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    Arnaldur Indridason, Le duel, MétailiéReykjavik, 1972. Ragnar, un jeune homme de 17 ans, est retrouvé poignardé dans une salle de cinéma à l'issue de la séance de 17 heures. Rapidement la police découvre que Ragnar, grand amateur de cinéma, enregistrait les bandes-son des films qu'il voyait sur le magnétophone à cassettes offert par ses parents. Or ledit magnétophone n'a pas été retrouvé. Ragnar aurait-il enregistré quelque chose qu'il n'aurait pas du ? Il faut dire que se déroule en même temps à Reykjavik la finale du championnat du monde d'échecs qui oppose un Américain et un Soviétique. La capitale islandaise grouille donc de touristes venus assister au match et dont un certain nombre sont des espions car nous sommes en pleine guerre froide.

     

    Dans ce roman Arnaldur Indridason met en scène Marion Briem, présenté dans la série des enquêtes d'Erlendur comme son mentor. Erlendur n'apparaît qu'à la dernière page, au moment où il fait son entrée dans la police et dans le bureau de Marion.

     

    L'enquête se déroule sur un rythme tranquille, je dirais même un peu lent. En parallèle Marion Briem, personnage assez solitaire et mystérieux (on ne saura pas si c'est un homme ou une femme), se remémore des épisodes de son enfance douloureuse. Le cadre est celui d'un petit pays peu peuplé dont la capitale semble être la seule vraie ville. Je ne suis pas vraiment convaincue par le dénouement (la façon dont le coupable est puni) mais l'ensemble n'est pas désagréable à lire.

     

    L'avis de Richard.


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    A Macondo, village isolé de la Colombie caraïbe, vit la famille Buendia. Depuis Ursula et Jose Arcadio Buendia, les fondateurs du village, jusqu'au dernier Aureliano (parce qu'il y en a au moins un par génération) leurs descendant, Gabriel Garcia Marquez nous raconte leur histoire sur six générations. Et il arrive des tas d'aventures merveilleuses et fantastiques à cette famille. L'auteur met au service de son talent d'écrivain une imagination débridée avec souvent une pointe d'humour. Ainsi quand le village est frappé d'une épidémie d'insomnie qui fait perdre la mémoire à ceux qui sont touchés. Les habitants se mettent à écrire sur les choses leur nom et à quoi elles servent :

    "A l'entrée du chemin du marigot, on avait planté une pancarte portant le nom de Macondo et, dans la rue principale, une autre proclamant : Dieu existe."

     

    Ainsi quand le chemin de fer arrive à Macondo :

    "Au début de l'hiver suivant, pourtant, une femme qui lavait du linge à la rivière à l'heure la plus chaude de la journée, se mit à traverser la grand-rue en poussant des hurlements stridents, dans un tel état de commotion que c'en était alarmant.

    - Il arrive un machin épouvantable, réussit-elle à expliquer, comme une cuisine trainant après elle un village entier.

    A ce moment précis la petite agglomération fut ébranlée par un coup de sifflet qui retentit de manière effrayante et par une extraordinaire respiration essoufflée. Au cours des semaines passées, on avait bien remarqué les équipes qui posaient les traverses et les rails, mais personne n'y avait prêté attention (...)"

     

    J'en parle bien mal tellement c'est foisonnant. C'est une expérience de lecture qui mérite d'être tentée. J'ose un petit bémol quand même, malgré la réputation de chef-d'oeuvre de ce roman ? A la fin ça commence un peu à tourner en rond et il est temps que cela finisse.

     

    L'avis d'Aaliz.

     

     

     


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    Peter May, Les disparues de Shanghaï, Babel noirLes corps découpés en morceaux et ouverts de 18 femmes sont découverts lors de l'inauguration d'un chantier. Quand on fait appel à l'inspecteur Li Yan de Pékin pour diriger l'enquête il propose de s'adjoindre les services de la légiste Margaret Campbell, sa partenaire dans la vie privée et au travail. Margaret découvre vite que les victimes n'ont pas été autopsiées après leur mort comme on pouvait le penser mais avant : on les a ouvertes et vidées de leurs organes alors qu'elles étaient encore en vie. Qu'est-ce que c'est que cette histoire ? S'il s'agissait d'un trafic d'organes, pourquoi ne pas les tuer avant ? Et pourquoi que des femmes ?

