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    Maxim Leo, Histoire d'un Allemand de l'est, BabelMaxim Leo est un journaliste allemand qui a vécu à Berlin-est jusqu'à la chute du mur. Il avait alors près de 20 ans. Dix ans plus tard son grand-père maternel, Gerhard Leo, est victime d'une attaque, il perd l'usage de la parole. Alors qu'il rend visite à l'hôpital à cet homme qui fut un apparatchik du régime est-allemand, Maxim est amené à s'interroger sur les relations de sa famille avec la RDA.

     

     

    Les deux grands-pères de Maxim, Gerhard qui s'engagea à 19 ans dans la résistance française et Werner, ancien soldat de la wehrmacht, ont soutenu la fondation de la RDA. Les parents de l'auteur, Anne et Wolf, portent un regard plus critique sur leur patrie. Ce couple d'intellectuels n'hésite pas à discuter de ses doutes concernant le régime, Wolf de façon souvent virulente. Maxim quant à lui a su très tôt qu'il passerait un jour à l'Ouest et ne s'est pas senti de lien avec cet Etat-prison dans lequel il grandissait. Pas avant sa disparition, en tout cas :

     

    "Ceux de l'Ouest commençaient déjà à me taper sur les nerfs. Ils parlaient de la RDA comme s'il s'agissait d'une zone touchée par une épidémie de choléra. On disait que nous étions corrompus par la dictature, que notre caractère était faible et notre formation insuffisante. Je prenais ça pour moi, ce qui me déstabilisait encore plus, moi qui voulais n'avoir jamais rien eu à faire avec la RDA. Mais il s'installa tout d'un coup, ce sentiment que je n'avais jamais éprouvé auparavant : ce "nous" qui avait eu tant de mal à me venir aux lèvres. Je crois que je ne me suis jamais senti aussi proche de la RDA qu'après son naufrage."

     

     

    J'ai apprécié cet ouvrage que j'ai trouvé intéressant. D'abord pour la découverte des personnage qu'il présente, personnages qui ont été des acteurs de l'histoire du 20° siècle. Dagobert Lubinski, mort à Auschwitz, qui avait créé un parti communiste dissident, KPO, en 1928. Wilhelm Leo, avocat qui plaida contre Goebbels puis dut s'exiler en France. Gerhard le résistant et Werner le sympathisant des régimes autoritaires.

    Ensuite pour le récit des derniers jours de la RDA. La fébrilité, l'excitation, l'attente qui ont agité les Berlinois dans les semaines qui ont précédé la chute du mur sont bien rendues. Je retrouve un peu de l'ambiance du film Good-bye Lénine.

    Enfin parce que Maxim Leo brosse un portrait nuancé de ce qu'a pu être la vie d'une famille d'intellectuels dans l'ex-RDA et ses liens avec ce pays. Au moment de la chute du mur c'est Anne, la mère de l'auteur, adhérente du parti communiste depuis son adolescence, qui fait le plus facilement son deuil de la RDA tandis que Wolf est déstabilisé par l'arrivée de cette liberté qu'il attendait tant et vit aujourd'hui encore, d'une certaine façon, à l'Est.

     

     

    Tout cela est écrit de façon très vivante, l'auteur raconte de nombreuses anecdotes de son enfance, la lecture est facile.

     


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    Ken Follett, Un monde sans fin, Le livre de pocheL'action se déroule entre 1327 et 1361 à Kingsbridge, sur les lieux mêmes où se déroulait celle des Piliers de la terre, environ 200 ans plus tôt. Un certains nombre de personnages sont des descendants de ceux du premier roman.

    On suit les aventures de Merthin le Pontier. Descendant de Jack le Bâtisseur dont il a hérité la chevelure rousse, c'est lui-même un bâtisseur de génie qui doit batailler pour être accepté par la guilde des commerçants et artisans après avoir été renvoyé par son maître avant la fin de son apprentissage.

