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    Petros Markaris, Pain, éducation, liberté, Points"- Tout cet argent qu'on a reçu pendant des années, ces subventions d'un peu partout, cela n'a pas servi à construire du neuf, à investir, à s'équiper, non. On a ajouté des étages à nos maisons. La seule différence avec les années cinquante, c'est l'euro.

     - Oui, dis-je, mais nos grands-pères et nos pères savaient que les maisons supportent un seul étage en plus. Alors que nous nous sommes payés trois voitures par famille, des maisons de campagne, des piscines, des canots pneumatiques. Les fondations n'ont pas tenu et la maison s'est effondrée."

     

    Ce roman policier est un roman d'anticipation. Il a été écrit en 2012 et l'action se déroule en 2014. La Grèce sort de l'euro pour retourner à la drachme, on annonce que les paiements des salaires des fonctionnaires sont suspendus pour trois mois et les manifestations anti-troïka secouent le centre d'Athènes. C'est dans ce cadre que des anciens du siège de l'Ecole polytechnique sont successivement assassinés.

      

    En 1973, pendant la dictature des Colonels, des étudiants ont pris d'assaut l'Ecole polytechnique, réclamant "Pain, éducation, liberté". Après la chute de la dictature la génération de Polytechnique s'est retrouvée aux commandes et a souvent oublié ses idéaux de jeunesse. Qui le leur reproche à ce point 40 ans plus tard ?

     

      J'avais déjà lu précédemment une autre enquête du commissaire Kostas Charitos. A l'époque il affrontait les embouteillages d'Athènes, amplifiés par la préparation des Jeux Olympiques. Les installations n'étaient pas terminées et la corruption régnait. A présent notre héros laisse sa voiture au garage du fait de la crise, les installations olympiques tombent petit à petit en ruine et la corruption est toujours présente. Pourtant il y a aussi une solidarité qui émerge. Solidarité familiale, solidarité avec les sans-logis, avec les immigrés qui affluent en ville.

    J'ai apprécié cette lecture. L'avis de Jean-Marc.

     

     

     

     

     


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    Arturo Pérez-Reverte, Les bûchers de Bocanegra, Points"Les bûchers brûlèrent toute la nuit. La foule resta très tard à la porte d'Alcala, même lorsque les condamnés ne furent plus que des os calcinés au milieu des flammèches et des cendres. Des bûchers rougeoyants montaient des colonnes de fumée rouge et grise qu'un coup de vent faisait parfois tournoyer, apportant jusqu'à la foule une odeur épaisse et âcre de bois et de chairs brûlés."

     

    Madrid, 1623. Le jeune Inigo Balboa, 13 ans, page du capitaine Alatriste et narrateur de ses aventures, est tombé entre les mains de l'inquisition espagnole dirigée par le fanatique père Bocanegra.

     

    "Plus tard, avec le temps, j'ai appris que si tous les hommes sont capables de faire le bien et le mal, les pires sont toujours ceux qui, quand ils font le mal, s'abritent sous l'autorité des autres et prétextent qu'ils ne font qu'exécuter des ordres. Et si ceux qui disent agir au nom d'une autorité, d'une hiérarchie ou d'une patrie sont terribles, bien pires encore sont ceux qui justifient leurs actes en invoquant un dieu."

    Pour sortir son protégé de cette situation périlleuse Diego Alatriste va devoir faire intervenir des soutiens haut placés.

     

    Je retrouve avec plaisir les aventures du capitaine Alatriste. Rythme de lecture tranquille qui me convient tout à fait en une période assez chargée par ailleurs de stress, pour des raisons familiales et professionnelles. Les livres, ça doit aider à vivre, non ? En tout cas c'est à ça qu'ils m'ont servi depuis que j'ai appris à lire. Et au détour d'une page de celui-ci, je trouve un message que je n'attendais pas mais qui tombe pile au bon moment : "(...) il est des choses qu'il faut dire quand il se doit, même si on le regrette ensuite amèrement, faute de quoi on risque de se repentir toute la vie de ne pas les avoir dites".

