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Par Anne-yes le 1 Novembre 2021 à 11:23
La princesse Gelgéis, fiancée de Colgú, roi de Muman, a disparu en compagnie de son intendant. Sur la route qu'elle suivant pour se rendre à l'abbaye de Cáemgen on a retrouvé le corps du brehon (un homme de loi) Brocc qui l'accompagnait également. Informé, Colgú missionne Fidelma, sa soeur, pour retrouver Gelgéis. Elle est secondée par Eadulf, son époux, et Enda, guerrier de son frère.Autour de l'abbaye la petite équipe se retrouve mêlée aux luttes de pouvoir entre les seigneurs des royaumes de cette région montagneuse de l'est de l'Irlande dont on dit que les sommets sont hantés par des esprits, les aos sí.
Ce roman est le 31° des aventures de Fidelma de Cashel et le dernier paru mais le premier que je lis. Pas de problème, on peut prendre la série en cours. Fidelma est une ancienne religieuse qui a quitté les ordres et épousé un ancien moine -quoique lui ait encore droit à l'appellation de Frère Eadulf. Ce mariage ne semble poser aucun problème à leur entourage ni susciter la réprobation. Nous sommes en 672, dans les premiers temps du christianisme en Irlande. Plus que l'enquête, ce qui m'intéresse ici c'est la découverte du cadre historique et d'une culture où la nouvelle religion venue d'orient (le christianisme) n'a pas encore effacé toutes les traces de l'ancienne foi païenne.
Le système juridique sophistiqué semble lui aussi hérité du passé. Fidelma est une juriste et, malgré son passé de religieuse, elle estime qu'il est heureux que les lois de l'Eglise romaine ne se soient pas encore imposées. Les lois locales privilégient les peines de compensation et de réhabilitation et reconnaissent des droits aux femmes. Fidelma est d'ailleurs clairement une héroïne féministe qui n'est pas du genre à se laisser marcher sur les pieds dans le cadre de ses fonctions. Elle apparaît aussi comme le personnage fort du couple qu'elle forme avec Eadulf.
J'ai apprécié cette lecture. Comme pour les autres romans que j'ai lus se déroulant au Moyen-âge j'aime le rythme lent de la vie à cette époque où il fallait une demie journée de cheval pour se rendre dans un lieu proche. Cela me donne envie de découvrir des épisodes plus récents des aventures de Fidelma.
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Par Anne-yes le 26 Octobre 2021 à 11:54
Camille Kouchner a commencé à écrire ce livre après la mort de sa mère, Evelyne Pisier. Elle y raconte son enfance dans une famille de la bourgeoisie intellectuelle qui a placé la liberté au sommet de ses valeurs. Evelyne est une femme libre et somme sa fille d'être libre aussi. Les parents divorcent quand Camille a six ans :"Tu n'as pas le droit de pleurer, je suis beaucoup plus heureuse comme ça (...) Pas question d'avoir des enfants idiots, des enfants caricatures. Le divorce est une liberté." A plusieurs reprises cette liberté imposée aux enfants m'apparaît comme une façon de se dédouaner de ses devoirs parentaux. Plus tard ce sont Camille et son frère jumeau Victor qui prennent le relai des baby-sitter pour s'occuper des petits frère et soeur. J'ai l'impression que les enfants sont des faire-valoir pour des adultes autour de qui tout doit tourner. Il s'agit de mettre en scène une famille libérée, ce que les enfants peuvent ressentir ne compte pas -ou plutôt il n'est pas imaginable que les enfants puissent ressentir autre chose que ce que ressentent les adultes.
Quand Evelyne se met en couple avec Olivier celui-ci remplace Bernard auprès de Camille, ce père trop souvent absent et aux colères qui font peur aux enfants. La famille passe alors tous les étés à Sanary, dans la grande propriété familiale d'Olivier. On y accueille aussi de nombreux amis. Tous ensemble ils se donnent le nom de Familia grande et forment une petite cour autour d'Olivier et Evelyne. Ici aussi la liberté est de rigueur. On se baigne nu dans la piscine:"Dis donc, ça pousse ma Camouche! Mais tu ne vas tout de même pas garder le haut? T'es pas comme Mumu la coincée!". C'est Olivier qui parle et Muriel, meilleure amie d'Evelyne, est moquée pour sa pudeur. L'exhibition comme preuve de liberté sexuelle, les amis témoins et complices qui ne disent rien pour ne pas être exclus du microcosme, tout cela me fait penser à ce que j'ai lu dans La fabrique des pervers.