     

    Merthin est amoureux de Caris, fille d'un marchand de laine. Caris est une jeune femme éprise de liberté qui hésite à épouser l'homme qu'elle aime de peur de perdre son indépendance. En fait, depuis la mort de sa mère, elle voudrait être médecin mais cette profession est réservée aux hommes qui savent quand même bien mieux qu'une femme saigner le malade. Sa volonté d'émancipation, sa lutte contre toutes les traditions aveugles, particulièrement l'autorité masculine, font de Caris le personnage central du roman et donnent à celui-ci une vraie coloration féministe.

     

    Pour les aspects ruraux de la vie au 14° siècle il y a les serfs Gwenda et Wulfric aux prises avec leur seigneur Ralph Fitzgerald dont les occupations favorites sont de faire la guerre, se battre, chasser et violer ses paysannes -à peu près dans cet ordre.

     

    Que d'aventures ! Les 1300 pages (!) de ce gros bouquin se lisent sans difficultés. Dans un premier temps cependant j'ai trouvé que Ken Follett se démarquait peu des Piliers de la terre. Des situations et des personnages m'ont semblé trop semblables à ceux du premier roman : Caris et Merthin ce sont Aliena et Jack ; le prieur Godwyn pour qui la gloire de dieu passe par sa propre élévation (qu'il est méprisable!) me fait penser à Waleran Bigot et le méchant seigneur Ralph Fitzgerald ressemble fort à William Hamleigh.

     

    Puis le roi d'Angleterre s'en va guerroyer en France et on assiste à la bataille de Crécy dans laquelle la cavalerie française s'est jetée sur les archers anglais et s'est fait décimer. Intéressant.

    Avec la grande épidémie de peste de 1348 on entre sur un terrain complètement nouveau et passionnant. Cette maladie pour laquelle on ne connaît qu'un seul remède : "Pars de bonne heure, parcours une longue route et ne reviens pas avant longtemps" (Pars vite et reviens tard, disait Fred Vargas) a tué près de la moitié de la population. L'auteur montre très bien comment cette hécatombe a bouleversé la société. Des survivants de tous leurs proches deviennent soudain riches par héritage. Des paysans profitent de la pénurie de bras pour discuter avec leur seigneur des conditions de travail plus avantageuses. On forme les prêtres en quelques mois, les médecins en trois ans au lieu de cinq.

     

    Je n'ai abordé qu'une petite partie des péripéties auxquelles l'ouvrage convie le lecteur. Peu de risque qu'on s'y ennuie. En tout cas, moi, j'ai beaucoup aimé.


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    Didier Tronchet, vertiges de Quito, FuturopolisLes aventures extraordinaires de Didier, sa famille et son chat en Amérique du sud

     

    Didier Tronchet, sa femme Anne qui parle le quichua, la langue des indigènes -les indiens- et étudie leurs conditions de vie, leur fils Louis âgé d'une dizaine d'années et leur chat, ont vécu trois ans à Quito. L'auteur raconte les aventures de sa famille dans la capitale de l'Equateur, perchée à plus de 4000 m d'altitude, dans la forêt amazonienne, en route vers l'océan Pacifique ou en excursion aux mines du Potosi dans le Pérou voisin.

     

    Didier Tronchet, vertiges de Quito, Futuropolis

     A Quito

    J'ai apprécié :

    D'avoir la confirmation que les voyages forment la jeunesse : du moment qu'il a son chat pour lui servir de repère, le jeune Louis s'adapte parfaitement à son nouvel environnement. Quelle chance il a ce garçon ! Je l'imagine grandissant en adulte ouvert à la différence.

     

    De retrouver l'incident de la panne de voiture sur les routes de montagne, vécu lors de mes vacances en Equateur. Et la réparation artisanale, d'abord avec un joint découpé dans un morceau de carton puis dans une échoppe spécialisée, en ce qui me concerne, dans la pose de radiateurs.

