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Par Anne-yes le 5 Mars 2024 à 15:27
Ce tome ultime de la Saga des Cazalet se déroule de juin 1956 à Noël 1958 soit 10 ans après le précédent épisode. Il a aussi été écrit 18 ans après. Si j’ai pris plaisir à retrouver les personnages, cette lecture a aussi été une source d’agacement, de trop nombreux protagonistes se comportant de façon irresponsable à mon goût. Après la mort de leur père les trois fils Cazalet ont repris la gestion de l’entreprise familiale de négoce de bois. Hélas, cette génération née à la toute fin du 19° siècle n’a pas pris la mesure des changements économiques qu’avait entraînés la seconde guerre mondiale. Ils ont continué à nommer aux postes clés des Cazalet plutôt que des personnes capables et les voici au bord de la faillite, déplorant la baisse de revenus mais préparant un Noël mémorable où l’on s’offre collier de perles et fourrure. Le Noël en question donne droit à un très long chapitre -alors que les autres sont courts- de qualité très inégale et qui clôt le livre. J’y retrouve les analyses psychologiques fines à côté de souvenirs de la vie privée des personnages auxquels l’autrice n’arrive pas à m’intéresser.
La description de la vie quotidienne matérielle reste par contre fort intéressante. J’apprécie particulièrement ce que je lis sur l’alimentation à cette époque et dans cette classe. On ne mange que des légumes de saison et topinambours, choux de Bruxelles et pommes de terre s’invitent très régulièrement aux repas. Avec de bons desserts pour faire passer : ça m’a donné envie de me cuisiner un cake aux fruits secs. Je suis frappée par la quantité d’alcool qui est ingurgitée par les personnages : apéritif tous les soirs avec double dose, repas à trois arrosé de deux bouteilles de champagne, une de vin et de digestifs. Peut-être une piste pour des économies ?
J’apprécie l’évolution du personnage de Villy. Dommage que la famille de sa sœur ait disparu.
Pour conclure c’est un livre que j’ai lu facilement et sans déplaisir majeur car j’y retrouvais des personnages connus mais je crois qu’il était temps qu’Elizabeth Jane Howard mette fin à sa saga.
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Par Anne-yes le 2 Mars 2024 à 12:51
Ada Lovelace (1815-1852), fille du poète Byron, est connue pour avoir écrit le premier programme informatique au monde -alors qu’on n’avait pas encore inventé l’ordinateur ! En fait c’est son travail qui a été plus tard la base de l’invention des ordinateurs. Elle a aussi pressenti l’Intelligence Artificielle. Dans cette biographie Catherine Dufour, ingénieure en informatique et écrivaine, nous présente le travail d’Ada et son cadre de vie. Cadre familial avec la présentation de ses ancêtres et de ses proches et des douloureuses relations avec sa mère qui ne manquait pas une occasion de la rabaisser. Cadre sociologique, à savoir la vie dans le monde c’est-à-dire la bonne société.
J’ai été peu emballée par le style utilisé qui est celui du langage parlé avec, à l’occasion, du vocabulaire grossier. La grossièreté me gêne. Quant à l’écriture familière elle peut m’amuser par son côté décalé quand elle s’allie à un fond rigoureux. Or je déplore ici un manque de rigueur. Parmi les sources citées on trouve à égalité des ouvrages historiques et des répliques de films.
Ce qui me chiffonne aussi c’est que l’autrice ait l’air de considérer que les violences intra familiales sont choses normales, compatibles avec l’amour. Ainsi, dans la même page je lis à propos des enfants d’Ada : « Ce qui est plus étrange, c’est qu’ils détestent leur père » et plus loin : « C’est un homme violent. Il tabasse et sa femme, et ses enfants ». Ma foi, ça ne me paraît pas étrange que ses enfants le détestent, ça serait même plutôt sain.