     

    Margaret a un autre souci : c'est Mei Ling, l'homologue féminine de Li Yan à Shanghaï et qui a entrepris de séduire ce dernier dès son arrivée. Combat de filles pour les beaux yeux d'un jeune homme qui prétend ne rien voir sur fond de choc des civilisations, cela donne parfois un résultat amusant comme quand Mei Ling invite nos héros à un repas familial où sont servies des spécialités locales peu ragoutantes pour un palais occidental : viande de chien et de chat, oeufs de 100 ans colorés à l'urine de cheval, crevettes vivantes... Margaret entreprend alors de saouler sa rivale en proposant de nombreux toast que l'autre ne peut pas refuser.

     

    Une lecture agréable, parfaite pour patienter sans trop se prendre la tête en attendant les vacances.


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    Fuyant les souvenirs douloureux d'un mariage qui s'est fort mal terminé Margaret Campbell, médecin légiste à Chicago, a accepté d'assurer six semaines de cours à l'Université populaire de la sécurité publique à Pékin. Elle va découvrir une civilisation bien différente de la sienne et qui met parfois ses nerfs à rude épreuve :

    "- Vous n'avez jamais entendu parler des trois P ?

    Elle secoua la tête.

    - Eh bien sans les trois P on ne peut pas survivre dans ce pays. Patience, Patience et Patience."

     

    Elle fait surtout la connaissance de l'inspecteur Li Yan, tout juste promu au poste de commissaire. Leur première rencontre fait des étincelles. Tous les éléments sont donc réunis pour une romance sur le mode je t'asticote, tu m'agaces, d'autant plus que les deux protagonistes vont devoir travailler ensemble : on vient de trouver un homme immolé par le feu alors que le domaine de spécialité de Margaret porte justement sur les cadavres carbonisés.

     

    Je me régale dès les premières pages. C'est amusant, les personnages sont sympathiques et l'intrigue bien menée avec une bonne dose de suspense. Le roman policier vire au thriller quand il apparait que le meurtre a été commandité en plus haut lieu pour dissimuler un terrible secret qui met aussi en cause une multinationale pas très regardante sur les moyens de faire du profit. Alors que les cadavres s'accumulent autour d'eux, Margaret et Li comprennent qu'ils pourraient être les prochaines victimes.

     

    De Peter May j'avais déjà lu la trilogie de Lewis que j'avais beaucoup appréciée. La série chinoise est plus longue. Comme en même temps que l'épisode un on m'a aussi prêté le trois je l'attaque dans la foulée et au moment où j'écris ces lignes il est déjà bien entamé.


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    Anne Perry, La disparue d'Angel Court, 10-18Londres, 1898. Sofia Delacruz, espagnole d'origine britannique revient dans sa ville natale après de nombreuses années pour y prêcher sa nouvelle religion. Elle est en effet la fondatrice d'une secte, ou d'une doctrine, dérivée du christianisme. Mais l'enseignement de Señora Delacruz en choque plus d'un et elle a reçu des courriers haineux l'accusant d'être une blasphématrice et la menaçant de mort. Dans un contexte international troublé où la Grande-Bretagne craint de se trouver entraînée dans une guerre contre l'Espagne ces menaces sont prises au sérieux par le gouvernement qui charge la Special Branch de veiller sur la prophétesse.

     

    Ce que j'ai apprécié : Anne Perry fait clairement un parallèle entre la fin du 19° siècle et l'époque actuelle. La société et les modes de vie sont bouleversés par une innovation technologique rapide. Les convictions religieuses sont elles aussi menacées par la science (exemple des théories de M. Darwin), ce qui pousse des fanatiques à des actions violentes.

    "Certains pensent que les machines de guerre modernes sont tellement destructrices qu'elles ne seront jamais utilisées. Plaise à Dieu que ce soit vrai, mais ce n'est qu'une illusion."

     

    Ce qui m'agace, décidément : Encore une fois l'action se déroule bien lentement et Anne Perry lance trop souvent ses personnages dans des conversations qui se veulent philosophiques mais qui tournent en rond, qui se répètent et qui m'apparaissent comme une façon de tirer à la ligne.