    Un conseil dont je devrais me souvenir de le suivre plus souvent.


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  •  Hanan El-Cheikh, Toute une histoire, BabelKamleh, la mère de l'auteur, n'est jamais allée à l'école. Après la mort de sa soeur elle a été mariée à 14 ans à son beau-frère. Cette enfant espiègle, vive et intelligente est amoureuse du beau Mohamed, un jeune intellectuel. Malgré son mariage et bientôt ses enfants elle le fréquente en secret et va finalement divorcer pour l'épouser.

     

    Hanan El-Cheikh est une fille du premier mariage de sa mère. Avec le divorce cette dernière n'a pas obtenu la garde de ses enfants et Hanan s'est sentie abandonnée, elle a eu l'impression que sa mère ne s'était pas trop battue pour cela. Plusieurs fois Kamleh a demandé à Hanan d'écrire son histoire, plusieurs fois Hanan a refusé. Quand elle accepte enfin c'est l'occasion pour elle de faire mieux connaissance avec sa mère et de la comprendre.

     

    J'ai beaucoup aimé ce récit qui se déroule dans le Liban, et surtout Beyrout, des années 40 à 60. Kamleh est une jeune fille enjouée malgré les épreuves qu'elle traverse et qui saisit tous les espaces de liberté qui se présentent à elle. C'est une grande amatrice de cinéma égyptien. Elle compare sa vie à celle des héroïnes de ses films préférés, elle chante les chansons à la mode et compose des poèmes pour son bien-aimé. L'auteure a trouvé un style qui donne l'impression que c'est bien la narratrice elle-même qui nous parle.

     


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    Nous sommes à Madrid aux alentours de l'an 1620. Vétéran des guerres de Flandre, le capitaine Alatriste s'est retiré du combat pour soigner une blessure. Il survit en louant son épée à ceux qui souhaitent intimider ou se débarrasser d'un rival ou d'un adversaire. Mais Diego Alatriste n'est pas prêt à faire n'importe quoi pour de l'argent. Il a son sens de l'honneur et va se retrouver opposé à de puissants personnages qui supportent mal qu'on ne leur obéisse pas sans discuter.

     

    Arte a diffusé cet été une série (El capitan) inspirée de la suite de romans (il y en a 7) d'Arturo Perez-Reverte. Je l'ai trouvée plaisante à regarder et ça a donc été l'occasion d'aller voir du côté de l'original. Le feuilleton télé a rendu tout plus romanesque et trépidant. Dans le roman, il ne se passe pas grand chose en comparaison. L'auteur a plutôt installé une ambiance et brossé un tableau très critique du siècle d'or. Le narrateur est Inigo Balboa, jeune page du capitaine.

     

    "Si, dans ce demi siècle ou presque que dura le règne de notre bon et inutile monarque Philippe IV, mal nommé le Grand, les gestes de chevalerie et d'hospitalité, la messe aux jours de repos et les promenades avec l'épée bien roide et le ventre bien creux avaient pu remplir les caisses ou permis de nourrir nos armées en Flandre, moi, le capitaine Alatriste, les Espagnols en général et la pauvre Espagne tout entière nous aurions tous connu un autre sort. On a adonné le nom de Siècle d'or à cette époque infâme. Mais le fait est que nous qui l'avons vécue et en avons souffert, d'or n'avons vu miette, et d'argent, à peine. Sacrifices stériles, glorieuses déroutes, corruption éhontée, gueuserie et misère, oui nous en eûmes tout notre soûl. Mais aujourd'hui on regarde un tableau de Diego Velasquez, on entend quelques vers de Lope de Vega ou de Calderon, on lit un sonnet de Don Francisco de Quevedo, et on se dit que tous ces sacrifices valurent peut-être la peine."