Après son mariage, Ada a refusé de fréquenter sa mère maltraitante. Cette dernière cependant arrive à s’introduire chez sa fille mourante, chasse les domestiques qui prenaient soin d’elle et interdit l’entrée aux amis. Commentaire de l’autrice : « Être aux côtés de sa fille, qu’elle aime et qui souffre, doit aussi lui importer ». Mais ce n’est pas de l’amour ça, madame, c’est de la volonté de contrôle ou de domination !
Sinon j’ai apprécié de découvrir l’histoire d’Ada Lovelace dont la vie s’inscrit dans une période (la première moitié du 19° siècle) de découvertes scientifiques foisonnantes. Cela m’a fait penser à Prodigieuses créatures où c’étaient aussi des femmes qui faisaient avancer la science. Je me suis demandée si le fait que ces terrains de connaissance soient nouveaux avait permis à certaines de les investir dans une société qui, globalement, laissait peu de place aux femmes.
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Par Anne-yes le 28 Février 2024 à 13:54
Née en 1971, Pınar Selek est une sociologue d’origine turque. Elle a mené des enquêtes sur les groupes opprimés en Turquie (personnes homosexuelles et trans, Kurdes) et pour ces raisons s’est mise à dos le régime. En 1998, après une explosion au gaz dans le bazar aux épices d’Istanbul, les autorités prétendent qu’ils s’agissait d’un attentat et l’accusent d’y avoir participé. Elle est emprisonnée et torturée. Elle a été jugée et acquittée quatre fois. Un cinquième procès est prévu. En 2011 elle a trouvé asile en France.
Le 19 janvier 2007 Hrant Dink, journaliste arménien et ami de Pınar Selek est assassiné. A ses obsèques Rakel Dink, la femme de Hrant, dit : « Rien ne se fera, mes ami.es, sans sonder les ténèbres qui font d’un bébé un assassin ». Pınar Selek se questionne alors sur le « rôle de la masculinité normative dans l’organisation de la violence politique » et décide de mener une étude sociologique sur le service militaire en Turquie. Ce travail a donné lieu à un livre paru en Turquie en 2009. Devenir homme en rampant, est parue en 2014. L’ouvrage est épuisé. Le chaudron militaire turc est une sorte de résumé de ce précédent ouvrage. Ce court livre de 100 pages est paru en 2023 alors que Pınar Selek devait être rejugée le 29 septembre. Ce procès a été reporté au 28 juin 2024.
Pınar Selek distingue six étapes de l’acquisition du statut de sexe dominant en Turquie : circoncision, première expérience sexuelle, service militaire, travail, mariage, paternité. Dans les milieux traditionnels ces étapes sont l’occasion de célébrations familiales et mettent en valeur le fait d’avoir un pénis. Lors du service militaire les jeunes hommes apprennent à obéir à des ordres ineptes. Ils sont brutalisés par leurs supérieurs et leurs camarades incorporés avant eux. Cela les amène à consentir à l’organisation hiérarchique car ils savent que, en montant en grade, ils seront moins souvent battus et pourront battre à leur tour les nouveaux. Les hommes qui témoignent sont de générations très diverses. Certains ont fait la guerre de Corée (la Turquie y a participé aux côtés des forces de la coalition américaine), d’autres sont nés dans les années 1970. Tous ont subi des violences. Cette violence est acceptée par les soldats : les commandants non violents ne sont pas pris au sérieux, ce qui légitime l’usage de la violence.
J’ai apprécié le regard féministe et j’ai trouvé intéressant la réflexion menée sur le rôle du service militaire dans la perpétuation d’une masculinité normative. Toutes proportions gardées il m’a semblé que le service militaire tel qu’il existait en France jusqu’au 20° siècle devait bien avoir le même effet.