     

     

    Pourquoi je continue cependant à lire Anne Perry : Depuis le temps que je fréquente ses personnages je me suis attachée à eux et j'ai envie de savoir ce qu'ils deviennent. L'éditeur le sait bien qui capitalise ce succès en sortant ce dernier ouvrage dans une édition grand format "agrémentée d'une préface de l'auteur, d'une carte et d'une bibliographie présentant les épisodes de la série". La préface est un peu intéressante, le reste n'apporte rien mais est censé sans doute justifier un prix majoré.


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    Ken Follett, L'hiver du monde, Le livre de poche Après La chute des géants, l'action de L'hiver du monde se déroule avant, pendant et après la seconde guerre mondiale, de 1933 au moment de l'arrivée d'Hitler au pouvoir au début de la guerre froide avec le blocus de Berlin-ouest et la mise au point de la première bombe atomique soviétique.

     

     

     

    Ken Follett est un écrivain qui aime les femmes et un sympathisant de la cause féministe. Dans chacun de ses romans il nous présente des héroïnes qui sont des femmes fortes. Ici il s'agit de Daisy Pechkov et de Carla von Ulrich.

     

     

     

    Fille d'un riche homme d'affaires aux méthodes de gangster, l'Américaine Daisy Pechkov a vécu une enfance gâtée et protégée par la fortune de son père. Partie à Londres elle y épouse Boy Fitzherbert, fils aîné et héritier d'un lord. Le mariage est malheureux. Daisy a été séduite par le titre de vicomtesse mais s'aperçoit que cela ne lui suffit pas. Pendant le Blitz elle devient ambulancière et découvre alors la souffrance mais aussi l'épanouissement qui peut découler d'un engagement au service des autres.

     

    A Berlin l'infirmière Carla von Ulrich s'engage dans la résistance au nazisme : dénonciation des crimes des nazis, aide à une famille juive et espionnage au profit de l'URSS.

     

     

     

    On suit aussi les combats en URSS avec l'attaque allemande sur Moscou et dans le Pacifique entre les Américains et les Japonais. Encore une fois tout cela est raconté de façon très vivante, j'apprends des choses, cela se lit facilement et difficile de s'arrêter une fois commencé. Le tome 3 vient juste de sortir donc il faudra que j'attende un peu avant de l'avoir en édition de poche.

     


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    Emmanuel Carrère, Le Royaume, POL Il y a une vingtaine d'années Emmanuel Carrère a traversé une crise de foi de trois ans. Pendant trois ans il a été un catholique pratiquant, il est allé à la messe tous les jours, il lisait quotidiennement l'évangile de Jean et en rédigeait ses commentaires sur un cahier. Il a ainsi rempli 18 cahiers. Tout ça lui est passé, pas l'intérêt pour la religion chrétienne et les premiers chrétiens. Le Royaume raconte l'histoire de ces premiers chrétiens en s'attachant plus particulièrement aux personnages de Paul de Tarse et de l'évangéliste Luc.

     

     

     

      Paul c'est celui qui a fait connaître aux gentils, aux non-Juifs le message du Christ. Luc c'est justement un de ces gentils, un médecin de Macédoine hellénisé, converti à la nouvelle foi chrétienne par la prédication de Paul. Les pérégrinations de Paul à travers l'Asie mineure sont racontées de façon imagée. Ainsi les non-Juifs attirés par le judaïsme ou la doctrine chrétienne sont comparés aux occidentaux qui aujourd'hui s'intéressent au yoga et partant aux spiritualités asiatiques, les conflits entre premiers chrétiens aux relations entre factions communistes à l'époque de Staline. Le résultats est vivant et facile d'accès, j'apprends plein de choses en m'amusant, l'importance du rôle de Paul dans la diffusion du christianisme est clairement montré.

     

     

     

    Les sources de Carrère sont les épîtres de Paul, les actes des apôtres, les évangiles et divers historiens ou exégètes de la Bible. Il semble s'être bien documenté. Il s'attache aux contenus mais aussi aux styles littéraires.

     

    A propos de Jean : "On lui attribuera bientôt le quatrième Evangile et l'Apocalypse, mais penser que le même homme a écrit le quatrième Evangile et l'Apocalypse reviendrait, si toutes les références concernant la littérature française du XX° siècle étaient perdues, à penser que le même homme a écrit A la recherche du temps perdu et Voyage au bout de la nuit."