    "(...)mon père fut tué d'un coup d'arquebuse sur un rempart de Jülich -ce qui explique pourquoi Diego Velasquez ne put le représenter plus tard sur son tableau de la prise de Breda, alors qu'on y voit Alatriste derrière le cheval (...)"

     

    Et justement le récit est illustré de descriptions de tableaux de Velasquez et d'extraits de poèmes. Tout cela contribue à la réussite d'un roman par ailleurs fort bien écrit.

     

    "Philippe IV, aussi sage qu'élégant cavalier et bon tireur, adorait la chasse et les chevaux -un jour, il en perdit un sous lui alors qu'il tuait de sa propre main son troisième sanglier de la journée-, et c'est ainsi que l'immortalisa Diego Velasquez sur ses toiles (...)"

     


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    Marek Halter, Khadija, Robert LaffontLes femmes de l'islam 1

     

    Khadija était la première femme de Muhammad, prophète de l'islam. Riche veuve, de dix ans son aînée, cette femme forte choisit d'épouser ce "fils de rien" pour ne pas tomber sous la coupe d'une famille puissante de Mekka (la Mecque). Le roman, qui va du mariage à la mort de Khadija, montre bien le cadre dans lequel est né l'islam, comment on a pu passer du polythéisme au monothéisme. Un caravanier comme Muhammad qui parcourait le désert d'Arabie était en contact avec de nombreuses obédiences religieuses, sectes juives et chrétiennes autant que polythéistes. Marek Halter fait comprendre les circonstances qui ont accompagné et permis la révélation. Ca a été pour moi l'intérêt majeur de cet ouvrage que j'ai lu facilement mais non sans un ennui persistant, hélas. Ceci est du au style que j'ai trouvé plat. On est dans un registre de langue de base, typique du best-seller. Voilà pourquoi ils me déçoivent généralement, même si ils peuvent avoir des qualités par ailleurs.

     

    L'avis d'Aaliz.


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    Zygmunt Miloszewsi, Un fond de vérité, MiroboleEntre sa précédente aventure et la présente le procureur Teodore Szacki à divorcé et obtenu sa mutation en province à Sandomierz. Il s'imaginait que ce changement lui permettrait de "séduire des filles dans les discothèques, courir le long du fleuve chaque matin, se délecter de l'air frais, vivre des aventures et des moments de ravissement et, pour finir, rencontrer le véritable amour de sa vie et vieillir à ses côtés dans une maison recouverte de vigne (...)". Six mois plus tard il est bien obligé de reconnaître qu'il s'est trompé et il est en fait complètement déprimé. A un point que je me demande d'ailleurs si son suicide social n'est pas en fait plutôt une conséquence qu'une cause de sa dépression.

     

    Heureusement pour Szacki, les circonstances vont lui présenter un travail apte à lui redonner goût à la vie : un crime. Et un crime horrible en plus. La victime a été égorgée et vidée de son sang. A côté du cadavre est déposé un couteau sacrificiel juif qui rappelle la vieille légende du sang dont Sandomierz est un épicentre : les Juifs sacrifieraient des enfants chrétiens et utiliseraient leur sang pour confectionner le pain azyme. On subodore une provocation antisémite et le mari de la victime est le premier suspect mais quand il est lui-même assassiné, l'affaire se complique.

     

    Une affaire bien compliquée, peut-être un peu trop pour être tout à fait crédible, mais qui a le mérite d'interroger le vieux fond antisémite de la Pologne. Le héros, et son auteur derrière lui, sont très clairs là-dessus : il est urgent de passer à d'autres relations. Par contre ce que je déplore c'est tout un tas d'autres préjugés, filés bien régulièrement et sans beaucoup de recul. Teodore Szacki est un misogyne -ce que j'avais déjà aperçu dans le premier roman. Ses collègues de travail, habillées de façon sévère, sont des femmes "frigides". Elles sont procureures. Il voudrait quoi ? Qu'elles viennent au bureau avec un nez rouge ?