     

    Didier Tronchet, vertiges de Quito, Futuropolis

     En panne dans les Andes

     

    Une lecture plaisante, qui m'a rappelé de bons souvenirs.

     

     

     


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    Dan Waddell, La moisson des innocents, Rouergue noirDeux garçons de 9 et 10 ans ont battu à mort un vieil homme apprécié et respecté de sa communauté. Vingt ans plus tard, leur peine purgée, leur vie reconstruite sous de nouvelles identités, ils sont assassinés de façon particulièrement violente. Chargé de l'enquête, l'inspecteur Grant Foster retourne dans la région de Newcastle, là où commença l'affaire et où lui-même débuta sa carrière.

     

    Je retrouve avec plaisir les personnages de Dan Waddell dans un roman très noir. Le titre français me parait particulièrement bien choisi (pour le titre original je ne sais pas, il n'est pas indiqué). Des enfants assassins c'est déjà dur. Quand tout le monde (la famille de la victime on peut le comprendre -mais aussi la police et la presse) les considère comme des animaux malfaisants qui n'ont eu que ce qu'ils méritaient, je trouve ça violent aussi. Mais le dénouement nous plonge dans une noirceur encore plus profonde.

     

    Dans cet épisode le généalogiste Nigel Barnes n'intervient pas comme auxiliaire de la police mais comme protagoniste d'une enquête annexe à l'affaire principale qui l'amène à rechercher des informations sur ses propres origines. Il a donc un rôle beaucoup moins central et cède le pas à Grant Foster.
    J'ai apprécié cette lecture.


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  • Bonne année 2015

    Bonne et heureuse année 2015 à tous. Je vous souhaite de bonnes lectures, de bons moments en famille ou avec vos amis, des voyages enrichissants, sur place ou plus loin.

     

    Et voici mes lectures préférées en 2014 :

    Jonathan Coe, Testament à l'anglaise

    Jonathan Safran Foer, Faut-il manger les animaux ?

    Année après année je vois mon best-of raccourcir. J'ai l'impression que plus je lis, plus je deviens difficile.

     

    Pour Noël j'ai aussi reçu des livres :

    Bonne année 2015

    J'ai déjà commencé le Dan Waddell mais j'ai aussi hâte de lire les autres.

     


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    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin MichelCa commence fort :

    "Ceux qui pensaient que cette guerre finirait bientôt étaient tous morts de puis longtemps. De la guerre, justement. Aussi, en octobre, Albert reçut-il avec pas mal de scepticisme les rumeurs annonçant un armistice. Il ne leur prêta pas plus de crédit qu'à la propagande du début qui soutenait, par exemple, que les balles boches étaient tellement molles qu'elles s'écrasaient comme des poires blettes sur les uniformes, faisant hurler de rire les régiments français. En quatre ans, Albert en avait vu un paquet, des types morts de rire en recevant une balle allemande."

     

    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin MichelMais elle se termine quand même cette guerre et il faut envisager de reprendre le cours d'une vie normale. Comment faire quand on est traumatisé, qu'on sursaute au moindre bruit et qu'on peine à retrouver un emploi ? D'autant plus qu'Alfred est maintenant lié à Edouard qui a été très grièvement mutilé en lui sauvant la vie. La question de la réinsertion des anciens combattants est un des thèmes de l'ouvrage.

     

    "Pour le commerce, la guerre présente beaucoup d'avantages, même après."

    C'est ce dont s'avisent différents escrocs de plus ou moins grande envergure. Plus grande quand il s'agit de profiter de ses relations pour obtenir le marché du transfert des corps des soldats morts depuis les champs de bataille jusqu'aux nécropoles de guerre et détourner l'argent public. En postface Pierre Lemaitre indique qu'il s'est inspiré pour ces malversations du "scandale des exhumations" qui éclata en 1922. Dans son roman on rencontre aussi une escroquerie plus artisanale de vente de monuments aux morts fictifs.                                                                                 A Crozon (29) 

     

    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin Michel

    A Paris dans le 15° arrondissement

     

    Voilà une lecture que j'ai appréciée. C'est bien écrit et sur un sujet fait pour m'intéresser. Je suis en effet une collectionneuse de monuments aux morts que je prends en photos au hasard de mes rencontres à travers la France. J'en mets quelques uns en illustration de mon article. Je découvre cet aspect de la mise en place des lieux de mémoire de la Grande Guerre.