Longtemps la relation entre Camille et sa mère est fusionnelle mais cela cesse après le suicide de Paula, la grand-mère maternelle. Evelyne sombre alors dans la dépression et l'alcoolisme, elle se replie sur elle-même. Aux enfants on n'explique rien. Paula a fait un choix, c'était son droit, il est interdit d'être triste. Evelyne se saoule, c'est son droit. C'est peu après que Victor révèle à Camille qu'Olivier, le beau-père adoré, a abusé de lui. Les jumeaux ont 14 ans. Cet inceste survient à la moitié du livre. A partir de ce moment je retrouve ce que j'ai lu dans d'autres témoignages de victimes. Le chantage affectif pour les faire taire. Au suicide dans cette famille où le sujet est particulièrement sensible. La honte ressentie par Victor, la culpabilité par Camille qui a gardé le secret à la demande de son frère. Quand, des années plus tard, Victor parle enfin Evelyne minimise le crime et se pose en victime de ses enfants.
J'ai été touchée par cette lecture, par les violences que l'on a fait subir à ces enfants. Camille Kouchner a des raisons d'en vouloir à son père et à sa mère. Cela apparaît clairement mais elle ne s'est pas arrêtée au ressentiment. Elle a fait un vrai travail sur elle même et, si elle voit bien les manques de ses parents, elle est capable aujourd'hui d'en voir aussi les qualités. Cela m'a impressionnée.
L'avis d'Henri.
Je participe au défi Voix d'autrices, catégorie Une histoire qui parle de problème(s) de société.
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Par Anne-yes le 20 Octobre 2021 à 12:06
Johann Friedrich Struensee (1737-1772) était un médecin allemand acquis aux idées des Lumières. En 1768 il est engagé comme médecin personnel du roi du Danemark Christian 7. Christian (1749-1808) était en effet atteint de folie qui se manifestait pas des délires (hallucinations) et des crises de violence. Struensee gagne la confiance du roi et bientôt il assume de fait la régence du royaume. En deux ans il prend 632 décrets révolutionnaires : suppression de la loi réprimant l'infidélité et instauration d'un fonds d'aide aux enfant illégitimes, restriction des pensions superflues des fonctionnaires, liberté de la presse et interdiction de la torture... C'est beaucoup pour l'époque.
L'auteur nous présente un cour du Danemark où ce sont en fait les hauts fonctionnaires qui gouvernent à la place des rois empêchés : le père de Christian était un alcoolique et Christian lui-même a reçu une éducation brutale destinée à le briser. En accédant à la régence Struensee se fait donc des ennemis qui veulent récupérer leur pouvoir et qui en plus sont opposés aux Lumières. Lui-même semble avoir peu réfléchi à la façon d'agir : les réformes se succèdent à un rythme effréné et leur auteur ne se gagne pas le soutien du peuple en faveur de qui il agit. Le fait qu'il soit devenu l'amant de Caroline Mathilde, femme de Christian, le dessert également.
Soeur du roi d'Angleterre, Caroline Mathilde est mariée à quinze ans. A la cour du Danemark on escompte qu'elle se contentera de remplir le rôle de productrice d'héritier(s). Cependant, au contact de Struensee, cette toute jeune femme s'émancipe. Elle apprend à monter à cheval, monte en tenue d'homme et prend goût au pouvoir. C'est une battante qui refuse la place qu'on lui a assignée.
Sur un fond historique Per Olov Enquist imagine les sentiments et les pensées de ses personnages. C'est l'occasion pour lui de s'interroger sur l'exercice du pouvoir. Peut-on faire le bien du peuple en lui imposant des réformes par le haut? Face aux méchants, peut-on faire triompher le bien si on n'est pas soi-même un peu mauvais?
J'ai apprécié ce roman.