    Quelques stéréotypes concernant les homosexuels, que l'on pourrait reconnaître à leur "garde-robe soignée", à la décoration de leur maison, "élégante sans être tape-à-l'oeil" et à leur démarche exagérée m'agacent aussi et je suis choquée par l'idée selon laquelle les Algériens de France "brûl[ent] des voitures, s'organis[ent] en mafias et viv[ent] du trafic des stupéfiants".

    Des idées qui me déplaisent et pourtant le personnage a aussi des côtés sympathiques et j'en arrive à le trouver attachant malgré tout. Finalement c'est le talent de l'auteur d'avoir réussi à créer un héros dont les contradictions font l'épaisseur. Comme une vraie personne, quoi.

     

    Zygmunt Miloszewsi, Un fond de vérité, Mirobole

    "Sandomierz, c'est la capitale mondiale du meurtre rituel. C'est la ville où les enlèvements d'enfants et les pogroms qui en résultaient étaient aussi cycliques que les saisons d'une année. C'est la ville où l'Eglise encourageait cette bestialité, l'avait presque érigée en institution. Dans notre cathédrale, on voit encore aujourd'hui un tableau représentant le meurtre d'enfants catholiques par des Juifs".

     

    Les avis de Jean-Marc et Dominique.


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    Leonardo Padura, Les brumes du passé, MétailliéLa Havane, 2003. Ancien policier, Mario Conde est devenu revendeur de livre anciens. Quand il entre, sur un pressentiment, dans une grande demeure délabrée pour demander à ses habitants s'ils n'ont pas des livres à vendre, il ne s'attend pas à ce qu'il va découvrir : une bibliothèque intouchée depuis 40 ans, pleine de trésors de l'édition cubaine. La découverte dans un de ces ouvrages d'une coupure de presse datant de 1960 et annonçant les adieux à la scène de la chanteuse de boléros Violeta del Rio bouleverse le Conde. Sans qu'il comprenne vraiment pourquoi il lui faut savoir qui était Violeta del Rio, pourquoi elle a pris sa retraite à 25 ans, au faîte de sa gloire et ce qu'elle est devenue.

     

    Pour le découvrir, Conde va être amené à enquêter dans les bas-fonds de la capitale dont les habitants survivent de tous les trafics : "A travers quelques fenêtres ouvertes sur la rue, de petits étalages annonçaient des pizzas aux fromages apocryphes, des gâteaux de farine volée dans quelque boulangerie, du café mélangé à des griffes de chat et des croquettes de mauvaises tripes. A chaque coin de rue, quelques hommes bavardaient comme s'ils étaient les maîtres du temps. Le Conde calcula que dans ces cent mètres de rue, il devait y avoir plus de soixante personnes en train d'inventer une façon quelconque de se débrouiller dans la vie ou de la voir passer de la façon la moins traumatisante possible. La sensation de dégradation qui flottait dans l'air inquiéta l'ex-policier qui ressenti sur sa peau un tremblement trop semblable à la peur : cette atmosphère était définitivement explosive, étrangère à la ville agréable où il avait vécu tant d'années. Trop de gens sans rien à perdre ou à faire. Trop de gens sans rêves ni espoirs. Trop de feu sous la cocotte qui, tôt ou tard, exploserait sous l'effet des pressions accumulées".

     

    Dans ces quartiers sordides Conde rencontre des contemporains de Violeta del Rio qui lui racontent l'époque où la Havane était la ville la plus vivante du monde, où l'on pouvait faire la fête de six heures du soir jusqu'au lever du jour en passant de cabaret en cabaret.