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Par Anne-yes le 23 Février 2024 à 16:05
Dans l’Angleterre de la fin du 20° siècle (le roman est paru en 1887), George Melbury est un marchand de bois prospère qui a placé sur Grace, sa fille unique, ses rêves d’ascension sociale. Il lui a pour cela payé des études dans une institution huppée. A 20 ans Grace revient vivre chez ses parents dans le hameau forestier de Little Hintock. Elle y retrouve Giles Winterbone, arboriculteur et presseur de cidre, ami d’enfance amoureux d’elle, simple et fidèle. Elle y fait aussi la connaissance du docteur Edred Fitzpiers un homme séduisant et cultivé mais aussi un coeur d’artichaut. Entre les deux le coeur de Grace balance. Son père aussi hésite : il s’était promis de donner Grace à Giles mais cette jeune fille accomplie ne mérite-t-elle pas mieux qu’un paysan ? Le sentiment qu’on les personnages de leur place sociale joue ici un grand rôle.
Tiraillée entre deux hommes, Grace est bien mal conseillée par son père auquel elle n’est capable de s’opposer que tardivement et les conséquences en sont dramatiques pour le pauvre Giles. Il y a à la fois une analyse des sentiments qui me paraît fort bien vue et des péripéties dignes d’un véritable mélo. Ce qui fait le malheur des personnages c’est le désir ou plutôt le fait d’y céder. L’homme et la femme idéale sont chastes, le ménage modèle un couple sans désir.
Le cadre de l’action est celui d’une petite communauté forestière où tout le monde se connaît. L’auteur donne de belles descriptions de la nature et précise certaines des us et coutumes de ces gens des bois. Le roman prend alors des allures ethnographiques. J’ai trouvé ça intéressant, particulièrement ce qui est dit de la possibilité pour les jeunes paysannes de se ménager des espaces de liberté amoureuse avant le mariage.
C’est une lecture qui m’a plu.
L'avis de Lilly.
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Par Anne-yes le 16 Février 2024 à 12:09
A Glasgow en 1881, le médecin légiste Godwin Baxter ramène à la vie une jeune femme qui s’était suicidée et lui greffe le cerveau du bébé dont elle était enceinte. Il donne le nom de Bella Baxter à sa créature qui jette sur le monde un regard neuf, totalement exempt de préjugés sociaux. Après s’être fiancée à Archibald McCandless, étudiant en médecine, Bella prend la fuite avec Duncan Weddeburn, notaire véreux. Les deux amants partent pour une croisière sur la Méditerranée. Weddeburn a bien l’intention de profiter de la situation au maximum. La suite montrera qu’il s’est lourdement trompé en pensant qu’il pourrait diriger Bella à sa guise.
Cerveau de bébé dans un corps de femme adulte, Bella exprime ses sentiments comme elle les éprouve, parle sans filtre et se conduit comme elle le souhaite, ayant comme principal objectif de goûter la vie. Son comportement est très éloigné de celui qui est attendu des femmes de la bourgeoisie à la fin du 19° siècle. Séducteur de femmes, Duncan Weddeburn ne s’attendait certes pas à ce que sa relation avec Bella puisse amuser celle-ci. Un autre homme va découvrir à ses dépends ce qu’il en coûte de vouloir dominer une femme libre : le général Blessington, époux de la suicidée. Sa déconfiture totale est bien méritée et plutôt réjouissante.
Sorte de Candide, Bella découvre lors de son voyage un monde dont les injustices la révoltent. Ce roman est l’occasion pour l’auteur de dénoncer le patriarcat, le capitalisme, les inégalités, le colonialisme, l’armée, les internats, bref toutes les formes d’autorité et de violence, sur un ton souvent caustique. Ces dénonciations concernent sans doute la période victorienne mais fonctionnent bien aussi pour l’époque contemporaine (le roman est paru en 1992).
Pauvres créatures prend la forme de textes successifs écrits par les différents protagonistes. Le principal morceau, Episodes de la jeunesse d’un officier de santé publique écossais, se présente comme un récit parut à compte d’auteur et relatant la rencontre d’Archibald McCandless, l’auteur, avec Godwin Baxter et Bella. Il est entrecoupé par deux lettres, l’une de Weddeburn l’autre de Bella, chacune présentant sa version de leur périple, et suivi d’une mise au point de Bella et de Notes critiques et historiques par Alasdair Gray. Le tout est illustré de nombreuses gravures en noir et blanc (Gray était aussi peintre). L’ensemble fort bien mené donne parfois l’illusion de lire un ouvrage d’époque. Le résultat est amusant et plaisant à lire.