     

    Néanmoins pour certains passages de son récit il manque de sources (il n'y en a pas). Qu'à cela ne tienne, il imagine. Dans ces cas là il le signale quoique parfois de façon discrète.

     

     

     

    Enfin, comme ce livre a été écrit par Emmanuel Carrère on y croise aussi -obligatoirement, j'ai envie de dire- un troisième personnage important : c'est Carrère lui-même. Il développe les circonstances et les péripéties de sa crise de foi. Comment sa grande crainte à l'époque était qu'un jour il puisse ne plus être croyant et que ça ne lui fasse rien. Pire, qu'il puisse alors considérer que c'était quand il était croyant qu'il n'était pas dans son état normal, de même que si avant on lui avait dit qu'un jour il serait croyant il n'aurait pas voulu le croire.

     

    "Tout se passe comme si j'avais attrapé une maladie -alors que, vraiment, je n'appartenais pas à un groupe à risques-, et que son premier symptôme est que je la prenne pour une guérison."

     

     

    Il revient sur la longue période de dépression qu'il a traversée au moment où il rédigeait L'adversaire :

     

    "Même les plus assurés d'entre nous, je pense, éprouvent avec angoisse le décalage entre l'image qu'ils s'efforcent tant bien que mal de donner à autrui et celle qu'ils ont d'eux-mêmes dans l'insomnie, la dépression, quant tout vacille et qu'ils se tiennent la tête entre les mains, assis sur la cuvette des chiottes. Il y a à l'intérieur de chacun de nous une fenêtre qui donne sur l'enfer, nous faisons ce que nous pouvons pour ne pas nous en approcher, et moi j'ai de mon propre chef passé sept ans de ma vie devant cette fenêtre, médusé."

     

    Il dit qu'il va bien aujourd'hui et j'en suis contente pour lui car depuis que je le lis j'ai l'impression de le connaître un peu.

     

    C'est donc un ouvrage que j'ai lu avec beaucoup de plaisir.

     

    L'avis de Keisha.

     


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    L'hiver 1784 est particulièrement rude. Paris est sous la neige, la Seine gelée et le peuple souffre de diverses pénuries. Fin février le dégel s'amorce. C'est alors qu'on découvre le cadavre d'une femme enfoui dans une pyramide de glace érigée en l'honneur du roi Louis 16. Or cette femme ressemble à s'y méprendre à la reine.

     

    Nicolas le Floch, commissaire au Châtelet, mène l'enquête. Les diverses ramifications de cette affaire délicate semblent toutes le mener vers le duc de Chartres, cousin du roi complotant contre ce dernier -c'est le futur Philippe Egalité.

     

     

    Je n'ai pas apprécié comme les précédentes cette douzième enquête du commissaire le Floch. J'ai le sentiment que l'auteur se répète et tire à la ligne. Les questions que se pose Nicolas sur sa relation avec Aimée d'Arranet ou les soubresauts de son amitié avec son adjoint Bourdeau, les repas chez M. de Noblecourt, les renvois nombreux à des épisodes précédents de la série, tout cela m'apparaît comme procédés alors que jusqu'à présent cela ne me gênait pas. J'en viens à bout sans trop de souffrance non plus parce qu'avec le temps je me suis attachée aux personnages mais je suis un peu déçue et j'ai envie de dire à Jean-François Parot :"Avançons, avançons !"

     

    Je tombe sur une critique du Papou de L'enquête russe où il dit ressentir la même lassitude. Il a juste été plus prompt à la détente que moi.


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    La chute des géants est le premier épisode d'une trilogie intitulée Le siècle et qui, comme son nom l'indique, couvre toute l'histoire du 20° siècle. Le premier tome va de 1911 à 1924. Il traite principalement de la première guerre mondiale et des révolutions russes. On suit les événements à travers une galerie de personnages de différentes nationalités et de différentes origines sociales ce qui permet à l'auteur d'aborder de façon vivante de nombreux thèmes.

     

     

    En Grande-Bretagne, Billie et Ethel Williams sont les enfants d'un mineur devenu responsable syndical. De leur père ils ont hérité l'envie de se battre contre les injustices sociales. Ethel est aussi engagée dans la lutte pour le droit de vote pour les femmes.