     

    Encore un très bon ouvrage de Leonardo Padura qui décidément semble vouloir se placer pour moi comme auteur découvert avec profit en 2015. Dans ce roman noir le sujet c'est d'abord la Crise qui a suivi la chute de l'URSS à partir de 1990. Alors, ceux qui n'ont pas quitté l'île se sont mis à vendre, pour ne pas mourir de faim, tout ce qui pouvait avoir de la valeur et d'autres se sont réorientés dans le commerce des objets de seconde main. Pour gagner sa vie, cependant, Mario Conde n'est pas prêt à tout. Ainsi il refuse de monnayer certains ouvrages rares dont la place lui paraît être à la bibliothèque nationale et certainement pas entre les mains de collectionneurs étrangers.

    Le personnage est sympathique aussi dans ses relations avec son groupe d'amis qu'il fait aussitôt profiter de sa chance en organisant des repas mémorables. L'enquête sur la disparition de Violeta del Rio qui fait émerger des secrets de famille enfouis depuis des dizaines d'années est la trame de ce roman riche et fort bien écrit.

     

     


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    Zygmunt Miloszewski, Les impliqués, PocketA Varsovie, au cours d'une thérapie de groupe du docteur Rudski, un patient est retrouvé assassiné, une broche à rôtir plantée dans l'oeil. C'est le procureur Teodore Szacki qui est chargé de mener l'enquête. Cela tombe bien car c'est cet aspect de son métier que Szacki préfère. Les inculpations et autres formalités administratives l'ennuient prodigieusement. Notre héros va découvrir que la présente affaire plonge ses racines dans le passé de totalitarisme communiste de la Pologne.

     

     

     

    J'ai bien apprécié ce roman policier dont l'action ne se déroule pas très rapidement (mon rythme de lecture non plus n'est pas très rapide en ce moment) mais est néanmoins prenante. L'action est accompagnée de la description d'itinéraires dans Varsovie qui doivent être un plus pour ceux qui connaissent cette ville.

     

    Chaque chapitre correspond à une journée de l'enquête et est précédé d'un résumé de l'actualité locale, nationale, voire internationale. Ainsi le lundi 6 juin 2005 : "Le père Hejmo, prêtre au Vatican, transmet un communiqué spécial depuis Rome : en des termes particulièrement complexes et hésitants, il nie avoir collaboré avec les services secrets communistes. A Rome toujours, le pape Benoît 16 exprime l'opposition de l'Eglise à l'avortement, au mariage homosexuel et aux manipulations génétiques. Catholique convaincu, candidat à l'élection présidentielle et maire de Varsovie, Lech Kaczynski interdit la Gay Pride et souligne que l'indignation des "milieux gauchisants" est bien évidemment liée aux échéances électorales..."

     

    J'aime bien. Je trouve que cela ancre le roman dans la réalité polonaise.

     

     

     

    Un mot sur le héros pour terminer. Je le trouve moyennement sympathique. Par moments il me plaît car c'est un homme intègre, souvent tenté (et parfois il le fait) de contourner les règles quand elles lui semblent devoir déboucher sur un résultat injuste. Mais par moments il m'agace aussi, notamment quand il s'avise qu'à 35 ans, marié depuis 10 ans et père d'une petite fille, sa vie a pris une tournure routinière. Alors la responsable désignée de cet enlisement est sa femme : "La vie défilait, et lui restait coincé dans le cycle travail-femme-travail-fille-femme-travail." On peut retirer la femme de cette litanie, il ne me semble pas que le résultat soit plus folichon.

     

    On m'a aussi offert le deuxième épisode des aventures de Teodore Szacki, je le lirai prochainement.

     

     

     

    L'avis de Jean-Marc.

     


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    Jonathan Coe, Une touche d'amour, FolioRobin Grant est un étudiant dépressif. Cela fait quatre ans qu'il est inscrit en thèse mais il n'a pas réussi à rédiger la première ligne de son travail, semble-t-il. Par contre il a écrit des courts récits qui mettent presque tous en scène un jeune homme dont le prénom commence par R qui a une relation bien compliquée avec une jeune femme dont le prénom commence par K. Robin entretient une relation tout aussi compliquée avec Aparna, attire les déprimés comme lui et traîne son mal être dans les rues de Coventry. Mais le plus dur est à venir.