Pauvres créatures a été adapté au cinéma. C’est un film de Yórgos Lánthimos paru en 2023. J’ai d’abord vu le film et ensuite lu le livre. Ce dernier m’a semblé bien adapté. Des passages ont été modifiés, d’autres supprimés pour la version cinématographique ce qui fait que le lecteur a encore des choses à découvrir. Emma Stone est très bien en Bella. L’ambiance steampunk accentue le côté fantastique de l’histoire. C’est un film que j’ai apprécié.
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Par Anne-yes le 13 Février 2024 à 14:30
Berlin, 1923. Pour ce deuxième épisode de ses aventures nous retrouvons Fräulein Hulda Gold, la sage-femme, en pleine période d’hyperinflation : « Son collant était sans doute fichu, et elle ne savait pas combien de milliards coûtait une nouvelle paire en ce moment ». Notre héroïne est appelée à Scheunenviertel, le quartier des Granges, pour y mettre au monde un bébé dans une famille juive.
Scheunenviertel est un quartier pauvre habité par une population cosmopolite dont de nombreux Juifs originaires d’Europe de l’est. Lorsque Hulda revient quelques jours après la naissance pour des soins à l’accouchée, le bébé a disparu et personne dans la famille Rothmann ne veut lui dire ce qu’il s’est passé. Pendant ce temps l’inspecteur Karl North, bon ami de Hulda, enquête sur une affaire de trafic d’enfants. Une camionnette contenant des petits cadavres a été retrouvée à Tempelhof. Les deux affaires seraient-elles liées ?
Dans ce genre de policier historique l’enquête n’est pas le principal intérêt mais ici plutôt la vie privée de Hulda, femme indépendante, son travail de sage femme aguerrie et le cadre historique. Côté vie privée nous suivons les péripéties de sa relation chaotique avec Karl, sa rencontre avec la pharmacienne Jette Langhans dont elle devient l’amie et avec le rabbin Esra Rubin au charme duquel elle n’est pas insensible. Le cadre historique est celui de l’hyperinflation dont profitent des agitateurs d’extrême-droite. Fille d’un père juif, Hulda est une mécréante qui ne se considère pas comme Juive. Alors que Scheunenviertel est le théâtre d’un pogrom, Hulda découvre que les antisémites se fichent bien de l’image qu’elle se fait d’elle-même.
J’ai trouvé que l’histoire était un peu lente à démarrer mais ensuite c’est une lecture qui m’a plue.
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Par Anne-yes le 9 Février 2024 à 10:00
Dans ce roman nous suivons, entre 1694 et 1702 (avec un épilogue en 1729), les aventures de Nicolas Déruet, habile chirurgien lorrain. A cette époque les chirurgiens-barbiers, formés par l’apprentissage et fins connaisseurs de l’anatomie humaine, sont méprisés par les médecins qui ont étudié dans les livres et pratiquent volontiers la saignée. Menacé par un médecin français auquel il s’est opposé, Nicolas doit quitter Nancy en laissant derrière lui son amoureuse, la sage-femme Marianne Pajot. En Hongrie notre héros participe pendant quatre ans à la guerre du Saint Empire Romain Germanique contre les Ottomans avant de rentrer à Nancy dans la suite de Léopold, le jeune duc de Lorraine.
Je découvre avec intérêt un pan d’histoire du royaume de Lorraine, Etat alors indépendant et faisant partie du Saint Empire. Louis 14 veut rattacher la Lorraine à la France et Léopold doit jouer finement pour garder son autonomie sans vexer un puissant voisin qui risquerait de lui déclarer la guerre. Cette lecture m’a donné envie d’aller visiter Nancy.
