la société de consommation patriarcale. Elle décortique avec précision la façon dont ces femmes se sont retrouvées engluées dans un quotidien morne qui génère chez elles ressentiment et névrose : « Juliet se rappelait que, quand sa mère était plus jeune, c’était quelqu’un de plutôt exubérant, passionné, brouillon et libre. Maintenant c’était une femme venimeuse qui entretenait une maison pleine d’ornements impeccables, de presse-papiers en verre miroitant et de petites boîtes en ivoire qui lui procuraient un plaisir étrange et voluptueux, presque insensé ».
Elle montre comment, quand on a « tout pour être heureuse » (enfants, mari qui ramène un bon salaire, belle maison) il est difficile de revenir en arrière. La peur du déclassement guette. Cependant, si on est chez des gens qui n’ont guère de soucis financiers, il me semble que cette analyse de l’aliénation féminine peut valoir pour toutes les classes sociales.
J’ai apprécié la lecture de ce roman intelligent qui donne à réfléchir.
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Par Anne-yes le 26 Juin 2023 à 17:31
En lisant la rubrique nécrologique de Martin Amis, j'ai appris que Elizabeth Jane Howard était sa belle-mère (la femme de son père). D'après Le Monde c'est elle qui l'a initié à la littérature. Ca m'a rappelé que j'avais prévu de lire La saga des Cazalet.
En 1937-1938, la famille Cazalet, de riches négociants en bois, trois générations, 17 personnes, passe les étés dans la grande propriété familiale du Kent. Kitty Cazalet, la femme du "Patriarche", surnommée la Duche par ses enfants, organise l'hébergement de tout le monde, secondée par sa fille Rachel, célibataire, et bien sûr par plusieurs domestiques, venus de Londres ou recrutés sur place. Outre Rachel on attend l'arrivée des trois fils Cazalet avec femmes et enfants. L'aîné, Hugh, est un invalide de guerre. Avec sa femme Sybil ils forment un charmant couple amoureux, chacun essayant d'imaginer ce qui pourrait faire plaisir à l'autre : "Il alla écarter les rideaux. Le matin il était réveillé par le jour, mais il savait, ou croyait savoir, qu'elle les préférait ouverts."- Tu n'es pas obligé de les ouvrir. Ca m'est vraiment égal.
- J'aime qu'ils soient ouverts, mentit-il. Tu le sais.
- Bien sûr." Elle renonçait de bon coeur à les garder fermés, car elle savait qu'il aimait respirer. D'accord, le jour la réveillait, mais c'était un faible prix à payer pour un homme qu'elle aimait si fort."
Leur fille Polly, 13 ans, est terrorisée à l'idée qu'une nouvelle guerre puisse éclater. En 1938, au moment de la Conférence de Munich, tout le monde est dans la même angoisse.
Le deuxième fils, Edward, est nettement moins sympathique. Le personnage intéressant du couple est sa femme, Villy. Ancienne danseuse classique, elle a abandonné sa carrière pour se marier et découvert depuis à quel point cette vie de femme au foyer la satisfaisait peu. Rupert est le seul des trois frères qui ne travaille pas dans l'entreprise familiale. Il est peintre et gagne sa vie trop modestement aux yeux de sa jeune épouse Zoë. Elevée pour faire un beau mariage par une mère qui a tout misé sur la beauté de sa fille, Zoë apparaît au départ comme une sotte uniquement occupée d'elle-même. Elle va montrer qu'elle est capable d'évoluer positivement.
Dans ce roman l'autrice met l'accent sur les personnages féminins, femmes et filles. Chacune représente un aspect de la condition féminine à cette époque (chez les riches). Il m'a fallu un peu de temps pour entrer dans ma lecture. J'ai pensé au départ que ces histoires de famille allaient m'ennuyer. Il est fait peu d'allusions au contexte historique. Petit à petit cependant on entre sous la couche superficielle des personnages qui acquièrent une vraie profondeur. L'analyse psychologique est fouillée et j'ai maintenant envie de lire la suite de ce roman que j'ai apprécié.
L'avis de Lilly.
Avec 557 pages, je participe au défi Pavés de l'été repris par La petite liste. On me signale de plus qu'avec 608 pages en Folio ce roman compte aussi pour Les épais de l'été, organisé par ta d loi du cine, squatteur chez Dasola.
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Par Anne-yes le 21 Juin 2023 à 09:41
En 1957 Tora, l'héroïne de La véranda aveugle, a 15 ans. Après l'incarcération d'Henrik pour incendie volontaire, Tora est libérée un temps du péril. Cette période de répit lui permet d'envisager de quitter l'île et de dire enfin sa haine de son beau-père même si la honte ressentie l'empêche d'avouer les abus à sa mère ou sa tante. Dans ce tome Herbjørg Wassmo développe aussi l'histoire de Soleil, voisine et amie de Tora, âgée de deux ans de plus qu'elle. Fille aînée d'une famille nombreuse, Soleil s'occupe de ses petits frères et soeur depuis son enfance. La mère est une illuminée qui passe ses journées à louer Dieu. Soleil a du arrêter sa scolarité mais travaille et gagne de l'argent par divers moyens avec l'objectif de se payer un cours de commerce puis de quitter l'île. Pour ces deux jeunes femmes le départ apparaît comme une occasion d'émancipation et l'autrice dit bien leurs espérances et la façon dont elles pourraient être brisées. Ingrid, mère de Tora, femme effacée qui subit habituellement sa condition, profite de l'absence de son mari pour soutenir sa fille.
J'ai beaucoup aimé cette lecture. Je trouve les personnages féminins très attachants. J'ai eu envie qu'il leur arrive du bien même si ce n'est pas gagné d'avance. Dans ce tome Tora subit encore de grandes violences mais malgré tout elle se relève, elle trace sa voie et a la force de profiter des bons moments pour en faire des réserves de souvenirs positifs pour les temps durs.
Herbjørg Wassmo réussit à merveille à exprimer les sentiments de cette adolescente, le regard qu'elle porte sur le monde et ses proches. L'analyse psychologiques est fine et approfondie. J'ai aussi été particulièrement touchée par la description d'une tempête qui frappe l'île. Il y a des images saisissantes. J'ai hâte de savoir quel dénouement me réserve le troisième tome.
C'est une lecture commune avec Ingannmic et Doudoumatous. Et un nouveau titre pour le défi Auteurs des pays scandinaves.
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