     

    Un roman franchement pas gai mais qui sera vite oublié, allez. Lu sur les conseils de Maggie qui en dit grand bien mais pour moi c'est raté. Coe ne m'a pas fait rire cette fois.


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  • Siddhartha Mukherjee, L'empereur de toutes les maladies, Flammarion Une biographie du cancer

     

     

    Siddhartha Mukherjee est un cancérologue américain. Il présente ici l'histoire de la lutte contre le cancer depuis les origines jusqu'à nos jours. Les origines c'est la description d'une tumeur au sein par un médecin égyptien en 2500 av JC. "Thérapie : il n'y en a aucune". Le cancer du sein est un des premiers à avoir été traité. Aux 18° et 19° siècles on pratique des ablations sans anesthésie ni asepsie. Au début du 20° siècle, constatant des récidives malgré l'ablation, des chirurgiens se dirigent vers la mastectomie radicale. Il s'agit d'enlever le maximum pour purifier le corps de la maladie : non seulement le sein mais aussi des côtes et parfois même la clavicule. Des femmes sont horriblement mutilées. C'est à ce moment de ma lecture où je commence à me demander si ces mutilations n'auraient pas à voir avec le fait que les chirurgiens sont des hommes et les patients des patientes que les Américaines (cette technique a surtout été utilisée aux Etats-Unis) se sont fait la même remarque. On est en 1968 et l'émergence du mouvement féministe pousse des femmes à refuser de se faire charcuter. Cela entraîne une réflexion dans le milieu médical et l'abandon de cette pratique dont il est démontré qu'elle n'empêchait pas les récidives. C'est parce que je suis femme et féministe que cet aspect m'a particulièrement intéressé.

     

    D'autres informations intéressantes : la découverte de la chimiothérapie à partir des effets du gaz moutarde sur les soldats et les civils pendant les première et deuxième guerres mondiales.

    La découverte du lien entre tabagisme et cancer du poumon et la réaction des industriels du tabac. Depuis les années 1960, aux Etats-Unis, les paquets de cigarettes et les publicités pour le tabac portent la mention : "Attention, fumer la cigarette est dangereux pour la santé".

    La découverte du frottis gynécologique (pap en anglais) par le dr Papanicolaou qui lui donne son nom. Il avait pris sa femme comme sujet d'étude, il lui faisait un frottis par jour. Voilà une épouse dévouée à la science.

    Enfin à la fin du 20° siècle et au début du 21° la découverte des causes de la maladie : des mutations des gènes qui entraînent le développement anarchique des cellules, et en suivant la mise au point de thérapies ciblées qui s'attaquent aux effets de ces gènes mutants.

     

    C'est un ouvrage plutôt intéressant mais parfois un peu technique et pas toujours facile à lire. Le bon dr Mukherjee me fait l'effet d'un médecin proche de ses patients et soucieux de leur bien-être. Je souhaite à tous les malades du cancer d'en rencontrer de cet acabit.

    Une dernière chose pour terminer : ce livre est mal traduit. La traduction est signée d'un chroniqueur scientifique donc j'imagine que de ce point de vue on ne peut pas lui faire de reproche mais une meilleure maîtrise du français n'aurait pas fait de mal. Je relève deux exemples qui m'ont particulièrement choquée. Cette "traduction" d'une publicité pour des cigarettes : "Le goût adapté à l'homme d'un tabac honnête vous envahit. Un filtre doux à tirer se sent bien dans votre bouche. Passe bien sans s'imposer". Qu'est-ce que cela veut dire ? Le morceau de texte original est passé par Google translate ou quoi ? Je ne vois pas d'autre explication.

    Et cette expression : "volant Pierre pour payer Paul" (en anglais "robbing Peter to pay Paul") mais en français on dit "déshabillant Pierre pour habiller Paul", il me semble.


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