     

    Pierre Lemaitre, Au revoir là-haut, Albin Michel

    A Noirterre dans les deux-Sèvres


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    Olivier Rolin, Le météorologue, Seuil-PaulsenAlexeï Féodossiévitch Vangengheim fut en 1929 le premier directeur du service hydro-météorologique d'URSS. En 1934 il est arrêté comme saboteur et condamné à l'internement au goulag. Il est détenu aux îles Solovki. Pendant sa détention il écrit régulièrement à sa femme et envoie à sa fille des dessins, devinettes ou petites leçons illustrées. C'est la découverte de cette correspondance qui a incité Olivier Rolin à enquêter sur Alexeï Féodossiévitch Vangengheim.

     

    Je découvre donc un personnage qui est un bon soviétique à tel point qu'il reste persuadé tout du long que son incarcération est une erreur. Il écrit à plusieurs reprises à Staline, convaincu que quand ce dernier aura connaissance de son cas il lui rendra justice. Ce comportement navre un peu l'auteur :

    "Il n'est pas admirable et c'est peut-être ça qui est intéressant, c'est un type moyen, un communiste qui ne se pose pas de question, ou plutôt qui est obligé de commencer à s'en poser à présent, mais il a fallu qu'on lui fasse une violence extraordinaire, pour qu'il en vienne là, timidement. C'est un innocent moyen. Dreyfus aussi était décevant, paraît-il, d'une autre façon. "Parce qu'il a été condamné injustement, disait de lui Bernard Lazare (cité par Péguy), on lui demande tout, il faudrait qu'il ait toutes les vertus. Il est innocent, c'est déjà beaucoup."

     

    Olivier Rolin, Le météorologue, Seuil-PaulsenVangengheim, lui, affecté au jardinage, organise les pierres sur ses plates-bandes pour dessiner des slogans à la gloire du communisme. Il s'occupe aussi à réaliser des mosaïques dont un petit portrait de Staline qu'il envoie à sa femme.

     

    Le deuxième personnage que je découvre c'est Olivier Rolin. Je n'avais encore jamais rien lu de lui. Je comprends qu'il a cru à l'utopie communiste et qu'il en est revenu. Il est donc très sévère pour les crimes de Staline.

    "L'histoire du météorologue, celle de tous les innocents exécutés au fond d'une fosse, sont une part de notre histoire dans la mesure où ce qui est massacré avec eux c'est une espérance que nous (nos parents, ceux qui nous ont précédés) avons partagée, une utopie dont nous avons cru, un moment au moins qu'elle "était en passe de devenir réalité". Et l'ignominie est si grande qu'elle est massacrée sans retour."

     

    J'apprécie vraiment qu'il dise clairement ce qu'a été concrètement la Grande Terreur. L'ignominie ce sont des gens nus, entravés, abattus d'une balle dans la nuque dans une fosse commune. Les nazis ne se sont pas comportés différemment. Mais eux ils n'avaient pas promis à l'humanité un avenir radieux. J'ai aimé cet ouvrage qui est à la fois un livre d'histoire et une réflexion sur les retombées de cette histoire.

     

    "On se prend à se demander ce qui se serait passé si la folie de Staline, décapitant toutes les élites du pays, scientifiques, techniques, intellectuelles, artistiques, militaires, décimant la paysannerie et jusqu'à ce prolétariat au nom de quoi tout se faisait, dont l'URSS était supposée être la patrie, n'avait pas substitué, comme ressort de la vie soviétique, la terreur à l'enthousiasme. L'introuvable "socialisme" que les "héros" s'imaginaient construire, et ceux aussi, comme Alexeï Féodossiévitch Vangengheim, qui n'étaient pas des héros, seulement d'honnêtes citoyens soviétiques, aimant leur travail, pensant servir le peuple en le faisant avec compétence, peut-être aurait-il existé ? Peut-être se serait-il avéré un système infiniment préférable au capitalisme ? Peut-être le monde entier, à part quelques pays arriérés, serait-il devenu socialiste ?"