L’autre grand intérêt de ce roman c’est ce que je lis sur les pratiques médicales. Nicolas est un esprit éclairé, sorte de précurseur des Lumières, avide de se former pour progresser toujours plus dans son art. S’appuyant sur sa pratique antérieure et sur les livres qu’il peut se procurer, il expérimente de nouvelle opérations, généralement avec succès. Je ne suis pas sûre que ce soit très crédible mais je l’accepte. Je suis surprise cependant d’entendre parler d’ambulances volantes dont il me semblait qu’elles avaient été inventées par Larrey cent ans plus tard.
Ce que je trouve moins réussi ce sont les aspects purement romanesques. L’auteur a doté certains de ses personnages secondaires d’histoires annexes dont on aurait pu se passer vu qu’elles peinent à conférer une épaisseur à ces personnages. J’avais lu quelque part que, si l’auteur mentionnait la présence d’un fusil au premier chapitre, il fallait que ce fusil serve à quelque chose dans la suite du roman. Eric Marchal s’affranchit totalement de cette règle. Nicolas est suivi par un inconnu, que va-t-il se passer ? Rien, Nicolas croise quelqu’un d’autre. Le petit Simon apprend par hasard qu’il est un enfant adopté, comment va-t-il réagir ? Nous ne le saurons pas, nous n’entendrons plus parler de Simon.
Les péripéties des histoires de coeur de Nicolas, tiraillé entre Marianne et la marquise Rosa de Cornelli, femme égocentrique, prête à intriguer pour se débarrasser de sa rivale me paraissent parfois caricaturales, il arrive que les dialogues sonnent faux.
Malgré ces bémols j’ai trouvé la lecture de ce gros pavé (900 pages) globalement plaisante.
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Par Anne-yes le 5 Février 2024 à 17:12
A 14 ans, Morwenna, dite Mori, est traumatisée par le décès accidentel de sa sœur jumelle Morganna avec qui elle avait une relation fusionnelle. Le traumatisme est aussi physique : Mori a été grièvement blessée à la jambe dans l’accident. Convaincue que sa mère est une sorcière, responsable de la mort de sa sœur, la jeune fille a fugué. Elle a ensuite été confiée par les services sociaux à son père qu’elle ne connaissait pas. Celui-ci l’a inscrite dans une école privée haut de gamme où elle subit les moqueries de ses camarades à cause de son accent (elle est Galloise) et de son handicap (elle marche avec une canne). Mori se réfugie dans la littérature : passionnée de SF et de fantasy, elle lit jusqu’à deux romans par jour.
Cette histoire de deuil nous est racontée sous la forme du journal de Morwenna. J’avais beaucoup apprécié la Trilogie du subtil changement de Jo Walton et j’ai eu envie de lire Morwenna qui a valu le succès à son autrice. Hélas je ne me suis guère intéressée à la vie quotidienne d’une ado qui s’intègre difficilement dans un nouveau milieu et j’ai trouvé cette lecture plutôt ennuyeuse.
Morwenna voit des fées et réalise des charmes pour contrecarrer les intentions maléfiques de sa mère. Jo Walton cependant laisse à son lecteur la possibilité d’interpréter les choses différemment : Morwenna a une fertile imagination et sa mère est folle. Je suis très partagée sur ce procédé. D’un côté je suis plutôt hermétique au merveilleux et l’interprétation pathologique aurait donc dû me convenir, de l’autre côté je n’ai jamais lu de fantasy et j’attendais d’être surprise. Mais l’aspect fantastique est ici très léger et j’ai été déçue que l’autrice ne tranche pas plus clairement.
Morwenna lit des livres de science fiction. Beaucoup. Elle explique comment elle se les procure, en liste les titres et les auteurs et dit si elle les a aimés. Parfois la critique est un peu plus poussée mais ce sont souvent des impressions non argumentées. De toutes ces nombreuses références je ne connaissais que Les dépossédés d’Ursula K. le Guin aussi, quand Mori dit qu’elle aimerait vivre sur Anarres, cela me dit quelque chose. Les autres allusions me passent au dessus. J’imagine que quelqu’un qui connaîtrait les ouvrages cités pourrait mieux apprécier ce roman ? En ce qui me concerne ces énumérations ont contribué à mon ennui plus qu’elles ne m’ont donné envie de découvrir de nouveaux titres.