    Le comte Fitzherbert et sa soeur Maud sont les représentants de la haute société. Lui est très attaché aux traditions qui l'ont placé au dessus du petit peuple et mène dans sa propriété un train de vie tout à fait semblable à ce que j'ai vu dans la série Downton Abbey.

     

    En Allemagne, Walter von Ulrich est un jeune diplomate qui tente de préserver la paix.

    En Amérique, Gus Dewar travaille auprès du président Wilson. Lui aussi est un partisan de la paix. En 1916 il tente de négocier un cessez-le-feu mais la guerre a coûté tellement cher que les adversaires ne peuvent plus envisager de ne pas la mener jusqu'à la victoire.

     

    En Russie, les frères Grigori et Lev Pechkov ont vu tout jeunes leur père pendu par le seigneur local pour avoir fait pâturer ses bêtes sur un terrain en friche. Pour améliorer son sort dans un régime corrompu où les puissants ont tous les droits que choisir, l'émigration ou la révolution ?

     

    Il n'y a pas de héros français alors qu'une partie du roman est consacrée aux combats sur le front français. On se bat donc entre Britanniques et Allemands, dans la Somme. La bataille de Verdun, les mutineries de 1917 sont évoquées en arrière plan.

     

     

    Encore un pavé de 1000 pages mais qui se lit facilement grâce aux personnages qui sont généralement sympathiques, à leurs aventures croisées et à leurs histoires d'amour. J'apprends des choses sur l'entrée en guerre des Etats-Unis, sur les tentatives de négocier la paix avant 1918, sur les révolutions russes. J'apprécie mais je ne retrouve pas cependant le souffle qui habitait Les piliers de la terre. Je dirai que c'est gentil. Je lirai certainement la suite.


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    Patrick Deville, Viva, SeuilPatrick Deville déambule au Mexique sur les traces de Trotsky et de Malcolm Lowry, auteur d'Au-dessous du volcan et qui y vécurent tous les deux dans les années 30. Leur point commun à part le lieu et l'époque ?

     

    "Chez ces deux-là, c'est approcher le mystère de la vie des saints, chercher ce qui les pousse vers les éternels combats perdus d'avance, l'absolu de la Révolution ou l'absolu de la Littérature, où jamais ils ne trouveront la paix, l'apaisement du labeur accompli. C'est ce vide qu'on sent et que l'homme, en son insupportable finitude, n'est pas ce qu'il devrait être, l'insatisfaction, le refus de la condition qui nous échoit, l'immense orgueil aussi d'aller voler une étincelle à leur tour, même s'ils savent bien qu'ils finiront dans les chaînes scellées à la roche et continuerons aussi à nous montrer, éternellement, qu'ils ont tenté l'impossible et que l'impossible peut être tenté. Ce qu'ils nous crient et que nous feignons souvent de ne pas entendre : c'est qu'à l'impossible chacun de nous est tenu."

    (Ca place la barre haut...)

     

     

    Au cours de ses pérégrinations l'auteur évoque les nombreux révolutionnaires, poètes et écrivains qui trouvèrent refuge au Mexique au 20° siècle. Les figures locales aussi. Auprès de Trotsky il y a bien sur Frida Kahlo et Diego Rivera. Vingt ans plus tôt Fabian Lloyd alias Arthur Cravan, poète et boxeur. Beaucoup de gens dont je connaissais à peine les noms ou même dont je n'avais jamais entendu parler.

     

     

    C'est un ouvrage cultivé pour lecteur cultivé et j'ai bien conscience que pour une bonne part il m'est passé largement au-dessus. Cependant j'aime beaucoup la façon d'écrire de Patrick Deville où je trouve des accents poétiques, son art d'organiser les coïncidences et les rencontres improbables, son don pour raconter des histoires. J'avoue que j'ai toujours eu un faible pour les intellectuels. Si en plus ce sont des aventuriers, alors...

     

     

    Je découvre comment Staline a poursuivi Trotsky et sa famille de sa haine à travers la planète. Quelle crapule ! Ca me donne envie d'en savoir plus sur Trotsky. Je me dis que je vais lire L'homme qui aimait les chiens de Leonardo Padura.


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