Royal affair. C'est un film de 2012, réalisé par Nikolaj Arcel, avec Mads Mikkelsen dans le rôle de Struensee. Je l'avais vu à sa sortie et j'en gardais le souvenir d'un film d'un romantisme ébouriffant. A la lecture du roman il m'a semblé que le film en était l'adaptation. Sa fiche Wikipédia nous dit cependant qu'il est tiré d'un autre ouvrage. En tout cas Struensee a pour moi maintenant le visage de Mikkelsen bien que Per Olov Enquist nous dise qu'il était blond. Le vrai Struensee était aussi nettement plus jeune que l'acteur.
C'était l'occasion de revoir ce film. A la revoyure je m'aperçois que mes souvenirs étaient faux : j'avais mélangé le film et un documentaire sur le même sujet vu ensuite à la télé. Dans le film c'est Caroline Mathilde (Alicia Vikander) qui est le personnage central. C'est elle qui apparaît comme l'instigatrice de la prise du pouvoir par Struensee mais aussi par elle-même, Christian (Mikkel Boe Følsgaard) -beaucoup moins fou que dans le roman- et deux autres proches. Le film est plaisant à regarder. Comme le roman il a le mérite de faire connaître une intéressante période de l'histoire du Danemark.
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Par Anne-yes le 12 Octobre 2021 à 15:21
Jabbour Douaihy est mort le 23 juillet 2021. Cet écrivain libanais était né en 1949. Il était professeur de littérature française à l'université libanaise de Tripoli. Le Monde le place "au premier rang de la littérature arabophone, libanaise et proche-orientale".
Le Quartier américain. Intissâr Mohsen vit dans le Quartier américain, quartier pauvre de Tripoli, au Liban, qui s'étage sur une colline. Elle travaille comme femme de ménage chez Abdel-Karim Azzâm, un fils de riche famille dépressif qui reste enfermé chez lui le plus clair de son temps. Ismaïl, le fils d'Intissâr, s'est engagé pour faire le djihad en Irak.
Le roman croise les itinéraires de ces trois personnages en aller-retour entre passé et présent. Abdel-Karim a vécu à Paris où il est tombé amoureux d'une ballerine serbe. Après la disparition soudaine de celle-ci il est rentré au Liban où il passe ses journées à dormir et ses nuits à boire et à écouter de la musique d'opéra. Adolescent désoeuvré, gentil garçon attentif à sa mère et à son petit frère handicapé, Ismaïl a trouvé un sens à sa vie dans l'islam radical et a été chargé de mener un attentat-suicide près de Bagdad. Intissâr est le lien entre ces deux hommes, femme déterminée et courageuse qui fait vivre sa famille. Son mari Bilâl est un traumatisé des violences de l'occupation syrienne.
Tripoli, le Quartier américain
A travers les histoires de ses personnages Jabbour Douaihy montre bien la violence d'une société très inégalitaire gangrénée par le clientélisme et la corruption sur fond de guerre civile. Il y a de belles descriptions des paysages urbains et je suis passée d'un sentiment de nostalgie et de mélancolie en lisant les chapitres consacrés à l'enfance d'Abdel-Karim à une impression de gâchis avec le présent d'Ismaïl et de ses amis, petits durs du Quartier américain recrutés par des prédicateurs radicaux. C'est une lecture que j'ai appréciée.
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Par Anne-yes le 6 Octobre 2021 à 11:34
Hatoko a 25 ans. Elle a été élevée à la baguette par une grand-mère sévère qui lui a enseigné la calligraphie dès l'âge de 6 ans à raison d'un entrainement quotidien. Hatoko a consacré à cette étude l'essentiel de son temps libre. A l'adolescence elle s'est révoltée contre son éducation puis a quitté le pays. Elle n'est revenue au Japon qu'après la mort de sa grand-mère, pour reprendre la succession de la papeterie familiale. Elle remplit aussi la fonction d'écrivain-public. Elle écrit des lettres pour des occasions particulières : condoléances pour la mort d'un animal familier, faire-part de divorce, lettres de rupture... Ces exemples présentés comme excentriques sont en fait représentatifs d'une société aux conventions rigides.