     

    L'auteur s'est notamment appuyé sur Goulag de Anne Appelbaum et Voyage au pays des ze-ka de Julius Margolin.

    L'avis de Papillon.


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    Marc Dugain, L'emprise, GallimardUn ingénieur dans le nucléaire, délégué syndical dans la grande entreprise française Arlena, disparaît au moment où sa femme et son fils sont abattus. Il semble qu'il posait beaucoup de questions sur un nouveau contrat avec la Chine. C'est l'agente des services secrets Lorraine K qui est chargée d'enquêter sur cette disparition. Elle enquête aussi sur un sous-marin nucléaire qui aurait coulé un voilier de course, causant la mort du skippeur. Le patron de Lorraine c'est Corti. Corti est en relation avec Philippe Launay, favori, d'après les sondages, à la prochaine présidentielle. Launay n'a aucune conviction à laquelle il tienne, il veut simplement gagner le pouvoir. Mais il y a aussi Lubiak, du même parti que Launay et qui est lui aussi prêt à beaucoup pour obtenir l'investiture. Launay ou Lubiak, une campagne ça coûte cher.

     

    Hommes politiques corrompus, espions, famille assassinée, entreprise nucléaire maniant de gros contrats : je m'attendais à un thriller. Déception, c'est... c'est quoi ? Difficile à dire, je vais tâcher de m'expliquer.

    D'abord le positif : Marc Dugain écrit bien, il a le sens de la formule ciselée mais (c'est le négatif qui commence) tout du long de ma lecture ça me donne l'impression d'être une surface lisse qui ne recouvre rien. Il y a bien une critique de la vie politique française contemporaine, de la mondialisation, mais qui me paraît très convenue. Mais il me semble que si un écrivain pense que c'est pas bien que nos dirigeants s'accoquinent avec les grandes entreprises pour gagner plus d'argent ou plus de pouvoir en méprisant le citoyen, il ne doit pas se contenter de dire "c'est pas bien". Il faut le gueuler que c'est un scandale ! Sinon ce n'est pas la peine d'écrire un livre à ce sujet ! Voilà, L'emprise (ça veut dire quoi, d'ailleurs, ce titre ?) manque singulièrement de tripes. Et c'est typiquement le roman dont, dans deux mois, je ne me souviendrai même plus que je l'ai lu.

     

    L'avis de Keisha.


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    Ken Follett, Lespiliers de la terre, Le livre de pocheQuand la vieille cathédrale de Kingsbridge brûle en 1135, Tom le bâtisseur y voit la chance de sa vie : il va pouvoir réaliser son rêve de bâtir une cathédrale. Le prieur Philip, chef du prieuré de Kingsbridge accepte de l'engager, même si l'argent manque. Pour financer la construction Philip va devoir manoeuvrer contre de puissants opposants. L'évêque Waleran Bigot est un arriviste qui a pour ambition de s'élever aux plus hautes fonctions ecclésiastiques. La famille Hamleigh convoite le comté de Shiring. Le fils, William Hamleigh, est un jeune homme qui prend son plaisir en terrorisant, en brutalisant, en violant et en tuant. Pour une raison ou une autre la construction de la cathédrale contrecarre les projets de ces personnages peu regardants sur les moyens et qui vont tout faire pour la faire échouer.