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Par Anne-yes le 2 Février 2024 à 18:27
Souvenirs et vestiges de la guerre de mon père
Née en 1970, Ariana Neumann est une journaliste d‘origine vénézuélienne installée en Grande-Bretagne. Son père, Hans Neumann (1921-2001), était un Juif de Tchécoslovaquie, d’une famille non croyante (lui et son frère Lotar ne sont pas circoncis). Il est un des rares membres de sa famille à survivre à la shoah. Il émigre au Venezuela après la guerre. A sa fille il n’a jamais parlé de son passé ni de sa famille, elle sait à peine qu’il est Juif. Quand son père meurt, Ariana Neumann hérite d’une boîte contenant divers documents, souvenirs de la jeunesse de Hans à Prague et de sa vie pendant la guerre. Quelques années plus tard, après avoir récupéré auprès d’une cousine un album photos de la famille Neumann, l’autrice se met en quête de l’histoire de sa famille paternelle. Elle fait traduire les lettres, s’adjoint le concours d’une historienne de la shoah, reconstitue son arbre généalogique et prend contact avec des cousins ignorés jusqu’alors. Elle raconte dans ce passionnant récit tout ce qu’elle a découvert.
Je suis stupéfaite par la richesse du matériau historique sur lequel elle a mis la main et qui semblait n’attendre que sa venue pour être rassemblé. Il y a là de quoi rendre envieux bien des historiens, il me semble. Richard et Victor Neumann, les frères d’Otto, le grand-père paternel de l’autrice, avaient émigré aux Etats-Unis avant la guerre. Ariana Neumann entre en contact avec les petits-fils de Victor et l’un d’eux lui confie une collection de lettres envoyées depuis la Tchécoslovaquie après son invasion par l’Allemagne nazie, quand Otto et sa famille espéraient pouvoir quitter leur pays.
Ariana Neumann échange des courriers avec le propriétaire actuel de la résidence de campagne de ses grands-parents paternels en banlieue de Prague et celui-ci lui envoie des documents familiaux trouvés dans le coffre-fort de la maison.
J’ai trouvé intéressant d’avoir lu ce livre après Vivre avec une étoile car je retrouve les mêmes informations dans ce récit que dans le roman de Jiří Weil. Comme Roubiček la famille Neumann est victime d’interdictions de plus en plus nombreuses et menacée de déportation vers le ghetto de Terezín. Otto et sa femme Ella y sont envoyés. Convoqué à plusieurs reprises, Hans quant à lui retarde l’échéance en se faisant déclarer comme travailleur indispensable. Quand cela n’est plus possible il se cache d’abord à Prague puis gagne Berlin où, sous une fausse identité, il se fait engager comme technicien dans une usine qui travaille pour l’armée allemande. Ariana Neumann a retrouvé les preuves de ces péripéties dans la boîte que son père lui a léguée.
Son enquête est aussi pour l’autrice l’occasion de découvrir qui était son père. Elle a connu l’homme déjà âgé, industriel prospère d’une ponctualité tatillonne, muet sur son passé et un peu intimidant de par sa rigueur. Elle découvre qu’il fut un adolescent facétieux et blagueur, maladroit et toujours en retard. Entre les deux le traumatisme dû à la peur constante d’être pris, la mort des parents à Auschwitz, le complexe du survivant et l’impossibilité d’avoir pu prouver à son père qu’il était capable de se comporter de façon responsable.
J’ai beaucoup apprécié cette lecture.
Bien que ce récit soit écrit en anglais il compte pour le Mois latino organisé par Ingannmic.
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Par Anne-yes le 30 Janvier 2024 à 10:00
A Prague, sous l’occupation nazie, le narrateur, Josef Roubiček, Juif, ancien employé de banque, survit dans une mansarde en attendant la déportation. Il a brûlé tout ses meubles pour se chauffer et pour qu’Ils (l’occupant n’est jamais nommé) n’aient rien à lui prendre. Un acte de résistance à la mesure de ce doux.
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