Pour ses courriers Hatoko choisit avec soin papier, enveloppe, timbre, encre et stylo et même type d'écriture. Il y en a en effet plusieurs au Japon : hiragana, katakana et kanji. Je découvre un art très codifié. Ainsi "pour des condoléances, la règle veut qu'on broie l'encre à l'envers, de droite à gauche". On utilise aussi une encre très délayée, comme pâlie par des larmes. Le roman est illustré de "copies" de certaines lettres envoyées (ou reçues) par l'héroïne. Il semble que les Japonais continuent d'envoyer du courrier papier au point que Hatoko organise au moment de la nouvelle année une cérémonie lors de laquelle elle brûle les vieilles lettres dont ses clients veulent se débarrasser. J'ai profité des confinements pour trier les courriers reçus depuis 40 ans que j'avais conservés. Je ne me souvenais plus à quel point j'avais entretenu des correspondances suivies et abondantes. Et puis, au début du 21° siècle, le flux se tarit soudainement.
Il est question aussi dans ce roman de dévotion dans les différents temples de la ville de Kamakura où vit Hatoko et de cuisine. Il y a de belles descriptions des paysages urbains. C'est une ouverture, très exotique pour moi, sur la culture japonaise et qui m'a donné envie d'aller au Japon. Le roman présente de petites tranches de vie de la narratrice, au fil des saisons, lors de rencontres avec ses clients ou ses amis.Petit à petit, les rituels qu'elle suit dans son métier contribuent à son apaisement. Et moi aussi j'ai trouvé que c'était un livre très apaisant à lire même si j'ai conscience que toutes ces traditions doivent être pesantes à certains.
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Par Anne-yes le 30 Septembre 2021 à 09:55
Antonio Pennacchi est mort le 3 août 2021. Né en 1950, longtemps ouvrier, cet écrivain italien était issu d'une famille paysanne qui a participé à la bonification des marais pontins sous Mussolini. Il a lui-même été membre d'un parti néo-fasciste avant de passer à l'extrême gauche. Il s'est inspiré de l'histoire de sa famille pour écrire Canal Mussolini, présenté en introduction comme "la raison pour laquelle je suis venu au monde".
Canal Mussolini. Les grands-parents Peruzzi ont eu 17 enfants, oncles et tantes du narrateur, eux-mêmes parents de familles nombreuses. Après divers déboires cette grande famille paysanne se retrouve sans terres, expulsée du domaine qu'elle cultivait par son propriétaire, le comte Zorzi-Vila, maldit soit-il. Originaire du même village du nord de l'Italie qu'Edmondo Rossoni, un proche de Mussolini, la famille est devenue fasciste avec lui. Grâce à la protection de Rossoni ils obtiennent des terres dans l'agro pontin et y participent à la bonification des marais. En moins de trois ans 30000 personnes ont été amenées dans cette région située au sud de Rome pour transformer des marais où sévissait la malaria en terres agricoles.
Après une première partie qui commence avec la première guerre mondiale, présente la famille Peruzzi dans son cadre d'origine et que j'ai trouvée longue et parfois ennuyeuse à lire, il me semble que l'action commence enfin avec l'arrivée des Peruzzi sur leurs nouvelles terres. De la bonification des marais pontins j'avais de vagues souvenirs datant de lointains cours d'histoire. Je découvre une véritable entreprise de colonisation avec création de villes ex-nihilo -dont Latina, Littoria sous le fascisme, où est né et mort Antonio Pennacchi.
L'histoire de la famille Peruzzi croise également celle de l'Italie quand les aînés des oncles participent à la conquête de l'Ethiopie ou aux combats de la seconde guerre mondiale.
"Sur les films et les photos d'époque dans les livres d'histoire, on voit une femme coiffée d'un grand chapeau de paille et vêtue d'une robe à fleurs qui tend les gerbes au Duce. C'est ma grand-mère"
Les personnages sont hauts en couleur et forts en gueule et tout ceci nous est raconté avec verve dans une langue vivante qui veut restituer le parler populaire, avec des apostrophes au lecteur et des comparaisons avec le temps présent. C'est très inventif et il y a aussi une pincée de merveilleux quand la grand-mère annonce une catastrophe en rêvant d'un manteau noir ou quand les abeilles de la tante Armida lui parlent. Ce roman a fait polémique à sa sortie en Italie car, vues par les yeux du narrateur, les violences fascistes ont parfois l'apparence d'une farce et le Duce est régulièrement loué pour avoir permis à la famille de devenir propriétaire de ses terres. Cependant les crimes du fascisme ne sont pas cachés, notamment lors de la conquête coloniale avec le massacre de masse de Debra Libanos auquel participe l'oncle Adelchi.