     

    En ce milieu du 12° siècle la situation politique troublée facilite les agissements de ceux qui ne s'embarrassent pas de scrupules. Une guerre civile a éclaté après la mort sans héritier mâle direct du roi Henry. Maud, fille légitime d'Henry s'est alliée à Gloucester, son demi-frère, bâtard du roi. Ils s'opposent à leur cousin Stephen. Selon que les combats avantagent l'un ou l'autre camp certaines alliances peuvent se révéler plus ou moins avantageuses et favoriser ou non la construction de la cathédrale. Ceux qui perdent presque à tous les coups ce sont les civils, surtout les plus pauvres, victimes des pillages et de la faim.

     

    J'ai souvent vu le nom de Ken Follett dans la presse ces derniers temps à l'occasion de la parution de son dernier ouvrage. C'était le moment de découvrir cet auteur dont on m'avait déjà dit qu'il devrait me plaire vu mon goût pour l'histoire. Et en effet je n'ai pas été déçue. Si ça n'est pas super bien écrit le livre est difficile à lâcher une fois commencé. Un véritable page turner ! Dès le début on a compris que ce sont les gentils qui vont gagner mais avant d'en arriver là, que de rebondissements ! C'est un vrai roman d'aventures. Les aspects historiques sont manifestement bien documentés. Il y a une "suite", Un monde sans fin, qui se déroule 200 ans plus tard et que j'ai prévu de lire prochainement.

     

    Ken Follett, Lespiliers de la terre, Le livre de poche

     

     

     

     

    En cherchant une image pour illustrer mon article j'ai découvert qu'une mini-série avait été tirée du roman. J'ai commencé à la regarder aussitôt après avoir fini ma lecture. Là je peux dire que j'ai été déçue. Je me doutais bien que pour faire entrer 1000 pages dans huit épisodes de 50 mn il allait falloir simplifier et raccourcir mais je découvre un scénario où de nombreux événements ont été dramatisés : des morts naturelles ou accidentelles transformées en meurtres, une mère autoritaire devenue incestueuse, les héros échappant à la mort de justesse. Je trouve que cela donne un résultat caricatural.


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    Anthony Trollope, Le docteur Thorne, PointsLe docteur Thorne, médecin de campagne dans l'Angleterre du milieu du 19° siècle, a élevé comme sa propre fille Mary, la fille illégitime de son frère décédé. Frank Gresham, le fils du squire -le seigneur- local, ami d'enfance de Mary, l'aime et souhaite l'épouser. Mais le squire, pour donner à sa femme, de plus haute naissance que lui, un cadre de vie correspondant à son rang, a du s'endetter et toute la famille considère maintenant que Frank doit épouser une fortune pour redorer son blason. Or Mary est sans fortune. La mère de Frank, lady Arabella, va s'efforcer par tous les moyens de séparer les amoureux et de pousser son fils dans les bras d'une riche héritière. Si lady Arabella est très imbue de ses origines et de son sang pur on comprend que, pour cette femme, devant l'argent tout s'efface. Qu'importe la naissance pourvu qu'on ait la fortune.

     

    Sir Roger Scatcherd, un ancien maçon, a fait fortune dans la construction de ponts et de chemins de fer et a été anobli par la reine. Il est aujourd'hui propriétaire d'une partie des anciennes terres des Gresham et le squire a hypothéqué en son nom le reste de ses propriétés. Le docteur Thorne est le seul à savoir que Mary est la fille de la soeur de sir Roger.

     

    Après Miss Mackenzie je retrouve avec grand plaisir Anthony Trollope. J'apprécie sa critique de la société de son temps, de l'importance attachée à la naissance et de la valeur supérieure que conférerait à certains individus leur sang pur. Le docteur Thorne qui juge les gens à leurs actes et non à leurs origines est le représentant de cet esprit critique.

    J'apprécie aussi l'analyse psychologique des personnages qui sont généralement traités avec sympathie. Même quand ils se conduisent mal l'auteur montre qu'ils peuvent avoir des excuses.

    J'apprécie enfin la façon dont Anthony Trollope prend le lecteur à témoin avec beaucoup d'humour. La lecture est souvent très drôle.


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