Passées les 150 premières pages c'est un livre que j'ai apprécié.
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Par Anne-yes le 26 Septembre 2021 à 10:27
Munyal -patience-, c'est le maître-mot de l'éducation des filles dans les familles du nord-Cameroun où se déroule ce roman choral. Dans cette société patriarcale où les désirs des femmes sont niés, on le leur répète au moment du mariage et à chaque crise traversée.
Patience, Ramla, mariée à 17 ans, juste après son bac, à un homme de 50 ans, alors qu'elle espérait épouser son amoureux qui lui avait promis qu'elle pourrait continuer ses études.
Patience, Hindu, mariée à son cousin alcoolique et violent qu'elle craint.
Patience, Safira, dont le mari vient d'épouser Ramla qui a le même âge que sa fille.Mariage forcé, polygamie, viol conjugal, coups, mépris, Djaïli Amadou Amal dénonce la condition qui est faite aux femmes du Sahel et qu'elle a elle même connue avant de s'en échapper. Ici la violence patriarcale s'appuie sur la religion et la société fait reposer sur les femmes la responsabilité de l'honneur des familles. Tous les comportements déviants des hommes sont reprochés aux femmes: ton mari prends une deuxième épouse, c'est normal, ne t'en plaints pas, tu lui fais honte; ton mari boit, qu'as-tu fait pour l'y pousser, c'est la honte; ton mari te bat, serre les dents, tes cris nous font honte. Il y a des passages qui sont douloureux à entendre et qui me donnent envie de crier. Le poids des familles étendues est aussi très lourd et on doit obéir à ses oncles autant qu'à son père. Dans la concession les relations sont rarement bonnes entre les co-épouses et leurs enfants. C'est une société très inégalitaire où dominent les hommes, les vieux, les riches. Il y a des relations de clientélisme à la romaine où un patron est entouré de ses courtisans auxquels il dispense ses largesses. Il me paraît évident qu'elle ne fait souffrir que les femmes.
C'est ma première expérience de livre-audio. Avant l'audition je me suis demandée si j'arriverais à bien fixer mon attention sur la lecture. Pas de problème, j'ai même réussi à tricoter en écoutant le texte. Il est lu par Léonie Simaga qui fait ça fort bien, il me semble. La place des dialogues est importante ce qui fait que c'est un roman qui se prête bien à être raconté, la lecture est vivante. Quand je lis un livre j'ai l'habitude de le parsemer de petits marque-page pour retrouver les passages qui m'intéressent ou me frappent plus particulièrement. Pas de ça ici donc pas de citation dans mon compte-rendu.
L'avis de Hélène.
Je participe au défi Voix d'autrices, catégorie Un roman choral.
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Par Anne-yes le 21 Septembre 2021 à 17:43
La malédiction de Gabrielle, tome 2. Le tome 1 ici.
Gabrielle d'Aurillay et Adeline, son amie et servante, ont quitté Paris pour la maison des Loges en Josas appartenant au mari de Gabrielle. Henri d'Aurillay a disparu sans laisser de trace, peut-être est-il mort de la peste qui décime le royaume en cette année 1348. Gabrielle a emporté avec elle un diptyque de facture grossière trouvé dans les affaires d'Henri. Elle ignore que cet objet est recherché par plusieurs personnes dont certaines sont prêtes à tuer pour mettre la main dessus : l'apothicaire Baudry Plantard, qui le perdit au jeu contre Henri d'Aurillay; Geoffroy d'Aurillay, chanoine parent d'Henri qui s'intéresse aux objets d'art et curiosités; Urbano Greco, homme de main de Marthe de Rolittret, laquelle est au service du pape Clément 6. Heureusement Gabrielle est aussi protégée -toujours à son insu- par Bernard, fidèle domestique de Pierre Lentourneau qui rêve d'elle depuis qu'il l'a brièvement croisée. Ca en fait du monde qui tourne autour de notre héroïne!
Je retrouve sans déplaisir, mais sans enthousiasme majeur non plus, le suite de La malédiction de Gabrielle dont je croyais qu'elle mettait fin à cette histoire. Mais je découvre un (à suivre) en dernière page. Ce tome est en un entre-deux où l'action se languit un peu. Comme les deux premiers sont parus en 2015 et 2016 la parution de la suite me paraît compromise. Tant pis.
L'avis de ALittleBit.
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Par Anne-yes le 15 Septembre 2021 à 09:37
Un petit garçon solitaire dort dans un lit clos construit par son grand-père et converse avec ses amies imaginaires : Indira et Miira. Indira, une éléphante, et Miira, une petite fille, ont existé toutes les deux mais elles sont mortes maintenant, coincées en un lieu qu'elles ne pouvaient plus quitter du fait d'avoir trop grandi. Le petit garçon fait la connaissance du maître qui lui enseigne les échecs. Le maître est obèse et vit dans un autobus qu'il ne peut bientôt plus quitter du fait de son embonpoint. Après sa mort le petit garçon décide de ne plus grandir et consacre son existence à jouer aux échecs.
Parties d'échecs à l'aveugle, sur un échiquier géant avec les pièces jouées par des personnes, par correspondance, avec dix adversaires simultanément, je crois bien que toutes les façons de jouer sont envisagées dans ce roman. Il est question de parties qui sont des poèmes et de la transcription de parties qui serait elle-même un art capable d'en faire apparaître la poésie. Il y a un côté onirique ou merveilleux dans cette histoire. Je dois maintenant dire que je n'ai pas adhéré à tout cela. Quelqu'un qui connaît les échecs s'y retrouverait plus sans doute. Quant à moi j'ai trouvé les descriptions de parties fastidieuses et la lecture parfois ennuyeuse. J'ai cherché quelque chose pour raccrocher mon intérêt mais cela m'a manqué. J'en suis désolée car c'était une lecture commune organisée par Eva et Patrice en mémoire de Goran.
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Par Anne-yes le 10 Septembre 2021 à 09:09
Au moment de sa mort Dina a fait promettre à Karna, sa petite fille, de révéler son secret le jour de ses obsèques : dans sa vie Dina a tué deux hommes. Après avoir accompli sa mission face à toute la communauté, Karna entre dans une sorte de folie. Elle ne parle plus et a des hallucinations. Anna, la femme de son père, décide d'emmener Karna à Copenhague pour l'y faire hospitaliser -la famille vit dans le nord de la Norvège, nous sommes en 1890. Ce voyage permet aussi à Anna de s'éloigner un temps de son mari, Benjamin, dont elle vient d'apprendre l'infidélité. A Copenhague Anna goûte sa liberté et fait la connaissance du médecin psychiatre Joakim Klim qui lui fait forte impression.
Le roman présente alternativement l'histoire et le point de vue de différents personnages. J'apprécie particulièrement celui d'Anna qui s'émancipe malgré ce que l'époque attend des femmes de la bourgeoisie. Benjamin et Joakim la soutiennent de leur mieux même si son comportement et ses choix les bousculent. Je trouve intéressante aussi la façon dont l'autrice tente de se mettre dans la tête de Karna pour nous faire comprendre comment elle pense. Son emmurement en elle-même est bien rendu. Il y a aussi Peder, l'amoureux de Karna, un jeune homme volontaire confronté à la violence de son frère.
J'avais lu il y a déjà un bout de temps Le livre de Dina que j'avais fort apprécié. Le testament de Dina en est une suite. Il semble qu'il y ait entre les deux une histoire de Benjamin. Néanmoins on peut lire le présent roman sans avoir lu les précédents : on retrouve les mêmes personnages mais l'histoire est distincte. J'ai beaucoup apprécié cette lecture. L'autrice donne une analyse psychologique approfondie de ses personnages, qui permet au lecteur de comprendre leurs actes. Le regard porté sur eux est bienveillant même si les péripéties sont parfois douloureuses. C'est de plus fort bien écrit.
Je remercie Ingannmic qui m'a incitée à le lire.
Je participe au défi Voix d'autrices, catégorie Un roman d'une autrice que vous appréciez.
Avec 557 pages c'est aussi ma troisième et dernière participation au défi Pavé de l'été de Brize.
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